Grand-Paris : après Vélib’, le Marathon de Paris en banlieue ?
Publié le 05 avril 2009 par Jean-Paul Chapon
Chassez le naturel, il revient au galop et en l’occurrence dans une foulée marathonienne. C’est ce que l’on pourrait dire ce matin en regardant la carte du parcours du Marathon de Paris 2009. Bertrand Delanoë, le maire de Paris et son adjoint à Paris-Métropole Pierre Mansat ont beau se féliciter d’avoir franchi le périphérique pour aller inaugurer cette semaine l’arrivée de Vélib’ à Boulogne, ils n’auront pas eu à refaire cet effort pour suivre le Marathon, qui arrive tout de même à vaincre le périphérique à l’Ouest et à l’Est de la capitale pour un petit passage par les bois de Boulogne et de Vincennes, respectivement dans le 16ème et le 12ème arrondissement de Paris, restons raisonnable tout de même!
Vraiment étonnant en cette période où la question du Grand-Paris fait débat, que chacun y va de ses professions de foi, plus grand-parisien ou paris-métropolitain que moi, tu meurs ;-) Et quel symbole d’étroitesse et d’entre soi, de manque d’audace et de vision métropolitaine, comme semblent vouloir le dire ces cartes où Paris flotte dans le vide, comme pour superbement ignorer tout ce qui se situe autour. Construire le Grand-Paris, ce n’est pas seulement réfléchir à sa gouvernance et écouter les réflexions de 10 cabinets d’architectes internationaux. Bertrand Delanoë osait dire un jour que Paris était plus grand que Paris. En tout cas, cela ne semble pas être le cas pour le Paris du sport. Comment justifier aujourd’hui ce
parcours aux allures de Cityrama soigneusement réservé aux 20 arrondissements du petit Paris, alors que le Tour de France ne craint pas de passer dans les pays voisins Allemagne, Belgique, Italie, Espagne et même de partir de
Londres il y a deux ans ?
Alors le Marathon de Paris ne pourrait-il pas aller de Sceaux à Bobigny ou de Sèvres à Clichy-sous-bois ? Ce serait un beau symbole pourtant de partir du 92, traverser la capitale et finir au cœur du 93 ? Et s’il faut du télégénique pour vendre les images, la métropole n’en manque pas. Il suffit d’ouvrir les yeux et la regarder, de la basilique Saint-Denis aux bords de Marne, du Mont-Valérien au Parc de Sceaux, et du Château de
Vincennes à la Grande-Arche, il y a aussi de quoi faire de belles images. Car construire le Grand-Paris, c’est accepter l’idée que tous ses paysages font la métropole et que tous les habitants de cette métropole en sont les citoyens, tous au même titre, ceux du petit Paris des 20 arrondissements, des départements de couronne, des villes nouvelles, bref de toute la métropole qui est une et qui est la Ville d’aujourd’hui. On dit qu’il faut faire de la pédagogie pour faire comprendre ce qu’est la métropole de Paris et lui donner une réalité, mais cela demande aussi de sortir des seules réflexions entre politiques, experts et happy few. Alors rendez-vous pour un Marathon de Paris 2010 en banlieue ;-)
Jean-Paul Chapon