Edito
Pareil à Sony qui dévoile son dernier écran plat, ou à la lutte que se mènent Bouygues et Orange pour sortir vainqueur d’une concurrence monopolistique acharnée, la Série est une véritable industrie. Avec ses règles, ses conditions, ses enjeux.
Dites adieu à Stars Hollow, petit village innocent du Connecticut ou à l’attitude nonchalante d’une adolescente prénommée Angela. Désormais, la série s’appelle Dollhouse, Gossip Girl, et Fringe. Trois produits bien emballés, plastifiés, étiquetés, packagés. Des promos impeccables, du teasing plein la vue, des bankables du petit écran (c.f édito prochain) et des thèmes qui ratissent large : les networks se pourlèchent les babines de ces recettes commerciales scientifiquement pensées.
Etude, fabrication, commercialisation, gestion : la série de son état obéit à un processus rationnel. Dociles, en rang, les unes derrière les autres, les série-produits, très conciliantes, visent chacune un public spécifique. Depuis l’ado juvénile à la gent masculine endimanchée, depuis les célibattantes jusqu’aux ménagères ô combien convoitées. Un mode d’emploi bienveillant : « chacun sa série », qui fait ses preuves chaque jour que Dieu (des séries) fasse.
Sortant du moule préfabriqué de studios tout-puissants, les séries se font à la chaîne. Prêtes à l’emploi, elles défilent alors une à une sur le tapis d’un gigantesque marché, inconstant, capricieux, en perpétuelle grogne, pour être consommée, dévorée, jetée aux oubliettes la saison venue.
Mais il demeure une question.
Votre série-kleenex, vous la voulez sur place ou à emporter ?
Bonne semaine.
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Dimanche 29.03
United States of Tara (1.09 Possibility) Après quelques semaines de pause involontaires, Tara a fait son grand retour sur Blabla-Séries. Et c’est avec plus de plaisir que l’on a suivi cet épisode simple, dépaysant et bien écrit.
Tara décide de faire un road trip avec sa fille, toutes deux se montrent légères et pubères et s’inventent une nouvelle vie. Si le recours de la grande complicité mère-fille à la Gilmore Girls n’est pas très original, celle-ci a su en revanche nous rapprocher des deux filles de la famille, entre conventions (la mère qui voit d’un mauvais œil les flirts de sa fille) et loufoquerie (l’arrivée impromptue de la délurée T dans le jacuzzi).
Tara est désormais devenue plus qu’un family show un peu excentrique regardé d’un œil distrait, une vraie valeur sûre.
(8/10)
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Lundi 30.03
The Big Bang Theory (2.19 The Dead Hooker Juxtaposition) Une fois de plus, un épisode qui fait la part belle à Penny, menacée par l’arrivée d’une autre pin-up opportuniste. Une histoire simple, mais bien menée, qui exploite bien laPenny et qui ne tombe jamais dans la facilité scénaristique.
The Big Bang Theory est une sitcom fort bien construite, qui n’oublie jamais ses personnages. Voilà pourquoi Sheldon reste dans cet épisode, l’excellence incarnée (en réservant à Penny quelques joutes verbales bougrement jubilatoires). Voilà pourquoi aussi notre trio de geeks sidekicks est toujours aussi affriolant. La recette du succès comique, c’est The Big Bang Theory.
(9/10)
How I Met Your Mother (4.19 Murtaugh) Tout débute à cause d’un pari foireux entre Barney et Ted. Ce dernier somme au charmeur de la bande de faire toute une série de choses jugées juvéniles (se percer l’oreille, etc) pour prouver sa coolitude. Une histoire plaisante, dans l’esprit d’HIMYM, ça faisait longtemps.
Marshall et Lily partagent, quant à eux, une historiette d’école, plutôt inspirée. Lily en sœur sourire guitareuse et le bossy Marshall (malgré son air toujours aussi pataud agaçant), réussissent à nous faire rire, ça faisait longtemps (bis). En outre, Robin, déguisée en catin disco des eighties, est adorable et Barney s’avère méconnaissable. Même Ted en habits de cinquantenaires endimanchés se révèle convaincant. Comme cet épisode.
