Arrêter l'antisarkozisme

Par Bix

Vous voulez être sûr que Sarkozy gagne à nouveau en 2012 ? Faites de l'antisarkozisme pur, tapez sur lui, rien que lui, dénoncez-le systématiquement, ne faites campagne que sur sa personne et sur son "bilan désastreux", positionnez-vous constamment par rapport à lui, en négatif. S'il fait "blanc", faites "noir", s'il dit "bas", dites "haut". Sans répit.

Et plantez-vous en beauté.

Tout d'abord, une citation sortie d'Intox2007, dans un billet publiée en juin 2007, peu de temps après la défaite de Royal. Il explique bien les limites de l'opposition systématique sur la personne et pas le projet[1].

L'anti-Sarkozysme a fait passer le débat d'idée au second plan et comme le remarque le CEVIPOF a pu faire croire que la gauche était à cours d'idée, alors qu'il n'en était rien. Elle a permis à l'électorat de droite de se regrouper, la victimisation de Sarkozy a joué a plein. Tout le monde avait oublié sa promesse d'accrocher on ne sait qui à un crochet de boucher, et ses autres sorties du même genre.

Quand on fait de l'antisarkozisme, on continue à parler de l'adversaire, on ne parle pas de ses propres propositions ni de ses idées. Et si au moins ça marchait... En 2004, Bush s'est pris une campagne virulente dans la gueule et il a pourtant été réélu. En 2007, et pendant les 5 années précédentes, Sarkozy a été la cible de tous ses opposants. Mais on ne parlait que de lui, finalement, et ça l'a servi. en 2002, l'anti-Chirac à coup de Super Menteur et du rappel de ses casseroles lui a fait faire 82 % au second tour.

Valls a en partie raison quand il dit que le PS doit abandonner les postures anti-sarkozistes primaires. Son parallèle avec le torchon d'Éric Besson sur les "inquiétantes ruptures", sorti quasiment la veille de sa trahison, fait assez mal. Cet exemple rappelle que l'attaque focalisée sur une seule personne est loin d'être une preuve de l'opposition à ses idées.

De l'agitation pour une défaite finale

Quelques exemples, passés ou actuels, pour montrer que ça ne mène à rien.

L'affiche d'Act-Up Votez Le Pen avec le portrait de Sarkozy était une erreur, même si on comprend le message et qu'il fallait en effet dénoncer la politique mortifère du ministre de l'intérieur de l'époque. Comparaison n'est pas raison, assimiler Le Pen à un nazi ou à Hitler pendant 20 ans n'a pas été utile pour le combattre politiquement, faire de Sarkozy un avatar de Le Pen était une faute également.

La vidéo "Le vrai Sarkozy" a été un des premiers gros succès Dailymotion, plus d'un million de vues plusieurs mois avant l'élection. Pour quoi, finalement ? Une circulation dans les milieux militants, une mobilisation contre le personnage (à raison) mais aucune proposition.

Le dossier de Marianne, avec promesses de révélations fracassantes propre à renverser l'élection, gros échec encore ! Déjà, pétard mouillé : où étaient les révélations ?

Faire de l'anti-Sarkozy ne sert pas le débat d'idées. Au final, les électeurs convaincus de l'intérêt de battre Sarkozy iront vers le plus efficace, le plus gros, celui qui a le plus de chance de l'emporter hors de toute considération idéologique[2]. Ça a donné les bons scores de Royal (qui a asséché toute la gauche) et Bayrou (score historique, siphonné au PS). Le Tout sauf Sarkozy du 2e tour lui a donné une victoire éclatante, sans appel.

Aujourd'hui, certains continuent dans cette ligne. Par exemple, Autain fait du pur anti-Sarkozy en dilettante et se fait bouffer toute crue. Hé oui, même par Lefebvre ! Ou Besancenot, avec la compliasance médiatique générale. Une partie du PS aussi, hélas. La concentration sur la personne, est-ce pour masquer l'absence de projet alternatif ? Olivier ? Martine ? François ?

Faisons campagne sur nos idées, notre projet, notre programme. Oublions les vindictes sur la personne de Sarkozy. Je ne veux pas parler pour les autres partis de gauche et du centre, mais en tant qu'écologiste je sais que nous avons les outils intellectuels pour construire l'alternative. Il serait d'autant plus bête de tomber dans une opposition crasse systématique.

Rappel des liens :

Notes

[1] Billet à lire en entier, de bonnes pistes de réflexion pour comprendre 2007.

[2] Que dire à des gens qui veulent absolument éviter un adversaire de voter pour un "petit" ? C'était tout notre malheur de 2007 en tant que Verts.