Rendez-leur Doubelyou !

Vérité en-deça de l’Atlantique, erreur au-delà…

C’est étrange, il semble qu’on ne parle pas de la même chose. Il n’y a pourtant eu qu’un seul G-20, et un seul sommet de l’OTAN. Succès complet pour les Européens, médias en tête, mais échec sur toute la ligne pour la presse US. Barack Obama a fait des mamours avec des Européens dont il a retrouvé le Point G atlantiste, mais revient sans leurs milliards d’euros pour une relance par la consommation, ni leurs milliers de soldats pour Kaboul (sauf le temps des prochaines élections, pour jouer les assesseurs dans les bureaux de vote) qu’il venait quémander, si ce n’est du cosmétique ou du déjà prévu.

Sur un ton moins badin, ces deux sommets trahissent la rupture profonde et définitive, irréparable et irrécupérable, entre les deux rives de l’Atlantique. Derrière les paroles creuses et convenues de ces convives suffisants, repus et satisfaits, notamment sur la guerre en Afghanistan, le président Obama n’a obtenu rien de ce qu’il était venu chercher. Salauds d’Européens ! Finalement, ils s’en sont plutôt bien sortis. Et les 150 gendarmes français pour Kaboul, c’est même moins que le Commando Kieffer du 6 juin 1944. C’est pourquoi, et elle a bien raison, de « l’Appel du 14 février 2003 » à l’ONU de Villepin-Chirac à la poignée de mains de Montoire-Strasbourg de Sarko d’avril 2009, pour l’Amérique, y’a en bout de course pas trop de changement. Mais la faute à qui, si ce n’est précisément à l’Amérique ? On ne les a tout de même pas inventées les insanités proférées entre 2002 et 2004 dans The New York Times à l’encontre de la patrie de La Fayette et Rochambeau, on ne l’a pas davantage rêvé le camp de concentration de Guantanamo et les tortures couvertes par la Cour Suprême et justifiées à l’époque par The Washington Post ?

Alors surveillez bien dans les prochains jours cette presse américaine qui cassait du Bougnoule et du Français en 2003, ça va être à peu près ceci : « Barack, t’es le plus beau, Barack, t’es le meilleur, t’as fait la bise à Angela, t’as fait la bise à Carla, mais maintenant t’y retournes, et tu ne remets pas les pieds dans le Bureau ovale sans les 2.000 milliards d’euros que les Européens ont dans leur bas de laine, et les 20.000 soldats qu’ils doivent envoyer en Afghanistan. »

Encore un peu, et la même presse unanime titrera : « Bush, reviens ! »

La meilleure de la semaine, dans le registre Komintern et « bilan globalement positif » au lendemain de Budapest ou Prague, nous vient d’Howard Dean, chef du Parti démocrate américain (JDD, 5 avril 2009). Question du journaliste : « L’effet Obama a tué toute possibilité de contester les politiques des gouvernements… » Réponse : « Peut-être que les dirigeants mondiaux se comportent aujourd’hui dans l’intérêt des peuples, comme ils le souhaitent, et c’est pour cela qu’ils n’ont plus besoin de protester. »

Au secours, Georges Marchais revient !