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Voyez la vie en rose!

Par Ochato

Coincidence amusante, les beaux jours, et avec eux les vins rosés, font leur retour alors qu'est débattue à Bruxelles la question d'autoriser ou non la production de "rosé" par mélange de vin rouge et de vin blanc (cf notre article)...Prompt à sortir son panier en osier et sa couverture à carreaux pour aller pique-niquer dans la nature (accompagné, bien évidemment, d'une fraiche bouteille de rosé), Christophe nous vante les mérites de ce vin dont la robe est synonyme de fraicheur et de légéreté, mais aussi pour certains de "non-vin"...Espérons que certains commissaires européens lisent sa prose et se laissent tenter par un petit verre de rosé, histoire d'être convaincus que non, définitivement non, le "rosé de mélange" n'a pas lieu d'être.

Cette semaine arrive à point nommé ! En effet, c’est avec le changement d’heure que la température s’est élevée ! Serait-on en train de revivre les saisons « comme autrefois », lorsqu’elles correspondaient au calendrier ? J'aimerais le croire !

Je me souviens des moissons de l’année 1976, dans la Vienne, à Salles, chez mon grand-père paternel ! Ces odeurs presque toastées de l’épiaison lorsque la récolte était versée dans la remorque par la moissonneuse batteuse…nous étions ma sœur et moi dans cette remorque où nous adorions voir les céréales à l’état brut se déverser et commencer à nous submerger. Le mélange plus qu’hétéroclite des grains avec les insectes et je ne sais quoi d’autres nous démangeaient instantanément, et l’on ressortait assez précipitamment, non sans avoir tenté l’ultime action, celle de retirer nos t-shirts ! Or, rien n’y ferait jamais ! Et chaque année le même rituel recommencerait !

Et puis cette autre image, dans laquelle je semblais graviter non seulement au dessus du paysage alentour, mais aussi de tous ces gens qui sortaient de chez eux pour nous regarder passer. Il faut dire qu’il y avait de quoi être fier car à ce moment là, je me trouvais à quatre ou cinq mètres de hauteur accroché au cordage d’une des centaines de bottes de foins que mon grand père, qui conduisait la charrette avec son cheval, venaitde charger avec quelques amis. Lors de la canicule de 1976, c’était pratiquement intenable, et nous suintions autant de notre travail que de notre immobilité, malgré les casquettes et autres chapeaux de pailles dont nous nous étions affublés.

Rien n’a jamais pu entacher ses souvenirs, et la puissante évocation de ces effluves, alourdies par l’incrédulité de leur essence, mais aussi épurées d’une eau dont elles semblaient défaites, ne fut comparable qu’en 2003, mais lors d’une tout autre circonstance, et en 2006, lorsque je dégustais avec un ami, dont j’appris le soir même qu’il s’était marié en 1976, un grand Pomerol « Vieux Château Certan » 1976 somptueux, dont le nectar se révéla dense et intense en saveurs, comme en structure(prune, pruneaux, truffe, etc). Paradoxe de ce millésime si peu acide : le vin n’était ni diminué, ni même fatigué après toutes ces années ! Une exception je pense ! Je n’ai pas, depuis, re-gouté des vins de 1976 !

Mais laissons ces souvenirs roses au passé, pour en revenir au présent, qui devrait êtretout aussi rose, ou mieux encore rosé, si la température continue à s’élever!

Domaine de la Prose Prosé 2008
Soyons clair , j’offrirais plus aisément un bouquet de roses qu’un bouquet de rosés, tant la variété qualitative de celles-ci est plus avérée que celle de ceux-là ! Pourquoi ? Car le procédé ne semble pas si compliqué ! En effet que ce soit par pressurage direct, saignée ou rosé d’une nuit, la vinification ne demande pas autant de manipulation, ni de temps, que pour les blanc ou les rouges…. ?! Et pourtant le jus que vous allez mettre en bouteille doit être, en terme d’arômes, de saveurs, de structure et de fraicheur (sans oublier l’un des éléments les plus importants, sa couleur), le plus équilibré et le plus harmonieux possible tout en exprimant les cépages utilisés sur leur terroir ! Pas évident du tout ! Pas évident non plus d'avoir une centaine de bouteilles à déguster, et qu’en un instant qui doit être bref, mais où la concentration est optimale, vous devez comparer et choisir ceux ou celui qui délivrera l’harmonie et l’équilibre recherchés au sein de son terroir !

