Mais avant tout faisons un petit état des lieux de l'habitat actuel. En France, les deux structures types qu'étaient la ville et le village on peut à peut disparu. Les villages se vident, alors que les grandes villes se dépeuplent de plus en plus, s'emplissant à la place à de bureaux et de commerces. Les gens préférent rejoindre soit des petites villes, soit les banlieues. Ce problème s'accompagne également d'un étalement des zones industrielles et commerciales.
Alors qu'il y a quelques dizaines d'années, on pouvait à peu près bien définir l'habitat urbain et rural, cette séparation est beaucoup plus difficile actuellement. Les villes s'étendent et se muent peu à peu en territoire de plus en plus rural, jusqu'à ce qu'on arrive dans des territoires absolument dépeuplés.
Or, dans l'avenir, alors que le monde va être de plus en plus peuplé, cette situation ne peut perdurer. Les zones consacrées à la nature et à l'agriculture s'amenuisent de plus en plus.
Un habitat réellement durable sera donc nécessairement un habitat dense, laissant le plus de place possible à l'environnement. Le modèle ville/village semble le seul viable, les villes devant être suffisamment denses et vivables, et les villages disposer de suffisamment d'habitants pour accueillir les services de base. Ils pourraient ainsi être habitables sans avoir besoin de déplacement constants.
Pour les villes seul un regroupement des habitations permettrait à le ville d'économiser de la place et d'optimiser son fonctionnement. De même, les zones commerciales ne sont pas optimisée du tout, et un modèle de construction semblable aux centre commerciaux de centre ville serait préférable (avec parking souterrain, et construction sur plusieurs étages). Pour les industries, c'est plus compliqué, mais un regroupement pourrait probablement être effectué.
Un habitat dense implique une utilisation des trois dimensions de l'espace, et un développement aussi bien en hauteur qu'en profondeur. En effet, aujourd'hui l'espèce humaine se contente de s'étendre en deux dimensions, retirant des espaces disponibles pour la biodiversité. Elle impose à la place des structures artificielles, et des jardins uniformisés.
Un habitat plus dense permettrait de laisser de la place aussi bien pour l'agriculture que pour des réserves. Des villes respectueuses de l'environnement permettraient en plus de créer de nouveaux espaces pour la vie animale et végétale. En effet un habitat urbain durable ne peut s'imaginer sans verdure. Plutôt que de détruire les écosystèmes pour créer ses jardins, l'humanité pourrait ainsi en développer de nouveaux.
En plus de laisser de la place pour d'autres usages, un habitat plus dense et bien conçu entraînera des économies d'énergie. Grâce à la baisse du nombre de déplacement d'une part, et à la mutualisation de certain moyens, comme l'éclairage, le chauffage ou la climatisation d'autre part.
Seulement, une simple densification de l'habitat ne suffira pas à ce qu'il soit durable. L'habitabilité est aussi extrêmement importante. Pourquoi les gens fuient ils la ville ? Est ce un amour immodéré pour la banlieue, est ce que les gens adorent passer la moitié de leur vie dans les voitures ? J'en doute.
Simplement, tout le monde souhaite avoir un minimum de confort et d'intimité. Il faut avouer que la majorité des logements urbains sont mauvais sur ces points. Il faut donc développer également des logements agréables à vivres. L'intégration de végétaux dans les villes en est un premier aspect, et vous pouvez en voir un premier exemple sur ce site : http://www.maisonapart.com/edito/immobilier-des-maisons-terrasses-ecolo-pour-redensifier-la-vi-p2-2502.php.
Des logements où les toits des uns servent de jardins pour les autres. C'est un bon début, mais il faudrait que les architectes imaginent des immeubles d'habitation plus élevé dotés de jardins similaires. Une meilleure isolation est bien sur également indispensable, pour améliorer l'habitabilité. C'en est d'ailleurs un des aspects les plus importants, ce qui fait que les gens peuvent se sentir chez eux.
Un habitat collectif durable devra également prévoir que ses occupants puissent passer leur vie autre part que dans leurs appartements. En effet aujourd'hui, peu d'immeubles disposent d'autres structures collectives que des cages d'escaliers. la création d'espace communs assez vastes, avec des jardins intérieurs pas exemple, est un aspect important de l'habitabilité.
Il reste à ajouter un peu de mixité sociale, en mélangeant des appartements de standing avec des logements sociaux, ce qui permettrait d'éviter les quartiers pauvres. L'intégration de petits commerces dans les immeubles les plus grands est aussi un aspect intéressant, permettant en quelque sorte de recréer des petits villages à l'intérieur des villes.
Le but à atteindre est un habitat rassemblant les structures d'habitation, les zones de commerce et de travail, pour optimiser au maximum le cadre de vie. Ces structures devront être les moins gourmandes possibles en ressources. L'idéal serait donc qu'une partie des biens consommés soient produits sur place, comme par exemple une partie de la nourriture.
Ensuite, l'idéal serait d'exporter ces structures urbaines dans les zones les moins adaptées à la vie animale et végétale. Le plus adapté semble être l'océan, et c'est l'idée de Vincent Callebaut dans son projet Lilypad que vous pouvez voir ici : http://www.vincent.callebaut.org/page1-img-lilypad.html.
Ces projets nous montrent qu'un autre aspect est important : la qualité architecturale. En effet un habitat ne peut être durable que si il est beau. Il doit pouvoir plaire à plusieurs générations d'être humains, sinon il risque fort d'être détruit.
En résumé, un habitat durable devrait respecter les principes suivants :
- - Densité de population, et utilisation de la verticalité.
- - Réduction des déplacements obligatoires au maximum
- - Economies d'énergies, notamment grâce au chauffage et à la climatisation passive
- - Intégration de structures végétales
- - Habitabilité et confort maximal
- - Qualité architecturale
La création d'un habitat collectif réellement durable entraînera donc un surcoût important. L'avantage est qu'il permettra d'éviter de multiples destructions et reconstructions, ce qui sur le long terme entraînera des économies. Seulement il est difficile de demander au privé de construire un tel habitat, et d'accepter des investissement rentables sur plusieurs décennies seulement sans que l'état montre l'exemple auparavant. En cette période de crise immobilière, un investissement dans des structures durables serait un bon axe de relance.
En observant un peu les idées de l'association HQE, on peut voir que les normes qu'elle propose sont à peu près en adéquation avec ces principes :
Cibles d’écoconstruction
- C1. Relations harmonieuses du bâtiment avec son environnement immédiat
- C2. Choix intégré des produits, systèmes et procédés de construction
- C3. Chantier à faible impact environnemental
Cibles d'éco-gestion
- C4. Gestion de l'énergie
- C5. Gestion de l'eau
- C6. Gestion des déchets d'activités
- C7. Maintenance - Pérennité des performances environnementales
Cibles de Confort
- C8. Confort hygrothermique
- C9. Confort acoustique
- C10. Confort visuel
- C11. Confort olfactif
Cibles de santé
- C12. Qualité sanitaire des espaces
- C13. Qualité sanitaire de l'air
- C14. Qualité sanitaire de l'eau
Ces pistes sont un excellent début, et il conviendrait peut être d'en tirer des normes de construction officielles. Il reste beaucoup de chemin à faire pour avoir un habitat durable, mais force est de constater que les politiques ne semblent pas du tout concernés par de telles constructions, sinon très ponctuellement. La plupart des immeubles construits actuellement le sont en béton, et les principes ci dessus ne sont que rarement respectés. Toutes ces structures sont donc probablement vouées à le destruction à moyen terme, et il est décevant de constater le manque de vision de la plupart des politiques.