On connaît l'histoire de Rachida Dati: ses composantes principales sont la réussite sociale (indiscutable), un caractère marqué par une ambition énorme mais surtout son volet positif, le fait qu'elle se donne à fond pour arriver à ses fins… S'il n'y avait pas eu d'autres facettes de ce caractère -une intransigeance quoi qu'il arrive, un autoritarisme jusqu'auboutiste- peut-être aurait-on pu la voir comme une (non ce n'est pas injurieux pour lui) "petite Obama".
Hélas pour elle, ces attributs négatifs ont pris le pas sur les autres, et aujourd'hui, face à l'échec de l'histoire qu'elle a tenté de raconter, c'est la nécessité d'en raconter une autre qui s'impose pour elle.
Mais quelle nouvelle histoire pourrait-elle raconter?
Un "j'ai changé" ne serait pas crédible, il n'y rien à pouvoir chercher de ce côté-là. Les résurgences régulières du bling-bling sarkozyen montrent que même si l'on essaye de corriger ses travers en y mettant de la conviction, la tâche est loin d'être facile. Sauf si ces résurgences sont des fuites organisées, volontaires, et là, c'est une autre histoire.
Non, si Rachida Dati veut reconstruire une histoire susceptible d'être gagnante, un jour, peut-être, c'est ailleurs qu'il lui faut regarder. N'a-t-elle d'ailleurs pas déjà commencé à le faire, directement ou indirectement ?
Un film-documentaire acide sur Arte. Une biographie non autorisée (Belle Amie, baptisée par certains "Plus belle la vie version politique" après trois autres livres, moins polémiques). Une fuite de Libération, concernant sa présence sur une liste électorale du PS, par le passé…
Bien-sûr, d'un côté, toutes ces révélations sont ennuyeuses pour elle. Mais d'un autre côté, cela peut lui permettre de se poser en victime: lâchée par Nicolas Sarkozy, assaillie de tous côtés, elle peut nous faire nous poser des questions à son sujet. Si elle ne faisait simplement pas l'affaire en tant que ministre de la Justice, il suffisait d'en rester là -exit après les élections européennes. Si on n'en fait autant, si on déchaîne autant sur elle, c'est qu'il y a peut-être autre chose: dérangerait-elle?
Ce n'est pas une opinion, c'est l'image que le déferlement anti-Dati peut donner. Il peut lui permettre de se poser en "celle qui dérange". Pas un mauvais positionnement en vue d'échéances futures. Mixé avec une image people qu'elle continue de cultiver, cela peut produire des effets. D'autant qu'elle a encore des réserves dans ce dernier domaine : on ne connaît toujours pas l'identité du papa de sa petite Zohra.
A suivre...
D'autres posts sur le storytelling de Rachida Dati : Bientôt un Obama français ? et Un texte de Storytelling en Une sur Lepost