Ce soir j'ai assisté à la discussion sur l'Internet et la télévision/le cinéma organisée par l'Alliance numérique. J'aurais trop aimé être sur le panel de discussion - je trépignais sur ma chaise - mais je dois dire que j'ai trouvé formidable les interventions de Yannick Gélinas et Catalina Briceño. Elles ont toutes deux défendu avec intelligence et vigueur la pertinence de la diffusion vidéo sur Internet.
C'était visiblement de la mort de la télévision dont il a été question. Pour ménager les coeurs sensibles - et il y en avait sans doute dans cet auditoire mixte de passionnés d'Internet et de professionnels de la télévision/cinéma - on a plutôt parlé de la fin des vieux modèles d'affaire. Autrement dit, il survit plus artificiellement que jamais le modèlre qui se décline autour d'un accomodement entre maisons de production et réseaux de distribution soutenu par le financement public.
Parenthèse. Je me sens un peu vautour, c'est vrai. Je le regarde mourir le vieux modèle d'affaire avec l'avidité de la jeune femme qui attend la mort de son vieux mari millionnaire. Ceci dit, je n'aurais que des louanges à faire à l'industrie de la télévision québécoise qui a participé à l'identité culturelle québécoise... lors des célébrations funèbres. Fin de la parenthèse.
La réalité n'est pas rose pour les vieux modèles. Je n'ai pas le loisir de retrouver tous les chiffres (euh c'est le privilège de la bloggueuse de ne pas être de la plus grande rigueur journalistique, tousse, tousse). Si je les retrouvais, je vous dirais que :
- Les investissements dans la publicité télévisuelle baissent alors que les investissements dans la publicité sur Internet augmentent.
- Les moins de 30 ans passent plus de temps sur Internet que devant un téléviseur.
- Le piratage des téléséries, films et vidéoclips est devenu monnaie courrante chez cette génération.
- Ils sont nombreux les adolescents qui n'ont jamais acheté de disque compact de leur vie (les enfants de ceux-ci vont sûrement inventer une mode avec ce disque aux reflets d'arc-en-ciel, mais bon...).
- Le marché du bluray ne décole pas parce que l'on télécharge pratiquement tout par Internet.
Ça craint surtout pour la télévision. Le cinéma a un gros avantage: la salle. Il fait encore bon de s'y retrouver avec sa moitiée tendre ou entre amis, question de changer de décors. Ça reste le théâtre des pauvres. Pour la télévision, on me dira que la radio n'a pas tué le livre, que la télévision n'a pas tué la radio et qu'Internet ne tuera pas la télévision. Ben vous avez tort et vous avez raison à la fois.
La télévision qu'on connaît avec une boucle de chaîne de diffusion, c'est déjà du passé pour moi. Je n'écoute vraiment plus. Pourquoi je le ferais? J'ai maintenant accès à du contenu vidéo qui correspond à me goûts via Stumble Upon et Diggs. Mes veilles sur Twitter Deck me comblent. J'ai eu accès aux meilleurs documentaires de la BBC - sans attendre que Découverte ou Téléquébec trouvent bon des les acheter. Je me suis gavée le cortex pré-reptilien des idiotie de télé-réalité version youtube. Je fais constamment des découvertes artistiques fascinantes via Vimeo. Pis pour les vraies séries télé, celles que je veux voir, ben elles se trouvent très facilement - et j'ai résisté longtemps au piratage par excès de vertu mais ce sont mes amis qui sont venu à bout de me corrompre car c'est bien là le problème, nous sommes des animaux sociaux et quand 90% des gens volent la propriété intellectuelle, ben ce n'est plus du vol, c'est une révolution.
Ah oui, j'oubliais le confort de votre divan... En admettant que les solutions qui connectent un éventuel projecteur vidéo ou écran au plasma à Internet soient encore un tantinet compliquées - et je dis ça simplement parce que je ne l'ai pas essayé encore moi qui se satisfait très bien du plein écran de mon laptop - donc en admettant ça, ça ne demande pas un gros effort d'imagination pour voir que c'est pas dans dix ans, c'est pas dans 5 ans, ni même dans deux ans que la moyenne des mortels vont pouvoir se prélasser dans le confort de leur divan pour regarder le meilleur de la vidéo sur Internet. On parle de détails technologiques.
Bonne nouvelle car si le roi est mort. Ben, vive le roi. La télévision dans ses multiples contenus ne disparaîtra pas. C'est la distribution qui change. Il ne s'agit plus pour le producteur de courtiser un nombre de distributeurs limités. Comprenez bien que ce n'est pas tellement au niveau du contenu que ça va chang
Bref, tous les professionnels des médias traditionnels doivent choisir. Doit-on vraiment se démener pour sauver des institutions qui ne tiennent pas compte des nouvelles réalités technologiques? Moi je propose qu'on fasse notre salut au roi d'hier et qu'on se précipite à la cour du roi d'aujourd'hui.
Je vote pour un lobby des créateurs de contenu vidéo pour Internet qui réclame sa part du financement de création. La création pour Internet se mérite sa part de la tarte.
C'était une réflexion suite à la discussion de ce soir. On verra si demain la conférence Webvidéo me fera réfléchir davantage.