Ouch, le décor...en fait, le truc, c'est qu'il n'y en a pas vraiment. C'est une vaste zone d'activités qui est aménagée, le temps d'un week-end en lieu de festival. Mais ici, hélas, les pieds foulent le béton et les graviers, pas l'ombre d'un petit lopin de terre, les arbres font grise mine en ce début de printemps, et les poubelles se comptent sur les doigts de la main. Il est 15h30, il n'y à peu près personne (si l'on tient compte de l'étendue du site), et The Bewiched Hands on the Top of Our Heads s'apprête à débuter sur la grande scène (grosso modo, ça représente le chapiteau des Eurocks, pour les connaisseurs)...
Bon, certes, ils ont le nom le plus imbitable, et n'ont même pas l'excuse d'être anglo-saxon et obligés de changer de nom (comme Santogold) : non, ils sont allés le chercher bien loin. Mais passons au dessus de ça, pour écouter ce qu'ils ont à proposer. Et là, on comprend pourquoi ces sept jeunes français ont décroché le prix CQFD, car ils sont excellents. Toujours parés d'une ambition pop évidente, ils n'hésitent pas à teinter leur musique d'aspirations indie du meilleur effet, citant indirectement le foisonnement d'Arcade Fire, la joie d'un I'm From Barcelona ou le psychédélisme des Flaming Lips. Malgré quelques titres un peu en retrait, on sent que ces Rémois (comme leur copain Yuksek, dont ils reprennent le "Tonight") ont des idées plein la tête, les faisant ressortir en mélodies arc-en-ciel du meilleur effet, et qui nous permet espérer un premier album. Je vais les surveiller...
Le MySpace de The Bewitched Hands on the Top of Our Heads
La fin arrive vite, un peu trop vite même, c'est donc l'occasion pour nous de faire un détour vers la seconde scène (en terme de taille) sur laquelle s'escriment les chevelus de Radio Moscow. Les ayant vus récemment (voir compte-rendu) et comptant les revoir bientôt, je ne m'attarde pas plus longtemps que cela, juste le temps de constater que le groupe assure toujours autant dans le style hard-rock de papa, Led Zeppelin et Jimi Hendrix sont dans un bateau et personne ne tombe à l'eau. Mais il est presque 17h, pour la prestation du groupe français qui monte, et qui tourne aussi beaucoup, c'est-à-dire Stuck in the Sound.
Au passage, le MySpace de Radio Moscow
Donc, le quatuor français venait dans le cadre de leur tournée marathon pour "Shoegzaings Kids", leur second album (voir chronique). Et les bonnes impressions qui m'étaient venues suite à ce disque se sont vues confirmées par cette prestation. Très énergiques sur scène, voire plus plus pour le survolté José Reis Fontao, au chant mais aussi à l'animation du public, qui a commencé à arriver. Les compositions sont donc très carrées, mais finalement gagnent assez peu avec le live, étant donnée la production du disque, très compate et puissante. On s'attachera plus à l'énergie qui émane du groupe, son plaisir manifeste d'être ici, sa faculté à se mettre le public dans la poche grâce à un set compact. Le petit bémol que j'avais soulevé dans ma chronique reste d'actualité, à savoir que quelques mélodies plus soft feraient du bien au groupe, mais ces Français peuvent regarder dans les yeux pas mal de groupes indépendants anglo-saxons. Nice !
Accéder au MySpace de Stuck in the Sound
On ne pourra pas en dire autant des Wampas. Suite aux nombreux commentaires élogieux ("C'est super bien en live, blabla"), j'ai tenté. Mais c'est toujours pareil, on joue et des fois on perd. Et là, c'était epic fail ! Dieu que c'est mauvais comme groupe. C'est la crétinerie, la beauf-attitude érigée en mètre étalon du rock. Mais ce n'est pas forcément rock que de brailler et jouer comme dans une fête de village. Ce n'est pas osé ou malin, ou irrévérencieux de reprendre "Comme d'habitude" de Claude François sauce Ramones-Wampas : c'est juste pénible, vain et bien loin de péter aussi haut que ça le prétend. Consternant, vraiment.
Après ce...mauvais moment, il y a eu plusieurs prestations que je ne détaillerai pas trop. Tout d'abord, un petit tour du côté de la grande scène avec Dub Inc, et même si ce n'est pas trop mon style, il faut reconnaître une belle efficacité au groupe, qui sait s'y prendre pour faire bouger les foules avec leur mélange funk-soul et musiques caribéennes. Pas renversant, mais mérite le détour.
Le MySpace de Dub Inc
L'autre (relative) déception est venu de Arthur H. Si je ne savais pas trop à quoi m'attendre, j'ai été plutôt déçu par la musique du groupe qui l'accompagnait, assez loudingue, entre rock variétoche et distorsions de guitares pas toujours bienvenues. Dommage, car le chanteur avait visiblement la forme, mais vu que le son (comme ce fut souvent le cas à cette scène) effaçait presqu'intégralement la voix, on perdait ce qui aurait pu sauver la mise, à savoir des textes bien foutus.
Ensuite, Patrice...Bon. Je crois qu'avec Vanessa, on a surtout parlé politique durant la prestation...Pour Assassin, on n'entendait presque rien des paroles, là encore au "bénéfice" d'un mix assez fade et terne, sur fond de démagogie (aux paroles audibles). Je suis très surpris de voir les codes du hip-hop, tant vestimentaires que dans la gestuelle. Mais là, on avait surtout l'impression de voir un ersatz de ce que peut faire un gros groupe, comme NTM (je cite au pif). Et ensuite, Gojira, qui, chose surprenante, ne jouait pas si fort que ça ! Au menu, double pédale, étirement des cervicales et cheveux longs : saupoudrez le tout de quelques cris gutturaux bien sentis, et c'est emballé. A défaut d'être 100% emballant, sauf si on adore le style. Je passe très très vite sur Karkwa, dont nous n'avons entendu que 2-3 chansons.
Mais le clou de notre soirée devait résider dans la prestation de Yuksek. Et le Rémois a confirmé presque totalement les attentes que j'avais placées dans sa prestation. Je dis presque car j'ai mis un peu de temps à rentrer dans le set du DJ, commencé par les titres les plus bourrins de "Away from the Sea" (dont vous pouvez lire la chronique ici), dont "Little Dirty Trip", alors que j'espérais quelques titres pop. Puis insidieusement, la température monte, le débonnaire Yuksek enchaîne les gros titres, comme les excellents "Tonight", "Extraball" ou "I Like to Play", et à la fin...ben, on se dit que c'est arrivé trop vite. Il n'y a qu'à voir le monde qui s'était massé sous le chapiteau pour voir que le DJ est en train de grimper à toute vitesse, et c'est franchement bien mérité, vue cette très bonne prestation (Vanessa l'a quant à elle trouvée géniale).
Le MySpace de Yuksek
Au final, cette journée à Garorock a eu le mérité de brasser un ensemble hétéroclite de styles, parfois décevants, mais c'était aussi le but que de se confronter à des musiques inhabituelles (en tout cas pour moi). Si le cadre manque aussi de chaleur, cela ne m'a pas empêché de passer une bonne journée : peut-être à retenter, l'année prochaine !