(8/10)
Heroes (3.21 Into Asylum) A défaut de soigner son entrée, Heroes peaufine son final. Avec trois storylines parfaitement mesurées, tour à tour amusante et prenante. Claire se retrouve au Mexique avec son père, l’histoire est isolée mais l’ambiance est fort bien mise en scène, le duo fonctionne et permet de nouer une nouvelle relation entre deux personnages évolués du show, curieusement attachants.
Peter sauve sa mère et se réfugient dans une église. L’heure est aux explications et à l’exception d’un parler divin un peu caricatural typique du personnage de Peter, l’histoire a également été satisfaisante, l’enjeu de celle-ci étant de réunir les Petrelli ensemble.
Contre toute attente, Zeljko (un jour, j’apprendrai le nom de son personnage, je le jure) s’allie à Sylar pour sa mission anti-héros. Là encore, l’intrigue se révèle surprenament intéressante, avec deux acteurs charismatiques et au profil complexe. Un épisode, en résumé, rythmé, bien mené, ponctué de chansons à l’effet adhésif.
(8.5/10)
Gossip Girl (2.20 Remains of J) Jenny a seize ans, le prétexte parfait pour faire dans l’évènementiel et créer la sweet sixteen party du siècle. Sauf que Jenny est devenue chiante à mourir et qu’au lieu de vouloir picoler sur du Pat Benatar, la pré-pubère désire jouer à Docteur Maboul avec sa gentille famille.
Mais Serena ne l’entend pas de cette oreille, celle qui est devenue trop rapidement sage et complaisante dans la série, se rebelle et décide de montrer qui est la reine Van der Woodsen. Il ne reste plus qu’à espérer qu’elle continue sur sa lancée, en étant la plus borderline possible.
Blair retrouve Nate, Chuck et Vanessa, les dommages collatéraux se retrouvent, les couples se font et se défont dans l’Upper East Side. (Re)voir Blair et Nate, Chuck et Vanessa batifoler ensemble n’est pas trop désagréable (du moins pas plus que Serena et Dan) et sont l’occasion de répliques bitchy de haut vol de la part de Blair la sacrée.
Un épisode, qui sans être original, réussit à nous convaincre grâce à sa simplicité, son rythme et un suivi voix-off, pour une fois, pas trop con.
(8/10)
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Mercredi 01.04
Better Off Ted (1.02 Heroes) Bien plus structuré que le pilot, cet Heroes est aussi bien plus hilarant et loufoque que son homologue nbcien.
Faisant la part belle aux scientifiques et à Portia de Rossi dans la peau d’une patronne encore plus cynique et égoïste, l’épisode réussit à rendre plus accessible le monde de Veridian Dynamics tout en insistant sur les relations plus terre à terre et amusantes des employés de la firme, qui sans être originales, présentent un véritable intérêt pour le spectateur perdu dans une entreprise quasi-clinique.
Seul bémol, l’histoire (fil-rouge de l’épisode) de la cleptomane Linda qui pique les « creamers » pour rester calme et saine. L’histoire n’est pas loufoque, juste stupide.
(7.5/10)
Lost (5.11 Whatever Happened Happened) Un épisode de Lost sur Kate pour comprendre sa décision de retourner sur l’île ; le personnage a toujours fait polémique mais les détracteurs de la jolie brunette aux « freckles » devront ici se rendre à l’évidence : son histoire a été dirigée d’une main de maître.
Avec un parallèle sur l’enfant-Ben blessé (autre histoire suivie plutôt attrayante), l’épisode conclut/introduit l’histoire de Kate et d’Aaron, le fils de Claire. Des flashbacks intéressants et explicatifs qui laissent présager la quête d’une Kate rongée par les remords terriblement émouvante : retrouver la mère biologique de son fils perdue sur l’île qui bouge, Claire.
