Mettons d’abord, qu’on cherche le bonheur effectivement. Il y a forcement des gens qui ne le cherchent pas, ou qui veulent faire leur propre malheur même. Mais admettons, comme hypothèse de départ, qu’on le cherche.
Si on le cherche, c’est pour le trouver, si on doit le trouver, il faut savoir a quoi il ressemble, donc il faut le définir.
Si vous posez la question « qu’est ce que le bonheur » vous pouvez avoir plusieurs reponse :
« vas y pourquoi tu te prends la tête la, laisse tomber man, tu te grilles les neurones pour rien ». en fait, je pense que cette reponse démontre une certaines peur. La peur du vide, car poser une question dont la réponse n’est pas immédiate, c’est ouvrir une porte sur un vide. Le vide appelle au déséquilibre, forcément inconfortable. C’est cette inconfort la, et la trouille de se surprendre « pas heureux », qu’on evite en disant « arrete de te prendre la tete »
« Le bonheur, c’est de manger du chocolat ». Une réponse qui est un mélange entre naïveté feinte, poésie saupoudrée et humour discret. Comme le dit benabar dans sa chanson « le bonheur ne se trouve pas en lingots, mais en petite monnaie ». Cette réponse est plaisante, un peu a la Amélie Poulain qui fait craquer le caramel avec sa cuillère. C’est simple, immédiat. C’est un bonheur vrai ou qui en a les atours en tout cas. Mais ce «Carpe diem » la est souvent une réponse qui met une sourdine à cette espoir lointain et inaccessible.
Dans le meme registre, Bernard fontanelle disait « Le grand obstacle au bonheur, c'est de s'attendre à un trop grand bonheur ». Mais on sent déjà derrière cette phrase la peur d’être déçu, ou je dirais même, si j’étais enrhumé, déchu. Elle a le cynisme d’un cœur blesse, d’un cœur meurtrit qui ne veut plus ni de cette vie ni de ses émotions dont il ne sait que faire. C’est l’histoire d’un soldat revenu de la guerre qui ne peut plus creuser sa terre de peur de tomber sur les os de ses anciens compagnons morts pour un quelconque drapeau.
De même qu’on ne peut demander à une victime de juger son bourreau, on ne peut demander à celui que le bonheur a trahi de le définir.
Mais alors, comment le définir ? Comment faire la part de son qu’on veut vraiment pour soi, et ce qu’on ne veut que parce que c’est un standard social. Le bonheur c’est l’argent ? La réussite professionnelle ? La vie de famille ? Les amis ? Tout ca ? à 50 ans si on n’a pas de Rolex a-t-on vraiment raté sa vie ?
Mettons que les voyages apportent quelque chose a mon bonheur. C’est un postulat qui me parait évident, même si je n’ai rien pour le prouver. Oui je vous entends d’ici, beaucoup voyagent pour fuir quelque chose, cela n’apporte donc rien a leur bonheur. Bon, ca ne m’empêchera pas de penser que ce n’est pas mon cas. Je fais un résonnement par l’absurde, mais je ne vous demande pas d’être d’accord.
Ce qui me rend heureux dans le fait de voyager, c’est d’avoir l’impression, pour paraphraser l’allégorie de la caverne de Platon, de sortir d’une caverne pour en découvrir une autre. Non seulement je me délecte de découvrir comment les gens vivent dans la caverne d’a cote, mais en plus, j’ai appris à me balader en passant d’une caverne a l’autre. Ce qui me pousse a chaque fois à aller découvrir de nouvelles cavernes, et de dormir chaque soir un peu moins con que quand je me suis réveillé le matin (du moins c’est mon sentiment, il suffit a faire mon bonheur ;O)
Mais mon bonheur ne vient pas du plaisir immédiat de découvrir de nouveaux mets, ou de nouvelles peintures dans la caverne du Cro-Magnon d’à cote. C’est l’impression d’avoir avancé. Peut être que le bonheur est un peu semblable a cette impression, peut être est il en mouvement !
Ceci explique que ceux qui le cherchent ne le trouve pas. On le trouve un instant et on le perd l’instant d’après. C’est ce qui en fait une quête.
Ca dit bien de ne pas le chercher comme on pêche la truite, mais ca ne dit pas quel chemin il faut prendre…
En fait, je ne suis pas sûr que le chemin soit si important. Je me pose sérieusement la question. Je me demande si le bonheur ne vient pas simplement de cette sensation de mouvement, d’avancer. Finalement, le malheur viendrait de l’immobilisme. En somme, on est malheureux quand on patauge. C’est peut être même de la que viendrait tout l’intérêt du fameux : nouveau départ. Car il annonce le renouveau de cette quête, quelque soit la direction choisie.
Le doute sur le chemin à prendre ne serait qu’un leurre, un piège dont on ne touche les contours que quand on se met en mouvement.
Bon, je vois d’ici les snipers que vous êtes, avec des réflexions du genre : mais reculer c’est être en mouvement aussi, pourtant ca ne fait pas le bonheur ! Je prends le mouvement comme synonyme d’avancer, et patauger comme synonyme de reculer si vous voulez.
Cette idée me fait frémir de peur comme le jour ou j’ai appris la relativité du temps selon Einstein. Et si la direction n’a pas d’importance ?! Je n’ai pas de certitude la dessus, vraiment, je partage avec vous cette interrogation comme elle me vient.
J’ai des exemples qui me viennent en tête, comme la femme de Daniel Pearl, qui a repris le dessus après l’assassinat de son mari, avec une force qu’elle n’avait sans doute pas avant, ou comme ce vendeur chinois qui faisait des plans sur la comète le lendemain du tremblement de terre dans le Sichuan pour monter une nouvelle boutique de télés, au milieu des décombres de la sienne.(merc i heri pour l’anecdote ;o)
Et vous, quelle est votre définition du bonheur ? Quelles sont vos recettes ?
Je vous laisse sur une citation d’Albert Jacquard :
« Manifester son bonheur est un devoir, être ouvertement heureux donne aux autres la preuve que le bonheur est possible. »