L’Europe dispose d’une monnaie unique mais pas d’une politique
économique européenne. Même si la nécessité d’une régulation mondiale s’impose, les vingt-sept gouvernements de l’union sont loin d’être persuadés du bien-fondé d’un interventionnisme éclairé
qu’ils associent (trop) souvent à un protectionnisme larvé. Malgré tout, la crise marque les limites d’un libéralisme qui a toujours rejeté jusqu’à l’idée même d’un pacte social et réfuté le
principe d’un juste échange.
Le système a, en effet, généré tant d’excès que le libre-échange engendre aujourd’hui à des expressions nationalistes exacerbées. La bulle bancaire éclatée, les économies en sont
éclaboussées et leur capacité d’investissement limitée. Plus de trois cents milliards d’euros auront beau avoir déjà été injectés dans les capitaux bancaires, alors que la relance et le crédit
s’affirment comme des nécessités, l’avenir dira combien d’entreprises et surtout de particuliers en auront bénéficiés.
Aujourd’hui plus que jamais se pose la question de la gouvernance européenne. Elle repose certes sur la volonté des gouvernements, mais tout autant, le 7 juin, sur la capacité des électeurs à
donner une nouvelle direction à l’Europe. Alors qu’en 2005, au Parlement, les Socialistes proposent un amendement pour promouvoir une réforme du Pacte de stabilité afin qu’il intègre l’objectif
de croissance, l’UMP, comme les Droites européennes, s’y oppose.
L’année suivante, dans la désormais fameuse directive « Bolkestein », le PSE demande d’exclure de son application les services publics et d’intérêts économiques généraux. L’UMP vote contre.
Le 29 novembre 2007, de manière à soutenir la reprise et prévenir le dumping transfrontalier, les Socialistes défendent le principe d’un salaire minimal égal à la moitié du salaire moyen
national. La Droite unie récuse cette proposition. Les exemples ne manquent pas.
Seule manque la cohérence à une Droite coincée entre ses discours et ses votes. Scrutin politique, l’élection européenne ne jouera pas seulement sur les futures directives. Elle constitue
l’occasion de proposer une nouvelle direction à une Europe économique et sociale.
Par Jean-Jacques THOMAS,
Premier Secrétaire Fédéral de l’Aisne du Parti Socialiste.
(Photo : Jean-Jacques Thomas avec Gilles Pargneaux)