Force est de constater que deux ans et demi plus tard, (en gros, la moitié d’un cycle dans notre industrie) les français, comme les autres, ont toutes les raisons d’être déçus.
Pourquoi ce désenchantement ? Tout simplement, parce que le fameux phénomène de concentration du marché, habituel dans notre industrie, s'est accentué sur cette console. Moins de 10% des titres génèrent plus de 90% des ventes et, quand, en plus, sur les 10 meilleures ventes, 9 sont éditées par Nintendo vous avez vite compris le problème. Le phénomène s'explique assez facilement : par définition, les joueurs occasionnels, visés par la Wii, achètent peu de jeux et les rares jeux qu'ils achètent sont ceux qui bénéficient d'énormes campagnes publicitaires, indispensables pour toucher ce public volatile, moins informé des dernières nouveautés. Les budgets publicitaires nécessaires sont hors de portée des petits éditeurs indépendants.
Budgets marketing colossaux investis dans quelques titres phares, conçus sur mesure pour la console (Wii sports, Wii fit,...), fonctionnalités réservées à quelques exclusivités (l’intégration des Mii ingame par exemple), informations techniques distillées au compte-gouttes auprès des développeurs et éditeurs (nous avons dû ainsi intégrer l’utilisation de la Wii Balance au beau milieu d’une production) : Nintendo a construit un moule pour vendre en priorité ses gâteaux maisons ! Chapeau l’artiste !
Conséquence : hormis quelques exceptions (les Lapins Crétins d’Ubisoft par exemple), peu d’éditeurs tiers ont réussi à tirer leur épingle du jeu. On a assisté plutôt à un phénomène de déflation : les ventes moyennes ou quasi inexistantes des premiers titres indépendants lancés sur la Wii ont donné le ton. Quand les développeurs sont arrivés ensuite avec des projets originaux, les éditeurs leur ont proposé des minimums garantis qui ne leur permettaient pas de tirer leur épingle du jeu face aux titres Nintendo, bénéficiant, eux, de plusieurs années de développement et de budgets colossaux. Faute de budgets réalistes, Lexis a dû renoncer ainsi à produire pour la Wii deux concepts originaux. Côté on-line, le tableau n’est guère plus reluisant : alors que le Wiiware peine à décoller, les indépendants se sont réfugiés majoritairement sur PSN et XBLA.
Y-a-t-il une chance de voir cette tendance s’inverser pendant cette seconde partie de cycle qui s’ouvre ? Quelques signes peuvent heureusement laisser un peu d’espoir.
D’abord, le parc installé, immense, qui permet d’envisager de plus en plus de ventes pour les jeux de niche. Ensuite quelques exemples récents de lancements réussis pourraient encourager les éditeurs à soutenir davantage de titres originaux sur cette console. Le tableau ci-dessous* présente ainsi les ventes comparées de trois jeux lancés successivement fin 2006, fin 2007 et fin 2008 : Eledees, (édité par Konami), Zack & Wiki (édité par Capcom), de Blob (édité par THQ).
* source VG Chartz
Illustration : publicité Madworld, Sega.