Pendant la crise, la formation sur tous les fronts

Pas un homme politique, voire un syndicaliste, qui ne préconise en cette période de crise de recourir ŕ la formation pour palier la détérioration de l’emploi.

La formation serait-elle aujourd’hui parée de toutes les vertus ? La réponse du chef de l’Etat dans son discours de la Drôme le 3 mars est sans ambiguďté. Il affirme que la formation est la meilleure des sécurités professionnelles, un gage de promotion sociale pour les individus et l’outil de la compétitivité pour les entreprises. Rien d’étonnant que celle-ci soit convoquée par les pouvoirs publics pour faire face ŕ toutes les situations : demandeurs d’emploi, salariés en chômage partiel, jeunes en difficulté d’insertion ? Ne soyons pas dupes des discours de circonstance et des imprécations des nouveaux convertis, car la formation n’a pas toujours reçu toutes les attentions nécessaires y compris dans un passé récent. La loi de finances 2009 n’a-t-elle pas supprimé l’allocation de fin de formation pour les chômeurs ? Certes, son financement est maintenant rétabli dans l’urgence. D’autre part, le gouvernement poursuit sa politique de réduction des moyens d’éducation et de formation des jeunes.

Rappelons que la formation ne se substitue pas ŕ l’emploi. Elle peut contribuer ŕ la création, au maintien et au développement de l’emploi par le biais de la qualification, particuličrement en période de croissance économique. Mais, pour que la formation produise ses effets, elle doit s’inscrire dans le moyen terme et anticiper les besoins des personnes et des entreprises. Faut-il aussi qu’elle contribue ŕ un projet mobilisateur pour les individus. Enfin, les employeurs doivent concevoir la formation comme un investissement et ne pas en attendre systématiquement des contreparties fiscales.

Alors que notre population salariée compte plus de cinq millions de personnes non qualifiées, dont plus du tiers en situation d’illettrisme, ce ne sont pas des mesures placebo, prises dans la précipitation, qui compenseront les insuffisances accumulées de formation. Seul, le droit ŕ la formation tout au long de la vie peut apporter des réponses efficaces. Souhaitons donc que le projet de loi de réforme soit en phase avec les discours.