En bonus, l’épisode nous permit de voir que Kate roule en Prius, comme Christine et Nancy : son capital sympathie pour les pro-freckles n’est donc pas entamé.
(9/10)
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Jeudi 02.04
The Office (5.19 Two Weeks) Le cliffhanger avait fait froid dans le dos de toute une communauté de pro-Michael Scott, espérant alors une simple blague de mauvais goût de la part des auteurs de The Office. Mais l’épisode Two Weeks nous le confirme : Michael a bien démissionné de Dunder Mifflin.
Cet épisode de The Office jonglait entre humour satirique et émotion rare. Se jouant d’un Michael déboussolé, pathétique, qui en vient à supplier les employés de Dunder Mifflin de le rejoindre, l’épisode a fait fort dans le niveau de pathos et de cruauté.
Mais c’est à la fin que l’épisode a pris tout son envol : voir l’adorable Pam partir avec Michael a signé l’une des plus belles émotions de la série, nous faisant oublier l’acharnement parfois excessif de la série envers ses personnages-boucs émissaires. Et nous rappelle, une fois de plus, que la palette de jeu de Steve Carrell est décidément de premier choix.
La suite est triplement attendue.
(8.5/10)
In the Motherhood (1.01 It Takes a Village Idoit) Trois femmes, trios mères, Jame, Emily et Rosemary. En retour surprise, la cultissime Megan Mullaly. Cheryl Hines et Jessica St Clair, convaincante dans Worst Week et le recent United States of Tara.
Adapté d’une web-série original (trois actrices jouant de vraies histoires de mères qu’elles-mêmes envoyaient), In The Motherhood est une promesse à demi-teinte, gâchée par la démarche pachidermique d’un network niaiseux : ABC. Des recours scénaristiques faciles, des personnages sympas mais sans réel fond, une bande-son à la Mika, pour son nouveau projet, ABC l’a joué lazy, avant de tuer dans l’œuf ladite série, en la réduisant à sept petits épisodes sans intérêt.
Pour le reste, un pilot attrayant, qui ne manque pas de dynamisme mais seulement d’ambition. On suivra cependant, pour Megan, Cheryl et Jessica, toutes trois très sympa et fun.
(6/10)
30 Rock (3.16 Apollo Apollo) Tracy se dégote une nouvelle lubie : partir dans l’espace. Si la storyline est anecdotique (l’équipe de Liz invente un décor spatial pour satisfaire les caprices de la star), elle permet en revanche d’amener celle de Jack, qui entre quelques vomis, cherche désespérément les bienfaiteurs de son enfance, on marche.
Mais la storyline la plus aboutie demeure celle entre Liz, Jenna et Denny, un trio sympa. On regrette cependant une fin simpliste et bâclée mais le format sitcom condamne la série à des histoires expédiées. En bonus dans l’épisode, une vidéo hilarante d’une Liz qui s’improvise animatrice coquine (celui qui me la retrouve sur le net obtiendra ma dévotion éternelle). Dans l’esprit phare de 30 Rock : déjanté et ingénieux.
(8/10)
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Vendredi 03.02
Party Down (1.02 California College Conservatives Union Caucus) Même constat que pour le pilot : pas amusant. Mais du mieux cependant : le personnage joué par Ken Marino s’avère moins irritant, Constance est un personnage féminin atypique attirant et la relation entre Casey (Lizzie Cplan) et Henry (Adam Scott) prend un tournant intéressant.
Mais la série conserve son manque de rythme, de répliques cinglantes, d’humour bien établi. Pour une comédie, c’est un peu dommage.(5.5/10)
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En brayfe cette semaine, beaucoup de séries manquées (Damages, Cupid, Samantha Who, Breaking Bad ou le récurrent Big Love) mais la chose étant récurrente dans l’industrie de la série, il est fort à parier que la semaine prochaine sera l’occasion d’un rattrapage intensif, à la Taylor.