Mardi 31 mars : retour de nouveau à Bordeaux pour fêter les 34 ans de Vincent, l'un des Gentils Membres de notre club de dégustation. Nous sommes une douzaine de personnes, attablés dans une salle de la cave de Bigoudy, un petit restau du quartier des Chartrons. Des membres du Club, mais aussi des amis de Vincent, universitaires pour la plupart.
Moi qui croyais que l'on allait juste manger et picoler, j'ai vite déchanté. Entouré de quatre maîtres de conférence, fallait pas rêver... Des copies d'examen vierges nous sont remises : il va falloir mettre dans des petites cases les cépages des vins, leur appellation, leur producteur ... et leur millésime. Facile, quoi!
Et voici le premier vin, en guise d'apéritif : nez sur la truffe, la banane séchée, le coing, le raisin confit. Bouche ample, mûre, onctueuse, parfaitement équilibrée par une subtile acidité. C'est riche sans être lourd. La perfection n'est pas loin. La truffe comme le côté "non rôti" me fait penser à un Jurançon. Par contre, le millésime et le producteur, je sèche. C'est Noblesse du Temps 2001 du domaine de Cauhapé.
Suivent deux vins blancs secs. Avec un indice : même appellation.
Le premier a une robe bien dorée. Un nez sur la poire bien mûre, le fruit confit. La bouche est douce, suave, avec une acidité légèrement saillante qui est la bienvenue. Un vin très agréable que d'aucuns juge un peu lourd. Pas moi.
Le deuxième a une robe relativement similaire. Le nez est plus typé, sur des notes fumée, truffées. La bouche est la classe incarnée : c'est ample, tendu comme un arc, et en même temps d'un gras, d'un soyeux assez impressionnants. C'est très long, c'est très frais ... c'est EXTRA, comme dirait Léo.
Tout le monde sèche : certains partent sur l'Alsace, d'autres sur le Rhône, comme moi. Mais alors que je pars plutôt sur Hermitage, avec Marsanne et Roussane. C'est en fait Condrieu.
Le premier est Les Chaillets 2006 de Cuilleron. Le deuxième, la Doriane 2007 de Guigal. Le père Vincent ne se moque pas de nous sur la qualité des vins servis!
Vient ensuite un premier vin rouge, servi pour faire la transition entre les deux couleurs.
Il a une robe sombre qui paraît encore bien jeune. Un nez sur la résine, les fruits noirs bien mûrs. Une bouche ample, très fraîche, avec des tannins veloutés. C'est très fruité, plus que plaisant. Un vrai vin de plaisir! Je serais plutôt sur un Bordeaux rive droite à dominante merlot. C'est un rive gauche à dominante cabernet. C'est en fait un Saint Julien : Château Finegrave 2005.
Arrive alors une première paire de vins rouges
Le premier est sur le cèdre, la cassis, le poivre. La bouche est ronde, douce, fraîche, aux tannins fondus. La finale est un peu plus dure, et d'une bonne persistance. Je partirais sur un beau Médoc, genre Saint Julien (Barton ai-je même écrit).
Le deuxième a un nez plus discret, sur les fruits mûrs, les épices, la terre humide. La bouche est assez puissante, mais un peu sévère, avec des tannins asséchants. La finale me semble amère. Bref, je n'accroche pas sur ce vin que j'imagine être un Pauillac.
Résultat : y a bien Barton (oui!!!!), mais c'est le deuxième :o( en millésime 2005.
Le premier est un Clos Fourtet 2003. La bonne nouvelle, c'est que j'en ai en cave, et que je sais que je me régalerai avec :o)
A peine les verres vidés, ils sont remplis par une deuxième série. Un indice : même cépage majoritaire.
Le premier a une robe limpide, avec un nez sur le cassis, la framboise, le poivre blanc. La bouche est douce, soyeuse, ample, d'une maturité solaire. Ce n'est pas d'une grande concentration, mais c'est vraiment bon. Je pars sur un Châteauneuf, majoritairement grenache.
Le deuxième a un nez beaucoup plus puissant sur des notes de résine, de vin de noix, de fruits compotés. La bouche est d'une richesse qui emporte tout sur son passage, contrastant avec le premier vin. On peut lui reprocher un léger excès de chaleur (il fait 15,5°, tout de même) mais quelle énergie! la fin est tannique, puissante et enthousiasmante. Là aussi, pour moi Châteauneuf / grenache, avec sûrement un peu de mourvèdre.
Ce sont bien des châteauneuf à dominante Grenache. Le premier est le domaine des Sénéchaux 2005, et le deuxième Janasse Vieilles Vignes 2005. (qui contient 10% de mourvèdre...)
Infatigable, Vincent nous sert une troisième série de rouges...
Le premier a un nez sur la tapenade, le poivre (Syrah!). La bouche est douce, fraîche, mentholée même, goûtue (ça c'est un hommage à JC, et c'est dans le dico!). Tout est rond dans ce vin qui manque peut-être un peu de puissance, de complexité, mais ne boudons pas notre plaisir. Je n'hésite pas sur l'appellation : côte rôtie!
Le deuxième part plutôt sur la liqueur de fruits noirs. La bouche est riche, puissante, onctueuse, avec des tannins parfaitement polis. C'est très long, un peu chaleureux en final. Mais franchement impressionnant. Un bolide pareil, c'est forcément une Syrah australienne.
Bon pour les deux : le premier est une Côte Rôtie 2004 de Jamet. Le deuxième est une Hillside Shiraz 2004 des Kay Brothers.
Avec le fromage, la dernière série de rouge. Indice : 2005
Le premier a un très beau nez sur les fruits noirs confits, le cassis, le poivre. La bouche est pure, profonde, riche, d'un équilibre superbe. La finale est longue pure. J'adore. M'étonnerait pas que ce soit le Pontet Canet.
Le deuxième a un nez plus solaire, avec des fruits un peu compotés, des épices. La bouche est dense, mâchue, savoureuse, avec une finale marquée par le calcaire. Pas vraiment d'idée sur son identité (alors qu'en fait j'en ai bu plusieurs fois...).
Le premier est bien Pontet Canet, et le deuxième Château Beauséjour cuvée 1901 (Montagne Saint Emilion). Mais oui bien sûr!
Arrive un liquoreux avec une tarte aux pommes
Vincent nous dit qu'il est de son année de naissance (1975). la robe est cuivrée, le nez est éthéré, sur les fruits secs, le caramel. La bouche est douce sans tomber dans la suavité, avec une acidité vibrante. C'est ample, sans excès de sucre, d'un très bel équilibre, avec une finale bien parfumée. Je soupçonne que ce soit le Sainte Croix du Mont appartenant à la famille d'un des membres du club (dont j'ai déjà bu plusieurs millésimes. D'autres partent sur des appellations plus nobles.
J'avais raison : c'est bien un Château des Coulinats 1975. Plutôt du flair, ce soir...
Il est déjà presque 23H30. Je quitte prématurément l'assemblée. Il me faut plus d'1H30 pour rentrer chez moi, et je bosse le lendemain...
En tout cas, merci à Vincent pour cette superbe soirée qui ne ressemblait pas vraiment à un anniversaire (même pas de bougies...), mais qui était fort instructive!