S'il est un dj de la scène parisienne actuelle qui vaut la peine d'être remarqué, c'est bien Jean Nipon. Un temps dj résident du Paris Paris, aujourd'hui directeur artistique du Régine, il est également membre du label Institubes sur lequel il a récemment sorti le très attendu Wild at heart EP. Ancien batteur grind, successivement membre du groupe Teamtendo et du collectif BÜRO, producteur et remixeur sexy aux côtés d'Orgasmic, sa culture musicale est étonnamment variée, d'où l'originalité de ses mixs. Une prestation de Jean Nipon, c'est "du sexe et de la violence" selon les mots de celui qui se définit comme "deviant electropunk DJ and producer from Paris". Du sexe, avec un goût prononcé pour la booty bass dans sa globalité (bailey funk, booty, ghetto-house, Baltimore, Miami bass...) et de la violence, avec une attache particulière aux larsens du punk et du black metal, aux kicks dévastateurs de la ghetto- tech et de l'acid-house. Sexe et violence encore dans son amour pour le glam-rock 80's -il demeure un fan absolu du Phantom of the Paradise de De Palma, les dance songs 90's, et la house bien frappée de Bangalter. Et il faut le voir, avec sa chevelure gominée et son polo Fred Perry, agiter la tête avec une rage frénétique, véritable dandy headbanger.
Vous l'aurez compris, pour l'auditeur touche-à-tout, une playlist de Jean Nipon c'est une véritable mine. Lorsque l'on a la chance d'en découvrir une sur le net, il faut absolument prêter l'oreille aux suggestions du bonhomme. C'est ainsi que j'ai découvert Rob et son excellent Don't kill. Le titre n'est pas nouveau, il est extrait de l'album du même nom, sorti en 2000 chez EMI. Pour ressituer, Rob est un copain de Air et Phoenix avec qui il partage une grande affection pour le rock 70's et "une certaine pop FM américaine insouciante et mélodiquement ensoleillée" (la formule est de Remi) - il a d'ailleurs assuré les claviers sur la tournée 2007 de Phoenix. Avec Don't kill, on est clairement sur le versant rock 70's, King Crimson n'est pas loin: une basse puissante, un jeu de batterie développé, plein de frisés et de contre-temps, du tambourin, des ruptures franches marquées par des chœurs à la Atom Earth Mother, un clavier rhodes qui flirte avec le clavecin et surtout cette guitare qui répète un même motif épique tout au long du morceau. Précisément, ce motif rappelle certains passages de Dunkelheit de Burzum, morceau d'ouverture de l'album Filosofem. Or, Burzum, tout comme Rob, est l'un des groupes favoris de Jean Nipon - ne pas rater son magnifique t-shirt dans le clip de Lost in music. Mêmes accents épiques dans les deux cas pour des orchestrations néanmoins diamétralement opposées: côté Dunkelheit, la section rythmique est à proprement parler martiale, la guitare et le chant saturés au dernier degré, le synthétiseur joué avec un seul doigt. Burzum, pur black metal norvégien, c'est la face obscure de la planète Jean Nipon, peuplée de guerriers païens pas vraiment décidés à se laisser christianiser.
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Jean Nipon