Nils travaille dans une agence de pub et organise la soirée ACE (que je ne présente plus). Il est sublime, comme de juste et perfectionniste à un point rarement égalé. Prêt à grimper sur un mur pour redresser une boule à facettes qui m'avait l'air parfaitement en place, il apporte un soin immense à tout ce qu'il fait et quand il est dépassé, il s'excuse plus platement que le dernier des larbins - alors qu'en réalité, même une insulte a l'air d'une sucrerie lorsqu'elle sort de sa bouche. Daniel est un ancien et, tout comme Nils, à 3O ans, il en fait tout au plus 2O. Son sourire et son style le rendent tellement irrésistible que j'ai préféré arrêté de lui parler de peur de faire une gaffe... C'est le résident de ACE et l'ami du Tout Stockholm.
Au Spy bar, nous avons posé pour le magazine Elle Suède, dans une atmosphère provinciale de boîte à seulement 3OO euros l'entrée (et ceci n'est pas une blague). On m'a présenté au moins 25 personnes, Enora s'est faite offrir une rose et Nico congratulé pour son set. C'était sympathique mais je n'aime pas trop quand tout le monde connaît tout le monde et puis je n'avais plus de voix à la fin de la soirée. J'ai même rencontré le transsexuel de la télé suédoise, celui que j'avais vu quelques heures avant dans une émission de décoration intérieure en train de conseiller les gens pour l'achat de leur parquet.
La grande mode à Stockholm consiste à porter des chaussures montantes à mi-molets, genre skinhead anglais et à rentrer un jean coupé droit dedans. C'est bien le seul défaut des mecs là-bas, le reste relève de leurs coutumes, comme par exemple les cabines d'essayage communes (non pas que ça me déplaise de me retrouver avec 5 suédois en boxer...) ou les douches communes dans un hôtel à 19OO couronnes la nuitée (non pas que ça me déplaise de prendre ma douche avec un charmant garçon, voire deux), les burgers improbables à 25 euros, les bacs à glaçons géants en guise de toilettes pour 5 mecs... Se confronter à une nouvelle culture est quelque chose que j'adore, même quand il s'agit de se foutre à poil, après tout c'est pour la bonne cause, mais le port des bottes quand il ne pleut pas restera à jamais un tabou pour moi. C'est comme les couleurs de cheveux des Berlinois, dans chaque ville il y a quelque chose à jeter.
La soirée Ace m'a laissé le souvenir impérissable d'une boîte remplie à partir de 23h3O et d'une société complètement contradictoire où boire dans la rue est très mal vu mais où se saouler en club est tout à fait normal : filles et garçons s'en donnent à cœur joie, faisant ressembler la soirée à un rassemblement de lycéens alcooliques. Danser de façon très suggestive n'est un problème pour personne non plus et tant ACE que le Spy bar finissent par devenir des lieux de perdition à partir d'une certaine heure. Les vikings n'avaient peur de rien, leurs descendants non plus.
J'avais une prof d'Histoire-Géo qui disait que notre patrimoine était tout ce qu'il nous restait. Et bien, après avoir saccagé nos campagnes durant le Haut Moyen Age, les Suédois pillent aujourd'hui nos magasins et finalement, notre patrimoine y passe aussi, sous la forme de jeans et de chemises hors de prix. Par contre, il y a quelque chose qu'ils n'auront jamais : notre mentalité. Tout simplement parce qu'ils n'en veulent pas.
Sam
BPRC remixe "Passion" de Dunces dans un esprit fidget/banger. Surprenant.