Mémoire d’un fou d’Emma a été chroniqué par Bartleby ici. Après avoir accordé un entretien à Bartleby (là), Alain Ferry a eu la gentillesse de répondre à notre petit questionnaire.
Que ferez-vous lorsque plus personne ne lira de livres ?
Lire ? S’il n’en reste qu’un, je serai celui-là. Sérieusement, l’hypothèse de cette misère m’est impensable.
Le premier souvenir (ou émotion) littéraire ?
Ce fut la lecture de Naufragé volontaire d’Alain Bombard. Et à peu près en même temps, Les Fleurs du Mal. Mes deux premiers livres personnels.
Que lisez-vous en ce moment ?
En ce moment même ? Je lis toujours deux ou trois livres en même temps. En ce moment : De A à X de John Berger. Quand les images prennent position de Georges Didi-Huberman. Tout est bien de Roger Stéphane.
Suggérez-moi la lecture d'un livre dont je n'ai probablement jamais entendu parler.
Un livre, un poème que personnellement j’ai lu il y a peu de temps, mais que vous connaissez peut-être : De reditu suo ou Sur son retour de Rutilius Claudius Namatianus (Aurorae Libri éditeur, 2007). On y voit ce beau vers : « Ces exemples nous apprennent que les villes aussi sont sujettes à la mort : Cernimus exemplis oppida posse mori » (p.30).
Le livre que vous avez lu et que vous auriez aimé écrire ?
Une œuvre dans un genre où je n’ai pas mes maîtres : le théâtre. Être l’auteur d’Antigone, ou de La Cerisaie : quelle félicité ! Dans le domaine du roman : Madame Bovary. Ou Ulysse, de Joyce. Ou Jacques le fataliste.
Quel est le plus mauvais livre que vous ayez lu ?
N’a pas laissé de trace.
Quel est le livre qui vous semble avoir été le mieux adapté au cinéma ?
Le titre qui me vient à l’esprit maintenant est : Zazie dans le métro, de Louis Malle.
Écrivez-vous à la machine, avec un ordinateur ou à la main ?
Je prends des notes à la main. J’écris avec un ordinateur. J’aime prendre des notes, copier des citations, à la main.
Écrivez-vous dans le silence ou en musique ?
Dans le silence.
Qui est votre premier lecteur ?
Je suis cet homme. Quelquefois j’interroge mon épouse Dominique.
Quelle est votre passion cachée ?
La rêverie.
Qu'est-ce que vous n'avez jamais osé faire et que vous aimeriez faire ?
Chanter un fado dans un bar de l’Alfama à Lisbonne. Ou danser gracieusement, en toute liberté. J’ai regardé récemment Retour à Kotelnitch d’Emmanuel Carrère. Dans une séquence du film, j’ai aimé le voir danser si facilement avec ses amies russes.