Voilà un film foncièrement inconfortable, singulièrement cahotique, à la temporalité totalement déréglée. Une seconde passe en un siècle, un siècle en une seconde, et voilà Caden Cotard (Philip Seymour Hoffman, juste assez excessif pour le rôle) qui se perd avec nous dans cette spirale chronologique allant au-delà de l'ellipse. L'écriture de Kaufman est si précise qu'il parvient à nous déposséder de nos repères, à nous plonger dans l'inconnu sans pour autant nous larguer une seule seconde. En deux heures, il brasse plus de thèmes que bien d'autres en une vie entière, les abordant de façon frontale et gonflée. On a réellement l'impression de vivre en accéléré, de multiplier les expériences déstabilisantes, de comprendre enfin ce qu'est l'art et de se poser les bonnes questions sur son utilité ou son inutilité. C'est un truc totalement fou, qui en laissera plus d'un sur le bas côté, une oeuvre si riche et indescriptible qu'il vaut mieux ne rien en dire, poser là son clavier et retourner la voir, encore et encore, quitte à en devenir complètement taré.
8/10