Rappelons que cette crise est avant tout dûe aux légèretés des Banques, organismes de crédit et de certaines compagnies d’assurance qui ont spéculé sur de mauvais chevaux (des subprimes titrisés à partir de paradis fiscaux), mais que ceci a été amplfié et n’a été possible que du fait de la politique laxiste en matière de crédit et de taux d’intérêts de la Banque fédérale américaine, elle-même tenue à cette politique du fait de la stagnation des salaires aux USA depuis le début des années 90. A l’issue de cette crise, les principaux pays développés vont se retrouver affaiblis, et avec des endettements monumentaux. Il me semble aujourd’hui inutile de relever l’effrayante responsabilité de tous les théoriciens, économistes et politiques pour lesquels la dérégulation était un dogme et qui rejetaient avec un hautain mépris, tous les arguments de ceux qui prônaient un peu de rigueur et de régulation.Rappelons encore que les bilans des banques et de certaines compagnies d’assurances ne sont pas encore transparents et cachent encore quelques gouffres financiers qui apparaîtront dans les mois qui viennent.
Les décisions du G20 me semblent en partie cosmétiques. Elles suivent la stratégie Obama de relance de la croissance (5 000 milliards $ injectés dans l’économie) qui a été adoptée, mais qui reste celle d’un endettement toujours plus important dans l’attente d’une dévaluation unilatérale et forte du dollar, perspective que les autres pays, notamment les émergeants craignent, à la fois parce que plus fort sera l’endettement plus incontrôlable risque d’être la dévaluation.
Ne parlons pas de la modification des règles comptables qui, elle aussi, est du ressort du maquillage, ni de la règlementation des bonus aux traders, mesure que n’importe quelle entreprise financière pourra tourner très facilement. Est aussi de l’ordre du cosmétique le décret français limitant jusqu’en 2010 les revenus des PDG des entreprises aidées par l’état, oubliant au passage l’ensemble des avantages (notamment les exonérations de charges sociales) dont bénéficient les entreprises françaises. J’aurai attendu des mesures techniques sur l’encadrement des techniques financières spéculatives. Je ne vois pour l’instant rien dans ce domaine.
Le renforcement des compétences du FMI (et de ses ressources), du FSF et de la Banques mondiale sont à priori plus sérieuses, avançant vers la gouvernance mondiale dont a besoin une économie mondialisée. Reste que les compétences sont une chose, la manière dont elles seront mises en oeuvre en est une autre et là, il y a lieu de s’inquiéter et de rester vigilant.
La libre circulation des capitaux, selon les principes mêmes des tenants du capitalisme, suppose une connaissance parfaite et donc des informations fiables sur l’origine de ces capitaux et leur pérégrinations. Cette règle se heurte au secret bancaire et la première mesure à exiger des paradis fiscaux est celle de la transparence la plus complète et pas seulement de céder sur les gros dossiers de fraude. L’obscurité actuelle, outre qu’elle seule permet le blanchiment de tout l’argent noir, notamment celui des narcotrafics, qu’elle autorise la titrisation de créances pourries, couvre aussi celle de l’argent gris de la corruption (dont bénéficie une part importante des politique mondiaux, notamment dictateurs), des trafics d’armes et autres matières sensibles. Ne l’oublions pas, les paradis fiscaux permettent une évasion fiscale (notamment des multinationales à travers les transferts) de plusieurs centaines de milliards de $ annuels (50 milliards d’€ par an pour la seule France, soit le budget de l’Education Nationale) au détriment des plus pauvres de tous les pays.
La traçabilité des capitaux, devient, comme celle de la viande bovine, une condition d’hygiène essentielle à un marché mondialisé et à la libre circulation des capitaux; elle posera des problèmes à quasiment tous les gouvernements pas forcément heureux de voir au grand jours et au minimum, un certain nombre des turpitudes de ceux qui ont financé leurs campagnes électorales. Je crois plutôt que les décisions du G20 sont faibles, comme le dit le blog Déchiffrages : “Ce n’est pas la fin du secret bancaire, seulement une légère porosité, quasiment mesurable : 250 fraudeurs américains coincés en Suisse pour 53.000 intouchables“.
Tuer les paradis fiscaux est pourtant simple: il suffit, dans un premier temps d’interdire aux entreprises nationales des pays dits de droit d’y implanter des succursales, dans un second temps, d’interdire à toutes les entreprises nationales d’y envoyer ou d’en recevoir le moindre centime sous peine d’énormes amendes, avant de mettre sur liste noire tous les établissements étrangers n’appliquant pas ces mêmes mesures. Cela prendra dix ans, mais l’effet serait radical. De Gaule avait mis en 15 jours Monaco au pas, qu’attend donc N. Sarkozy ?
Pour le reste, ne voir la sortie de crise que dans le rétablissement de la finance sans séparer les banques d’affaires des banques de dépôts, sans le retour d’une croissance qui soit écologique me semble suicidaire, comme d’ailleurs toutes les mesures qui ne réduiront pas les inégalités car n’oublions pas que le grand responsable de cette crise dans laquelle nous ne faisons encore qu’entrer, est l’endettement des nations développées certes, mais aussi des ménages dont les salaires stagnent depuis le milieu des années 90.
En ce qui concerne notre Président, Suffisance auto-satisfaite, Les Echos nous éclairent sur le pourquoi de ses gesticulations: “Nicolas Sarkozy a obtenu les symboles qu’il demandait”…! On aurait préféré des mesures concrètes, mùais qu’espérer du cinéma de l’ex-admirateur inconditionnel de GW Bush ?
La tare congénitale de ce G20 est de s’être tenu à Londres qui, outre sa protection accordée aux Iles anglo-normandes, Gibraltar et les Iles Caïman et quelques autres, possède, avec la City le centre d’aiguillage mondial des paradis fiscaux. Compte-tenu de la réalité des convictions de gauche des dirigeants du New Labour, on peut douter de la volonté de M. Brown de mettre de l’ordre dans tout ça. La forte remontée des Bourses mondiales dès le communiqué final m’inquiète plus qu’elle ne me rassure. Ces gens là, essentiellement hedge funds pour les grossse masses de montants échangés, interprètent les résultats du G20 comme un blanc-seing à la poursuite de leurs activités, ces mêmes activités qui nous ont conduit dans le mur.
- Portrait d’un banquier, ordinaire ? Le Monde.
- Le “Manifeste pour la métamorphose du monde” par Edgar Morin, Pierre Monod et Paskua. BastaMag.
- Sarkozy: les (faux) patrons lui disent merci. Oxfam France.
- “Le monde financier s’installe dans le déni et maquille ses comptes”. Blog de P. Jorion.
- “L’abus du désir d’argent …” Le Monde.