Mais que font-ils ? Ils ne saisissent pas
l'urgence de la situation ? Mais que font-ils ? Que veulent-ils ? Que ça explose ? La guerre civile ? Ou alors ne se rendent-ils pas compte de la violence de l'époque et des excès qu'elle peut
induire ? Ils pensent que les communautés religieuses vont régler ça ? Ils démissionnent ? Ils pensent que les associations cultuelles pourront ramener la paix sociale en des quartiers où chaque
jour elle s'éloigne un peu plus ? Que pensent-ils de ce qui est train d'advenir ? Je ne cesse de m'interroger sur les acteurs de territoires, sur les
politiques et les relations qu'ils entretiennent avec ces quartiers ! Des quartiers dans lesquels nous vivons. Oui les acteurs sont de moins en moins nombreux ; point critique atteint; il ne reste
plus qu'à attendre l'explosion ! Tranquillement ? Non ! Tranquillement patienter ? Il ne reste rien à faire ? De courrier ébahi, en appel à l'aide, je regarde le monde avancer... Les autres
ferment les yeux, je ferme les yeux ! Les autres se bouchent les oreilles, je me bouche les oreilles ! Les autres se taisent, je me tais ! Je n'avais jamais éprouvé cela auparavant, ; de signe en
signe la violence grandit et la fronde contre la société prend corps. Dans le quartier où nos bureaux sont installés, comme dans cent autres quartiers, comme dans mille autres quartiers, la
violence naît mais elle ne semble pas être le fruit de revendications pour sortir d'une misère sociale dont on aurait assez, de réflexions qui nous font lutter pour améliorer les espaces collectifs
! Non ! Elle est là, violence brute et sauvage, capable de raser notre société. En notre époque consommatrice, ils (les outils de la violence) se nourrissent de nos lacunes, mais n'imaginent pas
une société de l'après ; ne veulent pas d'une société meilleure. Elle est là, violence quotidienne et misère sont le terreau d'une sombre époque. La répression se fera grande, les libertés se réduiront, les enfants ne chanteront plus. Dans les larmes et
le sang, de sueur et de douleur pleine, nous verrons l'époque avancer contre l'humanité. Rouleau compresseur qui va écraser et réduire de nombreuses années d'espoir et de constructions. Nous en
sommes arrivés là ! De ce quartier où nous avions pris nos aises, nous Mille et une Vies, bientôt déménagerons. Parce que nous ne pouvons plus, impuissants regarder la destruction
brique à brique sans autre raison que la destruction. Alors nous ne verrons plus. Mais ça continuera de grandir, de mûrir...et puis un jour, demain, dans un an, ça explosera ! Ne faites pas cela,
ne laissez pas cela grandir, ne fermez pas les yeux, ne bouchez pas vos oreilles, ne laissez pas vos mémoires devenir blanches à force d'écran qui rendent la réalité lointaine. Elle est à la
porte....
Je voulais laisser trace, partager l'effroi qui me gagne ; pendant un temps oubliant les territoires de la création marrionnettique, je voulais tendre la main vers un
hypothétique interrupteur... mais avançant dans le récit je constate que les mots sombres éclairant nullement ont tendance à assombrir encore plus le tableau ; alors malgré les lacunes du
texte, vite je décide d'interrompre le fil et de cliquer sur le bouton publier. Peut-être un mot de lecteur, (ré)ouvrira le débat différemment... Pour l'heure il est temps de retourner à d'autres
tâches pendant que dehors continuent, entre cris et hurlements, de se dérouler d'autres fils du quotidien...
Fabrice Levy-Hadida - Cie Les Mille et une Vies - Théâtre de marionnettes Itinérant