Ce n'est pas une surprise, mais quand c'est Amnesty International qui le dit, cela prend un tout autre poids et en dit long sur la dérive sécuritaire voulue et assumée par la droite depuis 2002 : la police française se place souvent au dessus des lois. La majorité des sites d’information relaient l'information ce matin. Dans un rapport daté du 2 avril, “l’impunité” dont bénéficieraient les forces de l’ordre françaises est montrée du doigt par Amnesty International. L’organisation de défense des Droits de l’Homme exige la mise en place d’un “organe d’enquête indépendant”.
Pour être succinct, ce rapport dresse un tableau . Il condamne l’ensemble des homicides illégaux commis par des agents (injures, passages à tabac, etc.) et souligne avec effroi que ces usages abusifs de la force tendent à se banaliser, du fait qu’ils restent trop souvent sous silence (aucun suivi d’enquête, responsables rarement traînés en justice). Une quinzaine de cas, dont celui d’Abdelhakim Ajimi, mort asphyxié par des policiers, le 9 mai 2008, vient imager et appuyer cette condamnation.
Cette “impunité”, ce manque de punition, protégerait les fonctionnaires en uniforme durant l’exercice de leurs fonctions et ouvrirait ainsi, lors d’interrogatoires musclés, des portes que chacun d’entre nous aimerait voir fermées à double tour. Amnesty rappelle qu’en 2006, déjà, la Cour Européenne des Droits de l’Homme avait rendu un arrêt dans lequel elle condamnait la France, lui demandant de donner à ses fonctionnaires des instructions précises sur l’utilisation des méthodes de contrôle.
Selon l’organisation, dont le rapport s’intitule “Des policiers au-dessus des lois”, un nouvel organe, indépendant de la police française et responsable pour juger ces homicides, doit nécessairement voir le jour. Cette mesure viserait à réduire, sinon à supprimer définitivement, tout abus de position et de force.
Certains assument que la police emploie des méthodes de plus en plus musclées au nom de son efficacité. Depuis 2002 avec la réélection de Jacques Chirac à la Présidence de la République et l'arrivée de N. Sarkozy à la tête du ministère de l'Intérieur, le pouvoir assume pleinement une politique sécuritaire basée sur la répression, qui on le constate, n'a fait que renforcer un climat de plus en plus violent dans notre société. Le Président de la République serait bien inspiré de prendre en considération ce rapport particulièrement détaillé.
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LES COMMENTAIRES (1)
posté le 08 avril à 13:38
N'inversez pas les rôles !...puisque nous parlons de la France, je me permets un bref rappel de l'Art.VII de la déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen du 27 août 1789 - "Nul homme ne peut être accusé, arrêté, ni détenu que dans les cas déterminés par la loi, et selon les formes qu'elle a prescrites. Ceux qui sollicitent, expédient,exécutent ou font exécuter des ordres arbitraires, doivent être punis : mais tout Citoyen appelé ou saisi en vertu de la loi doit obéir à l'instant; il se rend coupable par la résistance." Donc si les donneurs d'ordres et les exécutants de la politique ou des forces de l'ordre doivent respecter certaines formes, les citoyens, eux aussi doivent en respecter certaines, ne pas cracher sur les policiers, ne pas les insulter, ne pas leur lancer de cailloux ou autres objets, ne pas leur tirer dessus, ne pas leur résister, car sinon le citoyen se rend coupable par la résistance. Si l'on veut être respecté, il faut être respectable, c'est valable des deux côtés des barricades ! hé oui, messieurs les gauchos, les Droits de l'Homme ne sont pas à sens unique !...