Les musiques indiennes représentent les musiques du sous-continent indien sous toutes ses formes et toutes ses variétés englobant ainsi l'Union indienne, le Pakistan, le Bangladesh, le Népal et le Sri Lanka. De même qu'il n'existe pas une langue indienne, mais plusieurs centaines de langues et de dialectes, il n'existe pas, à proprement parler, de musique indienne unifiée.
Dans les pays occidentaux, l'étude de la musique de l'Inde est longtemps restée entre les mains des érudits, qui seuls pouvaient avoir accès aux traités en langue sanskrite ; cependant, pour la plupart, ils ignoraient la musique vivante du continent indien.Avec d'une part l'avènement de l'enregistrement sonore, avec d'autre part la venue de virtuoses indiens dans les salles de concert de l'Occident, on assiste depuis quelques décennies à une réelle diffusion de la musique savante indienne ; mais on doit en même temps constater une méconnaissance des musiques villageoises, tribales ou citadines, qui demeurent profondément liées à la vie quotidienne des peuples de l'Inde
La musique a toujours eu en Inde une double vocation : l'une destinée au temple et aux dieux, l'autre réservée au divertissement et aux démons. Cette dichotomie a séparé les instruments et les musiciens de manière radicale, jusqu'à créer des castes spécifiques.
Selon la mythologie indienne, elle possède une origine divine : c'est par le son que le dieu Brahmâ a créé l'univers. Le dieu Shiva quant à lui jouait du tambour dameru, et son fils Ganesh jouait lui, comme Hanuman d'ailleurs, du tambour mridang. La déesse Sarasvati, elle, est toujours associée à la vînâ. L'univers a été créé par le son primordial Ôm ; le langage dérive des sons du tambour...
Musique populaire et cinéma
Le développement rapide des communications et l'accès aux médias d'une partie croissante de la population ont contribué à créer, en dépit des différences de langue, ce qu'il conviendrait d'appeler une musique populaire panindienne. Enregistrée et diffusée sous forme électronique, elle a supplanté, dans une large mesure, les musiques traditionnelles et ethniques.
Ce phénomène est dû à l'influence de l'industrie cinématographique indienne, la plus importante du monde, et dont les films, qui répondent le plus souvent à des stéréotypes, comportent de nombreuses chansons et danses. Les chansons tirées de ces films sont jouées, dans les rues, dans l'Inde entière jusque dans les villages les plus reculés. Elles sont également devenues l'une des principales exportations culturelles du pays. Il s'agit d'un genre remarquablement éclectique, qui emprunte librement aux musiques indiennes traditionnelles et aux musiques populaires du monde entier, y compris à certaines structures harmoniques occidentales.
La musique filmi est le nom donné à la musique composée pour les films indiens, et notamment pour les intermèdes musicaux dansés, obligatoires. Généralement, les morceaux sont disponibles sous forme de cassettes et de CD - piratés à des millions d'exemplaires, ce qui fait que les spectateurs indiens connaissent les chansons lors de la sortie du film parfois avant la sortie en salle. Certains films ne sont bénéficiaires que grâce aux revenus engendrés par leur bande originale. Si ces musiques ne plaisent pas, le film ne sort pas ! C'est par essence, la musique populaire de l'Inde.
La qualité des compositions musicales est très variable, allant du médiocre à l'excellent, ce dernier cas illustré par exemple par A.R. Rahman ou Jatin Lalit. Certains chanteurs ou chanteuses
atteignent une notoriété quasiment « héroïque » comme la célèbre Lata Mangeshkar.
Tradition classique
L'origine de la musique classique indienne remonte aux temps védiques (avant J-C). Les hymnes du Rig Veda étaient chantés en utilisant trois notes principalement,
formant ainsi le Sâma Veda.
La plus ancienne source musicologique fiable et extensive date du IIIe siècle, le Nâtya-shâstra de Muni Bharata, un ouvrage traitant de danse, de théâtre et de musique.
Le terme de « musique indienne » se réfère toutefois plus généralement à la tradition classique, fondée sur le système mélodique des raga et sur le système rythmique des tala. Cette musique remonte à des milliers d'années, et trouve son origine dans les chants védiques des premiers envahisseurs indo-européens à être entrés dans le sous-continent. Elle a atteint sa forme actuelle au cours des quatre ou cinq cents dernières années. Son évolution, au cours des deux mille dernières années, a été marquée par la rédaction d'une série de traités théoriques, dont la plupart furent écrits en sanskrit.
Le terme le plus souvent utilisé en sanskrit pour désigner la musique, sangit, indique la primauté de la musique vocale et de la danse considérée comme un élément supplémentaire. En effet, s'il n'est pas obligatoire que les musiciens soient de bons danseurs, il est cependant indispensable que les danseurs soient musiciens.
Les invasions musulmanes et l'établissement du sultanat de Delhi au XIIIe siècle, et de l'Empire moghol au XVIe siècle, dans la partie nord du sous-continent, contribuèrent fortement à une scission de la musique classique, au XVIe siècle, dans deux directions d'évolution opposées : une tradition du Nord (musique hindoustani) et une tradition du Sud (musique karnatique). Toutefois, dans ces deux traditions, le rôle de la musique évolua, depuis sa fonction religieuse originelle, pour accéder au statut de divertissement de cour. Bien que ces deux styles continuent d'être basés sur les raga et les tala, partageant un grand nombre de points communs, ils diffèrent dans le détail pour nécessiter une formation distincte de la part des musiciens. Depuis l'indépendance de l'Union indienne en 1947, la musique de ce pays a fait son apparition dans les salles de concert et les studios d'enregistrement, et sur la scène mondiale.
La gamme indienne
Les sept notes de la gamme indienne
sont les suivantes : Sa, Re, Ga, Ma, Pa, Da, Ni.
Elles correspondent à peu près au sept notes de la gamme occidentale do, re, mi, fa, sol, la, si. Leurs noms viennent des termes Shadjam (Sa), Rishabam (Re), Gandharam (Ga), Madhyamam (Ma),
Panchamam (Pa), Dhaivatham (Da),
et Nishadam (Ni).
Bibliographie
- Killius, Rolf. Ritual Music and Hindu Rituals of Kerala. New Delhi: B.R. Rhythms, 2006..
- Manuel, Peter.. Thumri in Historical and Stylistic Perspectives. New Delhi: Motilal Banarsidass, 1989.