Je me demande si, en fait, à mon insu, on ne m'aurait pas inscrite dans une émission qui serait un mix de "Vis ma vie", "Vie privée, Vie publique" et "Confessions intimes.".
Parce que là, c'est certain, je viens de me réincarner en Mireille Dumas. Je n'ai plus qu'à me mettre un caniche abricot, mort, sur la tête pour avoir la même coiffure, j'enfile ma veste en cuir, et là, je comprendrais pourquoi tout
le monde me prend pour Mireille Dumas !...
Et non, ça ne me plaît pas d'être Mireille Dumas. Ecouter des gens connus qui viennent raconter jusqu'à quel âge ils ont fait pipi au lit ou les plus grands traumatismes qu'ils ont vécu quand ils
n'étaient que des mini stars, ça ne fait pas partie des mes grandes ambitions. Je n'ai pas envie d'être la psy des stars...
Et j'ai encore moins envie d'être la psy des parents d'élèves : à la place des stars, j'ai des mamans et des papas d'élèves qui viennent me raconter tout un tas de choses que je n'ai pas
forcément envie ou besoin de connaître... et qui n'ont pas de rapport leur enfant ou avec l'école. Je me retrouve à les écouter, à dire "oui, oui", "effectivement, oui"
avec un air faussement intéressé... Avant, les gens
s'échangeaient les adresses des psys, maintenant, sous le manteau, ils se donnent le nom des profs à qui ils peuvent raconter leur vie. C'est gratuit et ça ne creuse pas le trou de la sécu !
Certains collègues font exactement pareil : ils viennent vider leur sac sur leur vie professionnelle ou personnelle. Ils parlent, parlent, parlent... les plus sympas termineront par un
"merci, ça m'a fait du bien d'en parler avec toi" alors que les plus égoïstes ne s'inquièteront même pas de savoir ce que vous avez quand vous avez votre tête des mauvais jours ou que
vous répondez un vague grognement à la question "ça va ?".
Sauf que moi, je suis prof et pas psy. Je ne sais pas forcément comment gérer certaines choses qui me sont dites. Je ne suis pas faite pour absorber tous les malheurs du monde. J'ai déjà mes
propres soucis à gérer. Je ne dis pas qu'ils sont plus importants que certains problèmes de gens de mon entourage, mais moi, je suis seule à les affronter et à les résoudre.
Alors, maintenant, je suis égoïste. Je gère mes problèmes en priorité.
Ensuite, j'écoute et j'essaie d'aider ceux qui sont là pour moi, ceux qui m'écoutent, ceux qui font attention à moi et s'inquiètent de me voir avec une petite mine ou un petit moral. Je suis là
pour eux comme ils sont là pour moi. Je m'inquiète pour eux, je réfléchis avec eux à des solutions. Bref, j'essaie d'être là autant que faire se peut.
Pour les autres, je joue à Mireille Dumas : je mets un caniche abricot mort sur la tête pour les frisouilles, une veste en cuir, je dis un "Oui, oui" toutes les dix secondes...
Top générique !