Johanna Braitbart, créatrice de mode

Johanna Braitbart, créatrice

Comment passe t-on de Johanna Braitbart, la femme à Johanna Braitbart, la marque? Le parcours a-t-il été facile?
Après deux ans au studio Berçot, j'ai fait un stage chez Dice kayek, et grace à Ece, la styliste j'ai décidé de suivre les cours de l'école Lesage. Ensuite, j'ai commencé à faire mes accessoires, avec ce que j'avais appris aussi chez Delphine Charlotte Parmentier pour les bijoux et la broderie chez Lesage. j'ai travaillé en freelance pour la broderie avec Dice Kayek et Facteur Céleste. Les professionnels à qui j'ai montré mes créations m'ont conseillés de faire un salon. J'ai fais Workshop et ça a marché. Ensuite Première Classe m'a invité, j'étais lauréate du concours en mars 99. C'est la même année que j'ai signé pour ma première boutique dans le Passage du Grand cerf. J'ai ensuite travaillé avec le Bon Marché et Franck&Fils, et ce pendant sept ans, ainsi qu'avec d'autres grands magasins aux USA et au Japon.

Vous êtes très inspirée par les années 1900-1950 avec une préférence pour les années folles. Que vous inspire ces années?
J'aime le raffinement des détails de cette époque. Pris un a un il peuvent chacun inspirer une collection. Les femmes, comme les hommes, étaient toujours coiffés, habillés. Une certaine élite de la société avait les moyens et le goût des belles choses, un amour de l'artisanat et le mécénat n'était pas rare, ça fait rêver! Cette époque me fait fantasmer. J'ai la nostalgie d'une époque que je n'ai pas connu, mais qui me fait rêver.
Vous créez ou customisez de multiples accessoires : bijoux, manchons, chapeaux, sacs : quelle est votre démarche de créatrice? Vos techniques?
Je m'inspire d'abord d'images, de photos, d'un film, d'une exposition... Ensuite je fais le tour des fournisseurs, je cherche des nouvelles matières, des couleurs, ensuite j'imagine les formes. Puis en dernier je crée l'ornement des accessoires, les dentelles, les rubans, les broderies, en fonction des thèmes que j'ai défini.

Vous faites aussi beaucoup de customisation sur commande, qu'elle a été la commande la plus sympa à faire?
La customisation d'un sac d'une cliente. ce sac appartenait à sa grand-mère et elle m'a laissée carte blanche pour le travailler. Elle a été ravie du résultat et j'étais heureuse de faire revivre un sac auquel elle tenait mais qu'elle ne pouvait pas porter car trop vieillot.
Vous chinez beaucoup et dans le monde entier... qu'est-ce qui peut vous faire craquer?
J'aime les vieux sacs, pour l'inspiration autant que pour la cutomisation. Je chine des dentelles anciennes, des plumes, des vêtements, pour leurs donner une seconde vie. J'aime les objets qui ont une histoire. Je craque sur tout ce qui peut rendre unique mes créations. C'est cendrillon qui trouve sa création, celle qui l'attendait.

Je sais que vous détestez ce que l'on appelle les "cahiers de tendance", le secret de toute réussite résiderait peut-être dans le fait de ne pas trop écouter tout cela?
Chacun a sa démarche, mais moi j'ai toujours détester l'idée que la création doit rentrer dans un moule décidé par des gens qui détiendraient la vérité. A cause de ces cahiers de tendances, on retrouve partout les mêmes formes de vêtements avec les mêmes couleurs, cette uniformité ne me correspond pas. J'aime et je cultive le fait d'être différente des autres et j'aime les marques qui affirment leurs différences.

Qu'avez-vous privilégié pour votre collection printemps-été? des couleurs? des matières? des accessoires en particulier?
Pour cet été des couleurs vives: bleu roi, vert, jaune, violet, et quelques couleurs douces comme le bronze, le rose poudré et le taupe clair. La collection est surtout composée de bijoux, de pochettes et d'accessoires cheveux déclinés dans les différents thèmes: fleurs de cuir et de peau, dentelle rebrodée dans l'esprit de Mucha, et des accessoires cheveux toujours inspirés des années folles.
Vous avez accueilli les œuvres du peintre Luc Burger, dans votre atelier-boutique. Parlez-nous s'il vous plaît de cette rencontre et de cette collaboration.
Luc est un ami. Nous avons eu l'idée de faire cette exposition lorsqu'un après-midi il m'a montré, un peu par hasard, l'un de ses tableaux qu'il avait sous le bras et qui m'a plu. On s'est dit que ça serait intéressant qu'il travaille en s'inspirant de mon univers, en faisant des portraits de femmes des années 20. C'était aussi l'occasion de faire de ma boutique un lieu d'exposition je suis contente de l'harmonie avec laquelle sa peinture et mes accessoires se mélangent.

Johanna Braitbart
26 rue des blancs manteaux 75004 Paris
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Rencontre orchestrée et entretien réalisé par Elisabeth d'Obiwi
Images de Adelap, le samedi 21 mars 2009