Mère Indigne ne supporte pas que les mamans lui refilent un "Félix-Robert" au téléphone. Moi, c'est les parents qui me répètent les 1er gazouillis de leur bébé qui m'exaspèrent. Les (*&?*&%* de mots d'enfants.
À une autre époque, c'était le running gag avec une collègue. "Tu as lu le dernier mot d'enfant?" et on se dépêchait de lire la dernière perle... assomante. Parce que c'est vraiment rarement drôle!
Croyant avoir engendré la 8e merveille du monde, bien des parents croient que tout ce qui sort de cette petite bouche édentée est drôle, adorable et plein d'esprit. Ce sont les mêmes parents qui scrutent les moindres gestes de 8e-merveille. Nous appellent pour nous les énumérer avec date et heure en main. Ce sont les mêmes qui filment toutes les premières fois de 8e-merveille. Et nous les montrent à l'heure du porto sur leur cinéma-maison. Ce sont les mêmes parents qui ont des milliers de photos numériques de 8e-merveille. Et qui nous harcèlent pour nous en faire des doubles. Mais bon... jasons "mots d'enfants".
Je crois avoir mis la doigt sur le bobo des mots d'enfants. Pour être vraiment délicieux, un mot d'enfant doit déjouer habilement 4 critères des mauvais mots d'enfant, dont les 3 premiers touchent l'âge.
1) Le premier problème avec les mots d'enfants, c'est que les parents commencent beaucoup trop tôt à les noter. Et à les répéter. À 14 mois, ce ne sont pas des mots d'enfants: ce sont des déformations de mots ou un lexique familial douteux venant du fait que les parents leur parlent en onomatopées. Ils sont rarement bien drôles ou nouveaux! Les "barbouillette", "gagati", "touf-touf", "dans les bouas", "fokette" et "camon", ce n'est pas de la graine de génie. Inutile d'alerter les journaux. Il apprend à parler, c'est tout. Et c'est boîteux!
2) Ensuite, certains parents découvrent les mots d'enfants... sur le tard. Puisque la réserve de vrais bons mots d'enfants s'épuisent avec l'âge, ils notent donc les lapsus et les distractions. À 6 ans, dire "pâtisserie" au lieu de "tapisserie", c'est pas drôle. C'est peut-être même de la dyslexie. Venant de la bouche d'un jeune de plus de 5 ans, les mots d'enfant témoignent parfois d'un malaise plus grand (voir premier exemple).
Exemple (pris dans La Presse):
Louis-Philippe, 5 ans, entre avec sa maman au Wal-Mart.
"Maman, ils sont riches ici: regarde tous les jouets"
---- Euhhh! Sortez-le, cet enfant! Il a 5 ans! 5 ans!!
Marianne, 8 ans, apprend le singulier et le pluriel à l'école. Au restaurant, elle demande à sa mère:
"Maman, est-ce que je peux avoir du pluriel?" (Purell)
---- Avait-on besoin d'alerter les journaux pour un lapsus? Et voir la 4 règle!
3) Quand le jeu de mot perdure de génération en génération, comme un gêne déformant héréditaire, c'est signe qu'il est dépassé. Donc, pas drôle. Comme la blague de "Pet et Répète", on ne sourcille même plus quand on les entend.
Exemples:
"Yé! On va voir le beau pestacle!"
"Ça, c'est le rhinoféroce! "
---- On l'a déjà entendu. C'est dé-pas-sé!
4) Le pire du pire, c'est quand le parent est obligé d'expliquer le jeu de mot. Ça, c'est un signe flagrant que la blague n'est visiblement pas bonne. Louis Morrissette en est venu à la même conclusion quand il a du expliquer ses jokes poches deux semaines après le Bye Bye.
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Par chance, certains mots d'enfants sont juteux de subtilité et dotés d'une finesse d'esprit remarquable. Mais ils sont rares. Un autre palmarès:
Marie, 3 ans, a un gros rhume. Sa mère veut lui mettre un suppositoire.
- C'est pas là, maman, que j'ai mal. C'est à la gorge!
- Pourquoi quand c'est toi qui es fatiguée, c'est moi qui doit aller me coucher?
- Est-ce que les tourterelles tristes habitent dans un saule pleureur? - Les volcans sont des montagnes qui font "atchoum".
Vous en avez d'autres, des bons ou des mauvais?