Sorti le 20 Novembre 1991
Avec Manuel Blanc (Pierre Lacaze), Emmanuelle Béart (Ingrid), Philippe Noiret (Romain), Hélène Vincent (Evelyne), Yvan Desny (Dimitri), Christophe Bernard (le mac), Roschdy Zem (Saïd), Raphaëline Goupilleau (Mireille), Michèle Moretti (prof d'art dramatique)
Scénario, dialogues : André Téchiné, Jacques Nolot, Michel Grisolia - D'après un scénario original de Jacques Nolot
Images : Thierry Arbogast
Son Jean-Louis Ughetto
Décors : Jean-Jacques Albert
Montage : Claudine Merlin, Edith Vassart
Musique : Philippe Sarde
Assistant réalisateur : Philippe Landoulsi
Produit par Maurice Bernart, Jean Labadie, Jacques-Eric Strauss - Production : President Films ; Bac Films ; Salomé SA ; Ciné Cinq ; Gruppo Bema - Production exécutive : Alain Centonze - Distribution : Cine Company, S.A. (Espagne) Video Search of Miami (USA / video)
A peine majeur, Pierre Lacaze quitte ses Pyrénées natales pour monter à Paris avec l'idée de devenir comédien. Son seul contact est Evelyne, infirmière d'âge mûr qu'il a connue alors qu'il était brancardier à Lourdes, et qui ne peut lui trouver d'autre emploi que plongeur à l'hôpital. C'est là qu'il rencontre Saïd, qui l'emmène dîner un soir chez son oncle Dimitri, vieil homosexuel lié à Romain Dumas, producteur d'émissions culturelles à la télévision fréquentant assidûment le monde des jeunes prostitués. Pierre se défie de cet homme et devient l'amant d'Evelyne, qui le cache de sa vieille mère infirme en le logeant dans une chambre sous les toits. Le soir, après le travail, il suit des cours d'art dramatique et s'y révèle peu talentueux, ne comprenant rien au monologue d'"Hamlet". Evelyne, fort perturbée et ne se sentant pas aimée comme elle l'attendait, met un terme à sa relation avec le jeune homme, qui se retrouve à la rue. Dormant dans une gare, il s'y fait voler son sac. Démuni de tout, il cherche à se prostituer, mais ne peut finalement s'y résigner. C'est là, au Bois de Boulogne, que Romain l'aperçoit et lui propose de le suivre à Séville le temps d'un reportage. Mais, à peine arrivé, Pierre s'éclipse et rentre à Paris, où il reçoit la visite de son frère Serge, militaire en permission, et où cette fois il se prostitue réellement, sous le nom de... Romain.
Un soir de rafle policière, il se laisse volontairement arrêter, car dans le fourgon cellulaire se trouve Ingrid, jeune prostituée précédemment aperçue, qui l'attire au plus haut point. Relâchés au matin, ils ébauchent une idylle que la jeune femme écourte sous la menace de son souteneur. Insistant, Pierre est tabassé et violé par ce dernier sous les yeux horrifiés d'Ingrid. Il devance alors l'appel et se fait incorporer dans un régiment de parachutistes.
Lors de sa première permission, il se rend sur les plages landaises et se plonge dans les flots d'un océan que jusqu'alors il n'avait jamais vu.
Manuel Blanc a reçu pour ce rôle le César du Meilleur espoir masculin.
J'embrasse pas I dont kiss Manuel Blanc Emanuelle Beart_
Video
Envoyé par cjibe sur wat.tv
Trois questions à André Techiné
Prostitution & Société : "J’embrasse pas" a-t-il été facile à mettre en chantier ?
André Téchiné : Ça n’a pas été un film facile à monter, parce que le sujet était troublant, choquant même pour certains, et je me suis heurté à des refus de coproduction des chaînes de télévision. Finalement c’est la "Cinq" qui a pris le risque.
P & S : Votre film reconstitue le milieu de la prostitution. Cela a-t-il fait l’objet d’une enquête approfondie ?
A. T. : II y a surtout une évolution précise pour en arriver là. Il y a eu un travail d’enquête pour la prostitution féminine. Pour le personnage d’Emmanuelle Béart, je suis parti de témoignages de prostituées, mais qui ont été évidemment repris, remaniés et transformés. Le fait que la prostitution féminine et la prostitution masculine n’obéissent pas du tout aux mêmes règles c’est forcément puisé dans la réalité, que le personnage de Pierre puisse vivre sa prostitution dans une perspective individualiste, finalement ça n’a rien à voir avec la façon dont Ingrid peut vivre son "métier". Pour elle, c’est une aliénation radicale. Même s’ils ont une dimension de frère et soeur, puisqu’ils sont censés vendre leur corps tous les deux, en fait les règles sont diamétralement opposées.
P & S : Et le choix des acteurs ?
A. T. : Pour le personnage de Pierre un visage familier aurait déjà imposé un passé, et je voulais que le personnage soit vierge, un inconnu qui marche vers l’inconnu. Le personnage de Noiret a un métier un peu officiel. C’est quelqu’un qui fait des émissions culturelles à la télévision, mais en même temps, il a une vie privée qui est en opposition avec son image publique. J’étais très content que Noiret accepte de miner l’image rassurante qui le caractérise. Quant à Emmanuelle Béart, c’est la rage qui m’intéressait au départ. Elle est capable de donner à la brutalité une forme de dignité. Alors je l’ai un peu métamorphosée avec une perruque. C’est venu de notre observation, la plupart des prostituées portent des perruques de ce style quand elles veulent paraître plus classe...
D’après Prostitution & Société n°96 / janvier - mars 1992.
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