Your Tube

Publié le 03 avril 2009 par Didier Vincent


Contrairement à ce qu'on pense (quand on ne pense pas) le métro est un territoire interlope, cosmopolite, mélangé, oscellé (arrête les participes, tu vas lasser). Le genre humain s'y coudoie, celant ses différences : c'est un transport en commun pas commun. Peu de gens arborent la solitude, donc beaucoup font semblant de lire comme s'ils passaient leur vie entière à faire ça : se faire dévorer par des bouquins. Des jeunes en goguette s'esclaffent, indifférents aux galaxies environnantes ; des vieux rabougrissent en machônnant leur maigre horizon ferroviaire, (la vie duraille) ; la déambulation souterraine s'image en une chimie du côtoiement muet inter ethnique, inter classe, inter minable (arrête, tu vas lasser). Bref, l'humain ne vit en paix qu'en caste et indifférent à l'autre. (Parce que franchement : on ne peut pas se blairer les uns les autres. On ne le peiut pas : on ne se connaît pas). Donc, cette marée d'indifférence est la sauce qui lie cette faune urbaine que nous sommes ici : hypermétroïdes, hypermétropes aux autres, hyper ses affaires (arrête...). Un orchestre tsigane bouscule à peine les identités croupies. Un SDF discourant, un paranoïaque jactant, une bande de jeunes (j'y reviens) chahutant, un bébé vociférant, un homme grenouille en civil, que sais-je ? On est fait pour s'y sentir seuls, même en groupe. Seul le sourire partagé arrive à créer un instant de communauté humaine. Juste un instant. celui-là est précieux car, réfléchissez-y, c'est un des rares moments non prévus où vous sortez de vos communautés de prédilections pour partager une des choses que personne jamais ne pourra acheter, voler, effacer : un simple sourire.