A l'heure où le Kindle 2 débarque outre-atlantique, où la frénésie i-Phone et i-Pod Touch a entraîné le téléchargement de 5 millions de fichiers ePub (livres électroniques) sur le site
Feedbooks, j'attendais avec impatience cette conférence du Salon du Livre Paris 2009 pour faire le point sur ce qui nous attend dans le domaine des lecteurs d'e-book, et notamment au niveau des
prix.
Première constatation: la taille du stand Sony est bien là pour indiquer que la firme nippone ne s'est pas lancée dans l'e-book pour faire de la figuration. Et c'est tant mieux !
En revanche, sur les présentoirs couverts par des cloches de plexiglas, aucune trace du Kindle 2, ce qui ne fait pas très sérieux pour un salon censé exposer les dernières nouveautés. Vous pouvez
retrouver ici les lecteurs d'e-book présentés à cette édition 2009.
Le stand Bookeen avec à gauche, costume noir et de profil, Michael Dahan et à droite, complet gris, Laurent Picard, les deux cofondateurs de la société Bookeen.
Ça se bouscule devant le grand stand Sony ! Si les liseuses électroniques suscitent déjà l'engouement avec des prix aux alentours de 300 euros, c'est plutôt bon signe pour l'avenir !
La conférence sur les dernières nouveautés e-book : de gauche à droite Laurent Picard, de Bookeen, Pierre Henri Colin, responsable de l'offre e-paper chez 4dconcept, Hervé Vancompernolle,
directeur marketing France de Sony et Olivier de Saint Léger, représentant Europe de Foxit Software.
A noter que le lecteur ebook de
Foxit ressemble beaucoup
au Cybook. Mieux vaut se rendre aux Etats-Unis pour l'acheter, car son prix est là-bas à 229 dollars, contre 250 euros quand il débarquera en France (par comparaison, le Cybook est à 280 euros,
le Sony à 300 €).
Alors, quid d'une évolution prochaine des prix pour les lecteurs d'e-book ? Eh bien d'après Laurent Picard, il ne faut pas trop y compter dans un avenir proche. Pour une raison simple: l'usine
chinoise qui produit les écrans qu'on retrouve sur les Kindle, Cybook et autres Sony PRS est en situation de monopole, et la demande est massive. Que la demande soit massive est évidemment une
bonne nouvelle pour l'avenir des lecteurs d'e-book, que certains internautes ont parfois tendance à enterrer bien avant l'heure, mais tant que la situation de monopole durera et que la production
n'augmentera pas suffisamment pour pouvoir réaliser des économies d'échelle, il ne faudra pas compter sur une baisse. Alors, combien de temps faudra-t-il patienter avant de pouvoir obtenir des
liseuses à des prix raisonnables ? Quatre ans ? Cinq ? Sans doute pas avant. Personnellement, je ne suis pas très optimiste. Il faudrait que d'autres industriels chinois comprennent qu'il y a là
un réel marché, et que le gouvernement encourage la création d'autres entreprises spécialisées dans la fabrication de ces écrans. L'arrivée prochaine du Foxit en Europe est une bonne nouvelle,
cela dit.
La conférence a aussi abordé les prochaines évolutions de ces appareils. Je ne ferai pas mystère de mon point de vue sur la question : si on veut qu'un lecteur d'e-book soit écolo, il ne faut pas
avoir à le remplacer tous les six mois, ni même tous les deux ans. Pour ce qui concerne les fonctionnalités, je suis pour l'hyper spécialisation en la matière (et donc, pas forcément pour la
connectivité, grande dévoreuse d'autonomie) car j'estime que c'est lorsqu'on donne de plus en plus de choix à l'utilisateur qu'il va se disperser et cesser de lire des livres, des vrais (et non
pas des articles de blog comme celui-ci, shame on me !). Que l'on puisse améliorer les fonctions de notation de passages serait une bonne chose, cela dit. Mais il ne faudrait pas que cela se
fasse aux dépens de la place accordée à l'écran, qui représente avec le Cybook, le Foxit et le Sony (mais pas le Kindle 2) le bon compromis selon moi. Stop surarmament now ! La course à
l'armement (surenchère technologique) que l'on a connu et que l'on connaît toujours avec les PC ne devrait pas contaminer les lecteurs d'e-book.
Là où j'ai été surpris, c'est que mon point de vue que je pensais digne d'un primate bas de front semblait avoir été bien intégré par les professionnels présents. Non pas qu'ils étaient d'accord,
mais ils sont bien conscients des atouts de leurs appareils, notamment l'autonomie et la légèreté, et de leurs faiblesses, la fragilité, l'absence de connectivité et de couleurs. Ils savent que
le wifi ou le 3G risqueraient de nuire à l'autonomie. Et Laurent Picard ainsi que Hervé Vancompernolle, notamment, semblaient conscients que la diversification des e-books vers de nouvelles
fonctionnalités n'était pas forcément le bon choix : ils veulent bien faire progresser les liseuses vers plus de connectivité, de résistance, et vers la couleur, mais ils ne souhaitent pas faire
du lecteur d'e-book un i-Phone.
Au final, je suis sorti satisfait de voir que l'espace lectures de dem@in semble implanté de manière durable au salon du livre de Paris, mais en me disant que les constructeurs d'e-book vont
encore avoir des mois, voire des années difficiles avant que le prix de ces fameux écrans ne se décide enfin à baisser. Tout le mal que je souhaite au français Bookeen et à tous les autres, c'est
bien de se pérenniser !