Romain s’interroge sur son blog : « Philippe Val sur France Inter, pourquoi tant de haine ? ». N’ayant pas envie de gaspiller des pixels pour répondre en commentaire, je vais lui en faire un billet !
Je connais Philippe Val depuis plus de 25 ans, à l’époque où il formait un couple de chansonniers avec Patrick Font, « Font et Val ». J’avais été les voir sur scène à Nantes début 1987, ce qui ne nous rajeunit pas, où j’étais étudiant. Coluche était mort et n’allait pas tarder à être rejoint par Desproges. Font et Val ont, à cette époque, été des espèces d’icônes (toi-même !) pour moi, même s’ils n’avaient pas la notoriété des deux autres ! En fait, je les connaissais un peu par hasard : dans le début des années 80, le grand frère d’un copain les écoutait en boucle dans sa voiture, probablement sur une cassette piratée au mépris d’Hadopi.
Patrick Font a connu une mésaventure une petite dizaine d’années plus tard : « En 1996, Patrick Font est accusé d’attouchement sur mineur dans un cadre institutionnel, commis dans l'école de spectacle Marie Pantalon. Il est condamné en 1998 à 6 ans de prison. » Le pauvre ! Il ne savait pas que c’était interdit de tripoter les mineures que les parents lui avaient confiées.
Cette histoire m’avait affecté. Rien de grave, rassurez-vous ! Je n’ai pas plongé dans la dépression. Tout juste ai-je repris une bière pour me remettre. Mais un mythe s’effondrait… Psychologiquement, on est cons parfois. N’ayant jamais, à cette époque, dissocié Font et Val, Val a subit les dommages collatéraux des attouchements de son compère : il est tombé dans mon estime. Il est même tombé plus bas que Font, celui-ci gardant en moi un peu de « pitié », de « mansuétude ». Il avait fait une connerie et allait se retrouver en tôle…
Ainsi, des blogueurs plus jeunes que moi connaissent Val comme recréateur de Charlie Hebdo, comme chroniqueur à la radio, ils suivent son engagement politique, le respect ou non, … alors que pour moi, c’est un peu resté le compère de Font, tombé il y a plus de 10 ans. C’est con.
Mais je l’avais oublié (je n’ai jamais été fan de Charlie Hebdo et toutes ces histoires de médias m’intéressent peu) et je l’ai retrouvé, il y a quelques années, pour une critique vers 7h55 sur France Info, tous les vendredis matins (j’allais en voiture au boulot). Tous les matins, à cette heure, France Info avait ainsi une rubrique humoristique (de mémoire, Stéphane Guillon était de la partie un ou deux jours par semaine). J’aimais bien les écouter, juste avant de m’engouffrer à mon travail pour peaufiner et publier le billet que j’avais en tête ! A la limite, ils étaient tous presque des collègues (des maîtres, bien sûr !) à moi, puisque nous avions tous en charge de rigoler avec l’actualité avant que les bourgeois ne reprennent leur travail. Philippe Val a alors recommencé à m’énerver… De part son « expérience », France Info le positionnait à un cran au dessus de ses collègues et il s’érigeait souvent en « donneur de leçons ».
Mes collègues blogueurs appellent ça un engagement politique alors que, pour moi, tous ces gugusses de 7h55 n’étaient que des clowns, dans le sens noble du terme, puisqu’ils avaient comme mission de me rendre de bonne humeur en allant au boulot ! On n’a donc pas le même regard et je me demande si les blogueurs ne sont parfois pas trop sérieux… Comme Val. Peut-être comme moi, ce matin.
Puis l’affaire Siné est arrivée ! Tiens ! Siné ! Lui, ça fait près de 35 ans que je le connais. Quand j’étais môme, mon père avait un recueil de dessins de Siné. Tout petit, déjà, peut-être six ou sept ans, j’adorais qu’on tape sur les militaires et les curés… Je n’ai pas changé. Un humoriste Juif aurait déclaré « Ah ! Le fils Sarkozy est prêt à se convertir au Judaïsme pour épouser la fille d’une famille riche », tout le monde aurait rigolé. Mais Siné avait sa réputation d’antisionniste, donc d’antisémite. Une partie de la profession lui est tombée dessus, dont son chef Philippe Val, celui qui avait défendu son journal dans l’affaire des caricatures de Mahomet. Deux poids, deux mesures, dans des affaires bien compliquées… où je considère que l’humoriste doit être défendu. Ne débattez pas de l’affaire dans les commentaires : ce n’est pas le sujet. Je vous explique juste pourquoi, d’épisodes en épisodes, Philippe Val baisse dans mon estime ! Toute votre argumentation n’y changera rien !
A ma connaissance, Philippe Val n’est pas encore patron de France Inter et je l’ai dit, je m’en fous. Mais s’il refusait le poste, il remonterait peut-être un peu dans mon estime en ôtant, à Nicolas Sarkozy un discours de type : « Vous voyez, tous les médias ne sont pas à droite, je m’en suis moi-même personnellement assuré en nommant un patron de gauche à France Inter car je suis un type ouvert ».
Applaudir l’éventuelle nomination de Val consiste tout simple à applaudir la politique d’ouverture de Nicolas Sarkozy. Je ne vais pas, pour autant, adhérer à un groupe Facebook : certains combats sont grotesques. Ca se joue entre Nicolas Sarkozy, Philippe Val et sa conscience.