Pour ou contre
POUR
Dans un petit villagede Sardaigne vit une jeune femme rêveuse et fantasque qui, à 30 ans, se marie sans amour. Atteinte du « mal de pierres », elle ne peut avoir d’enfant, part sur le continent faire une cure et tombe sous le charme d’un homme : le Rescapé. Quelques mois plus tard naît un fils, le père de la narratrice, bientôt musicien de grand renom. À sa petite-fille, cette grand-mère atypique racontera son histoire, ses émotions, tout en laissant des zones d’ombre : il nous faut attendre la dernière page pour savoir ce qui s’est réellement passé. Le récit est émouvant, plein de poésie et de fraîcheur, et les personnages sont peints avec beaucoup de finesse.
CONTRE
Il s’agit d’une brève saga familiale, les chapitres n’ont que quelques pages, le livre est court et le lecteur n’a guère le temps de s’attacher aux différents personnages. De nos jours, l’histoire semble quelque peu désuète : l’héroïne est considérée par les siens comme une « vieille fille », elle est imprévisible, malheureuse, et il lui arrive de se mutiler. Nous avons parfois du mal à la comprendre et nous sommes surpris par son comportement, d’autant plus que les dernières lignes nous offrent un nouveau point de vue qui nous fait reconsidérer tout le récit.
La construction, certes originale, peut dérouter, et il est souvent difficile de distinguer ce qui relève du fantasme et de la réalité.
Milena Agus, "Mal de pierre"
Critique proposée par Bibliothèques pour tous, partout en France, dont 43 en Île-de-France. Tél. 01 46 08 07 44. www.cbpt-paris.org
La rentrée littéraire
LA FORCE DE SENTIMENTS CONTRADICTOIRESElle est infirmière, fille de mineur au passé difficile, vit seule, tranquille, dans la maison de son enfance après s’être séparée de son mari. Lui est photographe, beau gosse, parisien, « monté dans le Nord » pour faire un reportage sur les mines. Leur rencontre bouleverse le quotidien de l’héroïne de façon violente : elle se sent à la fois attirée physiquement et en même temps écoeurée par cet homme devenu son amant, qui pénètre sans cesse son esprit. Ils entretiennent une relation pénible pour elle, et la spirale de sentiments et de dépendances émotionnelles risque de faire basculer son univers mental… Avec ce roman écrit à la troisième personne, l’auteur réussit, grâce à un langage direct, à distancier la lectrice des deux personnages principaux. Cela tout en la tenant en haleine jusqu’à la dernière page avec une histoire cruelle et sans pitié.
« Ether », de Franck Resplandy, éd. Plon, 18,50€.
PORTRAIT D’UNE FEMME À TROIS VOIX
Un roman féminin à la mélodie douce et envoûtante, comme le gâteau dont Irina, 101 ans, essaie de mémoriser la recette tous les jours. Cette fameuse pâtisserie, personne ne la réussissait comme elle dans la colonie européenne de Batenda où elle s’était installée, venue de France après un mariage arrangé par ses parents. Pendant qu’Irina dévoile l’intimité de ses cent années de vie, se mêlent à son récit les voix de la narratrice et celle de sa petite-fille, Susan. Celle-ci est en effet venue voir sa grand-mère âgée pour une raison très importante…
« L’enchanteur et illustrissime gâteau café-café d’Irina Sasson », de Joëlle Tiano, coll. « Les Mues », éd. Intervista, 13,50 €. En librairie le 6 septembre.
LA VÉRITÉ SUR JACK L’ÉVENTREUR
Un livre totalement captivant, écrit par une professeur de français aussi diplômée en histoire de l'art, licenciée de philosophie et formée à la psychopédagogie et à la neuropsychiatrie. Sophie Herfort s’intéresse depuis vingt ans à l’histoire de Jack l’éventreur, le plus célèbre des tueurs en série, jamais identifié depuis cent vingt ans. Par ce livre très bien construit autour de recherches approfondies, livrant plein de détails surprenants et convaincants dans un langage clair, l’auteur arrive à transmettre sa passion pour le mystère entourant ce redoutable meurtrier. Selon ses conclusions, Sir Melville MacNaghten, chef du département criminel de Scotland Yard en personne, aurait été l’assassin des prostituées ! 278 pages à ne pas manquer. « Jack l’éventreur démasqué », de Sophie Herfort, éd. Tallandier, 19,90€.
UNE BRETONNE À PARIS
La narratrice, Pénélope B., laisse derrière elle sa vie de petite bretonne bien protégée par ses amis et ses parents. Elle décide de « monter vivre à la capitale » pour y travailler avec sa tante. Grâce à son cousin, cette jeune célibataire découvre le milieu branché et crée son blog pour y raconter ses (més-)aventures parisiennes. Entre shopping, virées entre filles et coups de foudre, elle s’adapte rapidement, tout comme son blog… qui fait un tabac. Mais le cousin repartant aux États-Unis, Pénélope n’a plus accès aux soirées « hype » de la capitale qui nourrissaient intensivement sa vie, ses pensées, son blog et son petit coeur. Elle décide donc… d’inventer ! Rires convulsifs garantis avec cette héroïne un peu paumée et si attachante. Logiquement, l’auteur a créé un blog (www.cachemireetsoie.fr) qui a autant de succès que celui de… Pénélope B. !
« La double vie de Pénélope B. », d’Anne-Solange Tardy, éd. First, 14,90€.
DÉCOUVRIR LES CLUBS DE FEMMES
Ce guide a été créé par deux amies dans le but de rendre plus visibles les associations féminines, souvent méconnues par celles auxquels elles s’adressent. La lectrice y trouve en tout 200 clubs, associations et réseaux, tous fondés par des femmes dans les domaines les plus divers : culturel, sportif, politique ou professionnel. Il s’agit aussi bien d’un outil de travail que d’un guide de loisirs permettant de se repérer dans les établissements existants, au demeurant pas vraiment interdits aux hommes, contrairement à l'annonce du titre ! Provocation oblige, sans doute. À noter : un blog (www.interdit-aux-hommes.net) a précédé le guide.
« Guide des clubs et réseaux au féminin. Interdit aux hommes », d’Emmanuelle Gagliardi et Wally Montay, coll. « Guides », Éditions du Cherche-Midi, 20 €. En librairie le 6 septembre.
Par Alice RICHARD
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