Par N.E. Tatem avec ARGOTHEME.
Cet article est sur POPULISCOOP, Journal de cyberpresse pour écrire et publier un article.
Les syndicats français optent pour un même cortège lors du traditionnel défilé du 1èr mai 2009. Depuis plus de 60 cette unanimité n’a pas été vue en hexagone. Les circonstances s’y prêtent et mettre la main dans la main répond plus à une volonté de la base ouvrière exposée à la gravité de la perte de l’emploi et à la spirale de la détérioration du pouvoir d’achat.
La gestation d'un nouveau paysage syndical en France est déjà lancée. Elle présage une nouvelle donne dans le rapport de force entre les acteurs du dialogue social. Le travail unitaire que la base ouvrière impulse désormais avec plus de vigueur, dépasse les états-majors des centrales qui se plient à la volonté des salariés. Le contexte de crise s'y prête. L’alternative à un certain capitalisme qui montre chaque jour sa nature de banditisme...
Les sauveteurs du système comptent faire perdurer le climat de l'impuissance des syndicats, le prochain 1èr mai augure une nouvelle configuration. Jamais la vie syndicale française n’a connu une telle humeur et la communauté nationale n’a pas été confrontée à une telle angoisse. La première vient en aide à la seconde. La crise qui fédère les consciences, rend la perspective d’une unité ouvrière plausible. Elle vient aussi de permettre à la représentation des couches sociales les plus laborieuses mais aussi les plus démunis d’être plus crédibles, du moins celle qui porte la revendication.
Ce qui n'est jamais arrivé lors d'une Fête du Travail depuis des années, les syndicats manifesteront ensemble en ce 1er mai 2009. L’image de rangs serrés, tant souhaitée, arrive enfin à point nommé. Elle est générée par les multiples constats qu’en temps morose de récession que les efforts des gouvernants n’arrivent à juguler et ce depuis déjà 6 mois de « mesurettes » plus malveillantes que vraiment intelligentes, comme une franche réponse aux décisions de consacrer les aides souvent injustifiées aux secteurs financiers les plus désignés en malfaisants.
CGT, CFDT, FO, CFTC, CFE-CGC, FSU, Solidaires et Unsa ont pris cette décision le lundi 30 mars, lors d’une rencontre conjointe. Ces 8 centrales tentent de conserver la mobilisation qui a vu quelques 3 millions de personnes descendre dans les rues le 19 mars et légèrement moins le 29 janvier. Ces records constituent des répliques au gouvernement de droite dirigé par Nicolas Sarkozy, qui chaque jour qui passe le présente avec une allure de surdité envers les revendications « des travailleurs » qui représentent d’autres catégories de la population comme les chômeurs et d’autres préoccupations de la population comme la baisse du pouvoir d’achat.
Reçus à l'Elysée par Nicolas Sarkozy avant le G-20 Londres, dans la matinée de lundi, les dirigeants des cinq principales centrales syndicales, avaient rappelé au président qu'ils attendent rapidement « des mesures concrètes et plus favorables aux salariés ». Du leurs côtés les 8 syndicats ont programmé une rencontre pour 27 avril afin d’évaluer et mesurer la réactivité et « les réponses du gouvernement et du patronat. Le cas échéant de « nouvelles initiatives » comme une « grève interprofessionnelle » ou une « mobilisation un samedi », d’après leur déclaration commune. Cependant elles ont décidé de « faire du mois d'avril un mois de mobilisations, qui sera d'initiatives visant à soutenir les actions engagées et à organiser les solidarités ».
Selon le communiqué de cette intersyndicale inédite, « dans la suite des journées du 29 janvier et du 19 mars et dans (un) contexte exceptionnel, les organisations syndicales s'entendent pour faire du 1er mai un nouveau temps fort de mobilisation pour peser sur le gouvernement et le patronat ». Ce 1er mai unitaire sera une première. Depuis la Libération, les syndicats français n’ont pas fait cortège commun. Habituellement, la CFTC et FO chacune défile de son côté dans le but d’étayer leur identité. La CFE-CGC restait à l'écart de tous défilés de la fête du travail. Pour rappel lors du second tourde l’élection présidentielle de 2002, avec la présence de Jean-Marie Le Pen, la CFTC n'avait pas fait cortège commun pour le 1er mai. Alors que FO avait renoncé à son défilé, pour la seule fois depuis sa scission avec la CGT en 1948.
Maintenant les organisations inscrivent le mouvement social qu’elles se trouvent porteuses, dans un contexte déprimant, dans la durée. Toutes se rendent compte qu’elles maintiennent leurs visions du 1èr mai. Notons en fin que la paysage syndical connaît actuellement une mutation qui augure une consolidation des organisations les plus revendicatives et à leur tête la CGT. Ce qui s’est passé, jeudi 27 mars 2009, au niveau de la SNCF est un prélude de la fin de la mollesse et une poussée de l’aiguisement de la conscience ouvrière traditionnelle, c’est-à-dire la plus contestataires face à un capitalisme qui chaque devient sordide avec des scandales de truanderie en col blanc.
Voici le communiqué commun des organisations syndicales CFDT, CFTC, CFE-CGC, CGT, FO, FSU, Solidaires, UNSA, du 30 mars, sur la mobilisation intersyndicale du 1er mai.
"L’augmentation du nombre de chômeurs, la baisse significative de la consommation, l’incertitude grandissante sur l’activité des entreprises témoignent de la gravité de la crise qui frappe un nombre croissant de salariés sans que nul ne puisse aujourd’hui en prédire la durée. Les mobilisations viennent d’obliger le gouvernement à agir sur les stock-options et les rémunérations exceptionnelles des dirigeants d’entreprise lorsque ces dernières ont reçu des aides publiques directes. Sur la question de la redistribution des richesses produites, le décret annoncé bien qu’insuffisant est un début de remise en cause du système actuel. Elle laisse cependant de côté l’essentiel des revendications du 5 janvier 2009 portées par les mobilisations du 29 janvier et du 19 mars 2009. Gouvernement et patronat doivent rapidement mettre en œuvre les mesures déjà prises et engager les négociations et les concertations pour répondre à l’ensemble des revendications. C’est pourquoi, dans la suite des journées du 29 janvier et du 19 mars et dans ce contexte exceptionnel, les organisations syndicales s’entendent pour faire du 1er Mai un nouveau temps fort de mobilisation pour peser sur le gouvernement et le patronat. Elles appellent leurs organisations locales à rechercher les modalités appropriées pour réussir cette journée de revendication syndicale en tenant compte des situations locales. Pour préparer le 1er Mai, elles conviennent de faire du mois d’avril un mois de mobilisations ponctué d’initiatives visant à soutenir les actions engagées et à organiser les solidarités. En fonction des réponses du gouvernement et du patronat, les organisations syndicales débattront lors de leur prochaine rencontre des nouvelles initiatives (grève interprofessionnelle, manifestations, mobilisations un samedi…) Une prochaine réunion est d’ores et déjà fixée au 27 avril." Les syndicats manifesteront ensemble le 1er mai pour la première fois
(Afp, 30/03/2009, 22h28)