1er avril, Pas un poisson ! Quoique ...

"L'art même comporte une mission sociale." Gogol

Le Saint Carême est une grande chose ! En outre, cette année, nous célébrons le 200e anniversaire de la naissance de Nicolas Gogol; et oui, le 1er avril, oui, oui ...

Ce jour donc, durant lequel, nous autres occidentaux moyens et moyens occidentaux, passons notre temps à nous amuser d'un symbole que nous ne comprenons plus, ce jour donc,  Mgr Juvénal a prononcé un important discour, sur la tombe même de ce fulgurant auteur.

Le hiérarque de l'Eglise russe a souligné que "nous n'avons pas encore compris la portée spirituelle de l'oeuvre de Gogol" ...

Le 1er avril, il peut donc être prononcé des sentences d'une considérable portée ! Mais certainement pas en Europaland ! Non, ici, nous aimons les comiques, les vrais, les "francs du collier" (comme ça on peut facilement tirer sur la laisse).

Qui donc ici, alors que les comiques amusent pour oublier la crise, alors que les sérieux se montrent en bonne compagnie au G20 (non non ce n'est pas un "boyzbande"), que les zamuseurs se fachent et dénoncent parce qu'ils sont des "humanistes" comme les autres, que les sérieux regardent impatiemment leurs "rolex" parce que (sans rire) il n'est de bonne compagnie qui ne ce quitte ... qui donc assumera la portée de cette annonce ! Dans le monde de la méta-surinformationqui n'a plus rien à dire (mais tant de venin à cracher), qui se souciera de savoir si un "obscur" éscrivaillon russe né il y a deux cents ans n'a pas, à travers son oeuvre écrite-inscrite, tenu, à l'avance, le journal terrible et exaltant de l'avenir qui peut advenir.

Le plus atterant, c'est que nous n'en pouvons mais, nous-mêmes ne pouvant relayer qu'une phrase, une simple phrase. Pourquoi ? Mais, simplement parce que questeur nous sommes et qu'il ne nous est pas donné, pas plus qu'aux zamuseurs encolérés ou qu'aux sérieux impatientés, de concevoir clairement toute l'ample portée spirituelle de l'oeuvre de Gogol !

Nos zamis comiques pourraient, éventuellement, gouter l'absurde des premiers écrits de Gogol. C'est d'ailleurs tout ce que veut en retenir notre démocratique modernité. Comment verrait-elle d'un oeil autre que mauvais, ce fait incroyable que l'écrivain, revenant sur le métier reçu lui-même une révélation de la signification autre de ses écrits ? Comment pourrait-elle accepter, ne serait-ce même qu'admettre, que "l'auteur" s'élève au-dessus des critiques qui encensèrent ces ouvrages en leur assénant un inacceptable (car inégalitaire) : "vous n'avez rien compris"... Encore, "l'auteur" revenant d'errements mystico-populaires et affirmant que ces ouvrages ne faisaient que décrire la misérable condition des ignares et des sots, soit ! Mais quasiment le contraire, l'écrivain qui voit à l'intérieur de lui-même, dans la lumière transfigurante des énergies divines et pneumatophores, que la société dérisoire, absurde, hypocrite, dégénérée que certains de ces personnages semblent incarner pourrait tout à fait advenir si l'on continuait à se fier à la technicité positiviste et amèrement réaliste, alors là, non ! La coupe est pleine, quelle insolence, quel revirement sectaire, quel obscurantisme ! Voilà qui n'est pas digne d'un "auteur", qui plus est, d'un "moderne" !

Ce sort, me fait parfois penser à notre pauvre Villiers de l'Isle-Adam !

Et pourtant ...