Le 2 avril, à Londres, a eu lieu le sommet du G20. Comme date symbolique, le 1er avril avait été soigneusement évité. Car ce n'est pas une
farce qui s'est jouée mais une tragédie pour tous ceux qui sont épris de libertés.
Peut-être parce que le titre de son livre est né de l'inversion de son année d'écriture, George Orwell s'est trompé d'un quart de siècle. Big Brother c'est "2009" et non pas
"1984". Le G20, dont la légitimité est autoproclamée et qui fait figure de réel Big Brother, a donc accouché de ce que les média, dans la novlangue, appelle un nouvel ordre mondial, qui
pourrait s'avérer le plus grand désordre mondial, grande dépression à la clé.
Au nom de la liberté d'inquisition l'ère du secret bancaire a été proclamée révolue par le G20. Thierry Afschrift, dont j'ai commenté ( ici ) l'étude ( ici ).mise en ligne par l'Institut
Constant de Rebecque ( ici ) montre qu'en réalité le secret bancaire est une protection contre la "conception totalitaire du rôle du pouvoir sur
les citoyens". La proclamation du G20 est par conséquent emblématique.
Dans la grande tradition des totalitarismes le G20 ( ici ) a dressé des listes de suspects.
Comme on n'est jamais aussi bien servi que par soi-même, aucun membre du G20 n'a été listé. Les Etats-Unis figurent parmi les blanches colombes, en dépit du Delaware et du
Wyoming, de même que la Chine, en dépit de Hong-Kong et Macao, et que le Royaume-Uni, qui a même obtenu que ses territoires "indépendants", Jersey, Guernesey et l'Ile de Man,
figurent à ses côtés, puissance invitante du sommet de Londres oblige.
Parmi les pigeons gris se trouvent les paradis fiscaux, tels que le Lichtenstein et Monaco, et les autres centres financiers, tels que la Suisse
et l'Autriche. S'ils veulent devenir blancs comme neige, ils doivent conclure 12 accords d'échange d'information avec des pays de l'OCDE. Les Pays-Bas qui en ont déjà
conclu 7 et les Iles Caïman 8 pourraient bientôt être blanchis.
En Suisse les nouveaux munichois ont poussé un lâche soulagement : le pire a été évité. Ah bon ?
Les oiseaux noirs sont au nombre de 4 : Costa-Rica, Malaisie, les Philippines et l'Uruguay. Ils ont intérêt à vite se bouger sinon Big Brother promet de les
sanctionner d'importance.
Le premier oeil de Big Brother c'est l'OCDE ( ici ) qui est chargée de la surveillance des pays listés. Le G20 lui demandera de rendre compte en
septembre, lors du prochain sommet de Big Brother.
Le second oeil de Big Brother, coordonné au premier, c'est le Forum de la stabilité financière ( ici ) qui est chargé de la surveillance financière.
Car si la crise que nous connaissons est due à l'interventionnisme (voir mon article Pour Pascal Salin la crise financière est due à l'interventionnisme ), Big Brother a décidé d'intervenir encore et encore.
Le secteur bancaire, tout en étant un secteur ultra réglementé, a failli. Eh bien il sera encore plus réglementé :
"Errare humanum est, perseverare diabolicum"...
Tout sera surveillé par le FSF : rémunérations et bonus, agences de notation, comptabilités via de nouvelles normes comptables etc. Le FSF fera bien entendu une chasse à mort aux
paradis fiscaux. Il est urgent que le monde entier devienne un enfer fiscal.
Pourquoi ?
Parce qu'il a été décidé d'injecter 5'000 milliards de dollars dans l'économie mondiale pour la relancer. Ce qui risque bien de préluder à une grande dépression que Big Brother prétend
vouloir nous éviter.
Ce que dit Dick Arney dans le Wall Street Journal du 31 mars 2009 (traduit par l'Institut économique Molinari ici ) à propos du gouvernement des Etats-Unis peut être étendu à l'ensemble des pays qui s'apprêtent à relancer leur
économie (voir aussi mon article Les politiques de relance de l'économie par l'Etat échouent toujours ) :
"Si personne ne semble s’inquiéter du fait qu’il va falloir financer
le plan de relance de plus d’un trillion de dollars, il faut quand même s’accorder sur le fait que l’argent devra bien venir de quelque part : des taxes plus élevées, des emprunts ou encore la
création monétaire.
Si le gouvernement emprunte pour payer le plan de relance, il devra créer de la monnaie ou augmenter les impôts pour rembourser l’emprunt. Si le gouvernement augmente les impôts pour payer le
plan de relance, il aura pris à Pierre pour donner à Paul. S’il imprime de l'argent, cela augmentera l'inflation, et entraînera une diminution de la valeur du dollar. Ce qui sera in fine prendre
à Paul pour rembourser Paul avec de la monnaie dévaluée.
Prélever l'argent de l'économie privée – par le biais de taxes ou par l'inflation – pour financer des dépenses qui ne permettront pas de réaliser de vrais gains économiques est pire que de ne
rien faire."
Les pays qui s'en sortiront le mieux seront donc ceux qui auront le moins relancé. Ceux qui n'auront que timidement répondu aux injonctions de Big
Brother.
Francis Richard