Orelsan fait une fois de plus l’actualité. Cette fois, c’est pour le clip “Sale pute”, où il passe son ex-copine à tabac dans un texte particulièrement corrosif qui en fait sourciller plus d’un. De Valérie Létard, secrétaire d’État à la solidarité en France, jusqu’à Patrick Lagacé (La Presse, Les Francs-Tireurs), l’histoire a rapidement fait boule de neige, tout comme son poids média.
La première s’insurge que le clip soit toujours accessible sur YouTube et Daily Motion et fait tout ce qu’il y a en son pouvoir pour que celui-ci soit retiré le plus rapidement possible, quitte à avoir recourt à la justice. Étrangement toutefois, on viserait les (nombreux) diffuseurs du clip, et non pas son auteur. J’imagine mal une quelconque instance, juridique ou technologique (Web Sheriff), défricher la toile à la recherche des malheureux fautifs qui ont osé diffuser ledit vidéo.
De son côté, Patrick Lagacé y va de deux billets sur le sujet. Dans la deuxième partie de Hip hop : on ne veut pas généraliser, mais…, il qualifie le texte de “Sale pute”, et insidieusement son auteur, de débile.
Quelques personnes ont souligné la liberté d’expression du rapper. Très juste. Il a le droit de chanter ce qu’il veut. Et on a le droit de dire que c’est profondément débile.
Il exprime aussi au passage sa consternation devant ces “tas de crétins” qui utilisent le hip hop pour véhiculer des “conneries épouvantables”.
Bien qu’il soit difficile pour certains d’envisager le travail d’Orelsan sur “Sale pute” comme une démarche artistique, entre autre à cause de son enveloppe résolument noire, carabinée à fortes doses de phrases explicites , il n’en demeure pas moins que ce jeune homme de 25 ans exprime, à travers un texte, sa vision des choses, sur un événement, réel ou fictif. Certes, il a recourt à un lexique qui tout comme l’utilisation de la première personne, laisse peu de place à l’imagination, mais on aura beau dire ce qu’on voudra, cela sied drôlement bien à la mise en contexte et à l’évolution de la trame narrative de l’histoire. Il ne faut pas se contenter de lire cette construction du réel au premier degré, mais plutôt l’envisager comme un exercice de style, la personnification d’un personnage, voir même la mise en scène d’un alter ego. Ceci n’est pas sans nous rappeler Eminem, auquel on compare dailleurs le MC caennais.
Est-ce que la réaction aurait été la même si Orelsan rimait en anglais et serait natif de Staten Island ou Détroit? Tout au plus, on aurait parlé de gritty rap, de textes percutants qui vont droit au but, et de l’honnêteté du lyriciste qui se met à nu dans son récit.
Ce n’est pas d’hier que les médias s’acharnent sur les effets nocifs du rap sur les jeunes, et cela ne semble pas vouloir s’arrêter. Il est vrai que le contenu de certains artistes œuvrant dans ce milieu n’est pas tout ce qu’il y a de plus édifiant, mais c’est aussi le lot de beaucoup d’autres genres musicaux, et de plusieurs vedettes pop, qui sont définitivement plus en vue qu’un artiste de la scène hip hop underground en France.
Bref, on est loin du scandale auquel on voudrait bien nous faire croire.
Voici le vidéo en question.