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Une nouvelle monnaie internationale de réserve ?

Publié le 06 avril 2009 par Unmondelibre

James Dorn, le 6 avril 2009 - Même s’il n’a pas fait l’objet de débats officiels au G20, le futur du dollar en tant que monnaie de réserve internationale était dans tous les esprits. La crise financière mondiale qui a démarré avec la crise des subprimes américains a érodé la confiance dans le dollar en tant que véritable « ancre » des paiements internationaux. De plus, les déficits budgétaires considérables des Etats-Unis pourraient ajouter plus de 10 000 milliards de dollars de dette publique américaine durant la prochaine décennie – en plus de milliers de milliards de dette implicite de la Sécurité sociale US et du Medicare.

La bombe à retardement de la dette américaine représente un risque croissant pour la Chine et d’autres pays, qui détiennent des montants très importants de leurs réserves de change en actifs libellés en dollars, en premier lieu des titres d’Etat américains. Si les banques centrales autour de la planète sont moins désireuses de détenir de la dette américaine, la Federal Reserve, la banque centrale américaine, pourrait être l’acheteur en dernier ressort.

Faire tourner la planche à billets pour éponger la nouvelle dette nourrirait des anticipations inflationnistes. Si la pression politique empêche la Fed de retirer rapidement les liquidités excédentaires, le pouvoir d’achat du dollar tombera rapidement – et ceux qui détiennent de la dette libellée en dollar subiront une érosion de leur patrimoine. La Chine, avec près de 2 000 milliards de dollars de réserves de change, serait le plus grand perdant si les USA se mettaient à utiliser l’inflation pour réduire le fardeau réel de leur dette. C’est la raison pour laquelle, pour la première fois, les dirigeants chinois se soucient de manière ouverte du futur du dollar en tant que monnaie de réserve internationale.

Dans un discours désormais largement cité, diffusé par la banque centrale chinoise le 23 mars dernier, le gouverneur Zhou Xiaochuan soulève les questions fondamentales : « de quel type de monnaie de réserve internationale avons-nous besoin pour assurer la stabilité financière internationale et permettre la croissance économique mondiale ? ». Il a pointé du doigt les « défauts institutionnels » du système financier international actuel et soutenu que la réforme doit créer « une monnaie de réserve internationale de valeur stable, dont l’émission respecte des règles, et dont l’offre est ‘gérable’ ». Il recommande d’étendre l’usage des Droits de Tirage Spéciaux (DTS), une devise synthétique créée par le Fond Monétaire International en 1969.

Actuellement la valeur d’un DTS est définie par un panier de monnaies clés (le dollar, l’euro, le yen et la livre). Les DTS ne sont pas acceptés pour les transactions et ne représentent qu’une petite partie des réserves totales. Créer une monnaie de réserve mondiale sous la direction du FMI ne résoudrait pas le problème sous-jacent de l’absence d’une ancre dans un monde de monnaie purement fiduciaire.

Le problème fondamental du système monétaire international aujourd’hui est que le dollar est la monnaie fiduciaire d’un État discrétionnaire. La Fed ne suit ni de principe de convertibilité ni de règle monétaire qui l’engagerait à respecter un objectif unique : la stabilité des prix à long terme. Aucun responsable public n’a été tenu responsable de la dérive à la hausse du niveau de prix aux USA depuis que le Président Richard Nixon a suspendu la convertibilité du dollar en or en 1971.

Le débat actuel passe à côté d’un élément crucial : l’idée que si les taux de change étaient tous libres d’évoluer avec les forces de marché, il ne serait pas nécessaire d’accumuler des devises de réserve pour « fixer » des taux de change. La Fed, qui serait tenue de respecter une règle d’émission, contrôlerait la masse monétaire en dollars pour assurer une unité monétaire à la valeur stable (exprimée en termes de biens), et la valeur de change du dollar serait laissée aux forces du marché. La Chine, en même temps, n’aurait pas à se soucier du pouvoir d’achat du dollar parce que sa banque centrale n’aurait pas à détenir de réserves officielles pour fixer la valeur du yuan.

Le danger aujourd’hui est que le monde se dirige peut-être vers une monnaie de réserve « super souveraine » élaborée par des experts, tels que la Commission d’Experts de l’ONU menée par le Prix Nobel Joseph Stiglitz. Nous abandonnerions alors la possibilité d’un ordre monétaire décentralisé ainsi que la possibilité d’une certaine harmonie financière, en faveur d’un ordre planifié de manière centrale dans lequel la monnaie sera immanquablement politisée.

Un tel changement de régime ne mettrait pas seulement en péril la valeur future de la monnaie, mais, de manière plus importante, notre liberté et notre prospérité.

James Dorn est analyste au Cato Institute.


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