Aujourd’hui, la marque dont le logo représente une maman (ou un papa ?) oiseau qui donne la becquée à ses petits dans le nid, ambitionne de nourrir, ou plutôt de vendre de l’alimentation à, la terre entière. L’objectif du géant et de ses quelques adversaires sur le marché de la (mal)bouffe : conquérir le monde pour le gaver des produits issus de ses usines. Et exclusivement de ses usines, sinon ce n’est pas commercialement intéressant.
Et, c’est le 1er avril dernier – j’ai crû un moment que c’était un poisson pané Findus – que Peter Brabeck, le CEO de Nestlé déclare dans une entrevue accordée au Financial Times que la crise alimentaire va devenir « pire » et que les plus pauvres ont déjà été « touchés très, très durement ». Il ajoute qu’il s’attend à une augmentation des prix alimentaires de 3 à 4 % en raison d’une hausse de la demande.
Bref, le patron de Nestlé prépare le terrain glissant sur lequel son entreprise évolue en diffusant largement ses prévisions pessimistes, mais réalistes, tout en omettant soigneusement d’évoquer l’écrasante responsabilité des entreprises agroalimentaires dans ladite crise alimentaire.
Au premier rang de ces responsabilités, on trouve la très juteuse politique de production exportatrice imposée aux pays du Sud par les institutions financières internationales histoire de diminuer leur dette. Une politique qui se fait bien évidemment au détriment de l’agriculture vivrière de ces pays et pour le plus grand bénéfice des entreprises comme Nestlé, Parmalat et Gloria qui contrôlent tout le commerce alimentaire de pays comme le Brésil.
C’est ainsi qu’après un bénéfice record, en hausse de 70 %, de 18 milliards de francs suisses pour 2008, Nestlé peut espérer remettre la compresse en 2009 en imposant une « croissance organique » de 5 à 6 %.
Pendant ce temps, un être humain meurt de faim toutes les trois secondes.