Les rapports de Gabriel García Márquez avec l'écriture sont de plus en plus complexes : si l'on a appris en mai 2008 qu'il reprenait la plume, malgré quelques doutes persistants, la nouvelle avait été réitérée en décembre dernier, à prompt renfort de congratulations pour l'auteur aujourd'hui âgé de 82 ans.
Oui, mais voilà, s'il vit aujourd'hui à Mexico, et qu'il lutte contre un cancer, son agent littéraire a mis fin à toutes les rumeurs colportées et l'on apprend de la bouche de Carmen Balcells, que Gabriel n'écrira plus. Déception, certes, surtout alimentée par les attentes des lecteurs qui ont espéré pouvoir ouvrir prochainement un inédit.
Si en tant qu'écrivain il a su se façonner une carrière exemplaire et qu'il peut largement tirer satisfaction de ce qu'il a offert au public, cette annonce reste brutale. Mais comme il le disait durant le salon du livre du Mexique : « Cela représente beaucoup de travail pour moi d'écrire. »
Gerald Martin, son biographe, ajoutait ces mots : « Je crois aussi que Gabo n'écrira pas d'autres livres, mais je pense que ce n'est pas trop regrettable, parce qu'il a connu un destin d'écrivain qui peut se satisfaire de son parcours littéraire, tout à fait cohérent. »
Le prix Nobel de littérature de 1982 s'arrête donc, cela fait comme un choc : on ne s'attend jamais à ce qu'un écrivain raccroche comme un sportif qui met fin à sa carrière. Après un demi-siècle d'écriture, Gabriel mérite assurément de se reposer, et si certains espèrent encore, estimant comme l'auteur argentin Tomas Eloy Martinez, que « lui seul connaît ses désirs et ses limites pour continuer à écrire », on peut admettre que le reste ne soit que conjecture.
Mais moins probablement littérature...