Richard Rahn – Le 2 avril 2009. Le prix du pétrole va bientôt remonter en flèche. Le prix actuel d’un baril, autour de 50 dollars est en dessous du prix nécessaire correspondant à la demande actuelle durant une période soutenue, et il est bien en dessous le prix correspondant à la demande mondiale lorsque l’économie rebondira.
De plus, avec l’impressionnante expansion monétaire initiée par la Federal Reserve aux USA – qui va continuer du fait de l’explosion des dépenses publiques – le dollar baisse face aux autres devises. Etant donné que le prix du pétrole mondial est exprimé en dollars, il va augmenter comme il y a deux ans.
Environ 65% de la demande de pétrole mondial peut être fournie à un prix de 35 dollars le baril, puis 20 % encore à un prix entre 35 et 60 dollars. Mais les 15 % restant ne pourront être fournis sur le long terme qu’à des prix oscillant entre 60 et 130 dollars le baril. Le prix du pétrole, comme des autres marchandises, est fixé à la marge, ce qui signifie que le prix de tout le pétrole demandé sur le marché est égal au prix que les producteurs peuvent obtenir sur le dernier baril de pétrole qu’ils vendent.
Accroître ou réduire la production prend du temps. En dépit de la récession mondiale, les capacités de production sont seulement légèrement au dessus de la demande, de telle sorte que toute perturbation significative de l’offre (comme une guerre dans une zone de production pétrolière, des pipelines endommagés ou un tanker coulé) créera immanquablement un choc de l’offre, entrainant une hausse des prix de l’or noir.
DU fait de la baisse des prix du précieux liquide ces huit derniers mois, des installations de production coûteuses ont été fermées, y compris les puits à faible rendement, des productions off-shore ou des gisements canadiens de sables bitumeux. Lorsque le prix du pétrole remontera, il faudra du temps pour faire redémarrer ces installations.
Les prix du pétrole seront certainement plus élevés en termes réels (ajustés de l’inflation) durant les 15 prochaines années parce que la demande énergétique du monde devrait s’accroître à un taux annuel de 1,6 % entre aujourd’hui et 2030. Plus de 80% de l’augmentation durant les vingt prochaines années devrait venir de la Chine, de l’Inde et du Moyen-Orient.
La production de pétrole à bas coût connaît un rapide déclin alors que le nombre de champs permettant une extraction facile se réduit comme une peau de chagrin. Il y a toujours d’énormes réserves potentielles de pétrole, mais la plupart seront très coûteuses à exploiter dans des zones d’eau profonde ou de sables bitumeux (Canada) ou de schistes bitumeux (USA). Les biocarburants sont aussi coûteux et réduisent la terre disponible pour les cultures alimentaires.
Même une invention de batterie électrique permettant vitesse et autonomie pour les automobiles ne ferait pas tomber le prix du pétrole du jour au lendemain. Il faut en effet plusieurs années aux constructeurs automobiles pour adapter leurs modèles aux moteurs électriques, et au moins une décennie pour que le stock de voitures actuelles soit remplacé.
Dans le long terme des technologie de batterie électrique réduiront sans doute la demande de carburants fossiles, mais même dans le scénario le plus optimiste, la dépendance au pétrole continuera pour au moins deux bonnes décennies.
Lorsque les véhicules passeront du moteur à essence au moteur à électricité, la demande pour le pétrole liquide baissera mais la demande d’électricité augmentera. Les écologistes et de nombreux politiciens parlent d’ « énergies renouvelables » pour répondre à la demande. C’est une idée sympathique, mais il y a peu de chances que ces « énergies renouvelables » prennent le relais avant des décennies. L’éolien, le solaire et le géothermique représentent moins de 3% de l’offre énergétique aujourd’hui. De plus, ils sont tous subventionnés parce qu’ils ne sont pas rentables, et ne le seront pas probablement avant longtemps. Même avec des taux de croissance élevés, ces énergies renouvelables ne fourniront qu’un faible pourcentage des besoins énergétiques les deux prochaines décennies.
Lorsque le prix du pétrole monta en flèche il y a deux ans, l’administration Bush aux USA ouvrît des terres publiques et certaines zones offshore pour davantage d’exploration et d’exploitation pétrolifères. Les dirigeants de la nouvelle administration Obama vont fermer à nouveau ces zones pour empêcher la production.
Si les prévisions économiques de l’administration Obama sont correctes, l’économie américaine et mondiale devraient repartir d’ici la fin de l’année. La demande de pétrole repartira rapidement elle aussi. Pourtant une grande partie de la production a été fermée à cause de la récession et les réserves futures aux USA seront restreintes par décision politique.
Le résultat sera évident : une hausse du prix à la pompe, alors que les consommateurs se remettront à peine de la récession. La plupart des politiciens ne voient pas ou ne veulent pas voir ce tsunami arriver.
Richard Rahn est analyste au Cato Institute.