Colériques Anonymes.

Portes claquées et chambranles explosés, uppercuts dans les murs et placoplâtres explosés, tables dressées balayées d'un revers de main, hurlements à faire trembler les vitres, téléphones et les guitares écrabouillés à terre...  J'en ai croisé dans ma vie, des colériques anonymes. Mon beau père par exemple. Les portes claquées et les uppercuts dans les murs, c'était sa spécialité. Il me faisait penser à Dr Jekill et Mr Hyde. Doux comme un agneau quand tout filait à sa convenance, un modèle de rage TNT une fois contrarié. "Tous aux abris" je pensais tout bas en m'enfermant dans ma chambre et en attendant que la tempête de portes passe. Il y a eu aussi mon premier chef. Wow les réunions. Personne ne m'avais prévenue, une sorte de bizutage professionnel. Ha ha ha, très drôle. Lui, sa spécialité, c'était d'envoyer balader à terre tout ce qui se trouvait sur la grande table de réunion. Dossiers, tasses, cafetière, bouteilles d'eau, verres... BAM. Puis ensuite, il mettait sa main dans sa poche, et s'avalait un petit cachet de Lexo. Histoire de calmer le jeu. L'histoire voulait qu'il était comme ça depuis qu'il avait arrêté de fumer. "Bah, refume alors vieux!" je pensais en attendant que les dociles femmes de service débarrassent les vestiges de sa colère. Fallait réfléchir à deux fois avant d'aller présenter sa strat, c'est sûr. Les faits d'armes des colériques anonymes nouent l'estomac de leurs spectateurs impuissants. Mais c'est comme tout le reste, il vaut mieux en rire, parce que sinon, on en pleurerait.

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