Comme on a pu le lire dans mes derniers billets, ces derniers jours, j'ai réagi vivement aux grouinements du citoyen Orelsan sur les femmes. Il se trouve qu'à mes yeux, s'en prendre à une femme, c'est attaquer la liberté. Il existe, en effet, un lien consubstantiel entre la condition féminine et la liberté. Les pays les plus libres sont ceux qui accordent le plus de droits aux femmes. Et les plus attardés ceux qui leur dénient toute forme de responsabilité.
Particulièrement, les sociétés patriarcales me paraissent aux antipodes de la liberté ; en effet, ces sociétés-là voient femmes et enfants comme des propriétés des mâles. Ainsi quand j'apprends qu'un goret a massacré femme et enfants, je n'ai aucune pitié pour le goret (je suis plutôt d'avis de l'écorcher sur le champ, sort en principe dévolu aux gorets) et ne lui trouve aucune circonstance atténuante. En fait, bien au contraire, je lui trouve des circonstances aggravantes. Ôter la vie à son épouse (ou sa compagne) et aux enfants que l'on a eu, c'est croire qu'il s'agit de possessions, d'une propriété privée dont on a l'usufruit. Finalement, il n'y a guère de différences avec ce qu'implique l'esclavage.
Je pense aussi aux enfants : en réalité, les enfants n'appartiennent pas aux parents. Les enfants ne sont pas seulement les enfants des parents. Ils sont aussi les enfants de la société tout entière. Les parents ne sont que ceux qui ont une responsabilité particulière vis-à-vis des enfants. Mais les enfants ne sont pas leur chose, et l'État a le droit, à mes yeux, parce qu'il incarne le corps social, d'exercer conjointement l'autorité sur les enfants. La mort d'une famille assassinée par un pourceau, ce n'est pas un drame, c'est une tuerie.
Admettre qu'un pourceau puisse frapper une femme parce qu'elle serait à lui ouvre la voie à de tels crimes. Plus largement, les unions civiles ne devraient pas dépasser le cadre du droit et demeurer des contrats et rien que des contrats. Elles ne devraient ouvrir aucun droit de propriété sous quelque forme que ce soit. En réalité, les individus n'appartiennent qu'à eux-mêmes. Si la société et l'État peuvent les solliciter, ce n'est pas que l'État a des droits sur les individus mais que les individus ont une responsabilité sociale.
La liberté n'a pas de religion parce qu'aucune religion n'a fait de la liberté une divinité (Libertas dans la religion romaine est davantage une allégorie qu'une divinité). Ce n'est guère étonnant si l'on considère le rapport de servitude que les religions établissent entre les êtres humains et les entités supérieures, d'une part, et entre les hommes et les femmes d'autre part.
Je concluerai en disant que les authentiques libéraux sont plus que toute autre forme d'engagement politique sensibles à la condition féminine. Sur le fond, on ne peut pas être un apôtre de la mâle virilité et un véritable libéral.
Je récuse, d'ailleurs, la sincérité des idéologies qui instrumentalisent le statut de la femme pour mieux servir leurs véritables objectifs. Ainsi, chez les gauchistes, on ne lutte pas pour les femmes parce qu'elles sont des femmes mais parce qu'on juge que le capitalisme exploite les femmes. On a bien compris que les gauchistes se foutent bien des femmes, en réalité, seul le combat contre le grand satan capitaliste ou contre le libéralisme leur importe. Je ne leur accorde pour cela aucune crédibilité. J'ai pourtant longtemps défilé le 08 mars avec pas mal d'associations (féministes ou non) gauchistes, quand j'étais plus jeune. J'avoue de cocasses souvenirs. Mes compagnes et compagnons de défilé ne parvenaient pas à admettre que j'étais de centre-droit. Cela les sciait complètement. Pour eux, on ne pouvait pas défendre la cause des femmes et être de droite, fût-ce au centre. Leur intoxication idéologique, à vrai dire, avait largement dépassé le seuil de non-retour.
Dans la condition de la femme, c'est le sort même de la liberté qui se joue. L'équation est parfaite, parce que la liberté touche profondément le coeur de l'être humain, émane de son essence. Je renvoie à un autre article du 08 mars dernier, celui d'Alan Genestine, d'Alternative libérale, qui complète bien ma pensée. Il y rend un hommage appuyé à Madame de Staël, l'un des esprits les plus originaux du libéralisme.