En ce qui me concerne, la robe si importante (les bouteilles

Rosé domaine les Grandes Costes les Musardises
utilisées pour les rosés sont le plus souvent blanches) passe après, mais, ce n’est pas un problème car lorsque le vin est excellemment construit il ne peut avoir qu’une robe remarquable, y compris lorsqu’elle peut avoir quelque turbidité inhabituelle !

Nous vous proposons pour la seconde année, après un formidable millésime 2007, le « Prosé » 2008, toujours aussi savoureux, aromatique, gourmand sans excès et frais ! A déguster entre amis, à l’apéritif ou l’après midi sous la tonnelle !

Doté d’une même franchise,« le Rosé des 2 ânes » combine harmonieusement un « entêtement » digne de son terroir et à son image (épice/pin/fumé minéral/salinité) et des saveurs justes et précises de fruits rouges et noirs « croquants » transportés par une mâche volumineuse et « gargarisante » ! Un rosé « musqué » qui rafraichira tous vos repas délicatement sudistes !

Quant aux « Musardises » 2007, une année d’attente lui a permis de s’exprimer avec un volume, une longueur, un fruit, que peu de rosés peuvent espérer atteindre…une grenadine pour adulte surprenante sur des grillades de viandes blanches, par exemple!

Rosé domaine Pieretti
Et si l’on traversait quelque peu la méditerranée, histoire de se mettre dans le bain, pour accoster sur le versant oriental du Cap Corse…nous serions surpris d’atteindre la terre et de se retrouver, en quelques pas, au milieu des vignes ??!! Illusion ?? Ma foi, non ! Fantasme ?? Oui peut être, si l’on considère que dans ces vignes, la silhouette se dessinant dans le reflet de vos yeux hagards appartiendrait sans aucun doute à Lina Venturi-Pieretti, vignerone et femme remarquable,vous accueillant, et vous proposant de déguster quelques nectars issus de ses vignes salines et dorées par les embruns ! Et vous auriez raison d'accepter! Les rosés (et les blancs) 2008 sont en Corse, pulpeux, chatoyants et rafraîchissant!

Si vous les désirez plus racés, alors vous dégusterez ceux de Jean-Paul Gentile, dont le domaine est situé près de Saint-Florent dans

Rosé domaine Gentile
la le giron de l’appellationPatrimonio. Jean-Paul, Corse de nature, dont l’histoire familiale est intimement liée à la qualité intrinsèque des vins de l’ile de Beauté, perpétue avec une rigueur et une constance qui n’appartient qu’à lui, l’excellence du duo terroir/cépage !

Enfin si vous êtes curieux, comme tout bon épicurien, voire un peu téméraire, n’hésitez pas à vous gargariser avec le « Rosé des Oufs » du Domaine Henri Milan, situé à Saint-Rémy de Provence. Ce breuvage, à l’étonnante turbidité et l’allure sciemment décalée, ne doit pas vous décontenancer : c’est l’un des rosés les plus gouleyants qui soient !A déguster quand bon vous semblera !

J’en appelle maintenant à celles et ceux qui, comme moi il y a quelque temps, s’obstineraient à négliger, voire à s’interdire de boire ce qu’ils considèrent, presque naïvement, comme du « non-vin » !

En effet, le rosé n’aurait pas la finesse, l’acidité, la complexité, l’élégance d’un vin blanc ?! Il ne supporterait aucune comparaison avec un vin rouge : manque de structure, de corpulence, de complexité, etc !? Oui, ceci est en partie vrai ! Il existe cependant quelques raccords intéressants : la fraicheur, la rondeur, et des parfums, voire une mâche suffisamment dense pour soutenir des entrées, salades et viandes blanches ou rouges en grillades, des poissons divers et variés ! Ainsi, l’on peut apprécier le rosé lorsque l’on ne se sent pas la force de se confronter à une acidité mordante, ou à la suavité parfois diaphane d’un blanc, et lorsque l’on désire croquer quelques fruits rouges ou bleus par exemple, sans surajouter de la matière (tanins) à celle que l’on déguste déjà dans son assiette ! L’ensoleillement (l’émergence du Printemps et le plein été) est, d’après moi, un allié du rosé !J’ajouterais, pour finir, que tous les rosés proposés sur le site sont à l’image de la gamme de chacun des vignerons. Ainsi, pour tous ceux qui apprécient déjà une cuvée en blanc et/ou en rouge chez tel (ou telle) vigneron(e), vous pouvez tenter son rosé, il ne pourra vous déplaire !!   

Christophe Guitard

 

 

Retrouvez tous les rosés disponibles sur le site, et à la boutique


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