La photographie de rue (mmmh, ça sonne moins bien en français…) est une discipline du reportage photo. Comme son nom l’indique, elle consiste à prendre des photos de scènes de la rue, de manière plus ou moins spontanée. C’est finalement l’une des disciplines les plus accessibles au commun (et citadin) des mortels, il suffit de descendre dans la rue et de shooter.
Il y a bien sûr plusieurs approches.
Cartier-Bresson privilégie la dissimulation : ne pas montrer à son sujet qu’on le photographie pour ne pas perturber la scène. Ce qui me fait penser au principe d’incertitude de la physique quantique (je sais, rien à voir avec la photo) qui dit - en version simplifiée - que la mesure ou l’observation d’un phénomène altère ce même phénomène. En photo, c’est pareil : le fait de prendre quelqu’un en photo induit le plus souvent un changement d’attitude chez le sujet, ce qui est le plus souvent ce qu’on cherche à éviter… Bref, tout ça pour dire que Cartier-Bresson aimait agir cacher pour saisir “le bon moment”, qu’il définit comme un “lien entre le sujet qu’on sent intuitivement et une composition rigoureuse, une géométrie qui vous surprend“.
Une petite interview en video :
A l’opposé, il y a le photographe Bruce Gilden de l’agence Magnum : il se fond lui aussi dans la foule, mais préfère au dernier moment surprendre son sujet en lui sautant limite dessus et en lui flashant le visage. Sa technique est assez spectaculaire, c’est impressionnant de le voir naviguer à contre courant dans le flot de passants, puis tout d’un coup, une fois sa proie repérée, l’attaquer impitoyablement… Ses photos marquent évidemment la surprise des passants (ce qui illustre assez bien je trouve le fameux principe d’incertitude… j’arrête avec la physique, de toutes façons j’ai toujours préféré les maths…). C’est d’ailleurs presque un peu trop à mon goût, surtout avec la surexposition du flash.
A découvrir en vidéo aussi :
Les spécialistes de la discipline recommandent à ceux qui voudraient commencer la photo de rue d’utiliser un télé à longue focale, pour être loin et caché du sujet. Alors que les plus chevronnés comme Bruce Gilden utilisent plutôt des 35mm ou même des grand angles.
Et c’est là que je voulais en venir… Finalement, un street photographer n’est pas très éloigné d’un tueur à gage comme Léon (dans le film éponyme de Luc Besson) : dans la géniale scène où il apprend à Mathilda le métier de tueuse à gage, il commence par l’arme la plus facile à utiliser : le fusil à lunette. Parce qu’il permet de rester à distance de la cible. Et la dernière arme dont il va lui apprendre le maniement, c’est le couteau… Le téléobjectif, c’est un peu le fusil de sniper de Léon, et le 35mm correspond au corps à corps. Je trouve que cette comparaison convient tout à fait à Bruce Gilden qui attaque littéralement ses cibles !
Pour avoir essayé un peu la photographie de rue, j’ai une nette préférence pour l’approche “dissimulée” (cf cet article). Mais c’est loin d’être facile de saisir le fameux “bon moment”… Ça demande beaucoup d’observation, et surtout de rapidité : on n’a que quelques instants pour réussir le cadrage… 2 photos prises il y a quelques mois :
Canon 40D - EF 70-200mm f/2.8 L IS - 195mm - f/4 - 1/200s - 800 iso
Canon 40D - EF 50mm f/1.4 - 50mm - f/6.3 - 1/500s - 200 iso
Et comme dit Léon avec son magnifique accent frenchy, “let’s practice, it’s the best way to learn” :)
Je vais d’ailleurs bientôt inaugurer un nouveau style de “street photography” : la version “sniper”… Eh oui, mon nouveau bureau est au 3ème étage avec une grande baie vitrée qui donne justement sur les champs élysées (je sais, j’ai de la chance, mais je regrette quand même mon ancien bureau dans un hôtel particulier roccoco du 2ème). Et le matin à 9h, la lumière est parfaite… :)
A très vite donc…