L'apostasie facile

Publié le 01 avril 2009 par Nicolas007bis



J’ai appris qu’un manifeste appelant à se faire débaptiser circule sur Internet non sans un certain succès.. Ce mouvement trouve bien entendu sa source dans les récents évènements qui ont défrayés la chronique religieuse avec dans le rôle principal Benoit XVI.

Il se trouve que ce phénomène se trouve à l’intersection de 2 de mes précédents billets, l’un intitulé « le droit au baptême » et l’autre « Une Eglise plus autoritariste qu’humaniste ? »

Comme ce mouvement préconisant la « débaptisation » me semble confirmer ce que j’exprimais dans l’un et l’autre de ces billets, je me permets de revenir rapidement sur ces 2 sujets.

Dans le second, et à la lumière des épisodes du négationniste Williamson et de l’excommunicateur Cardos Sobrinho, j’exprimais mon sentiment que l’Eglise en tant qu’institution s’était éloignée du « message originel du Christ, basé sur l’amour du prochain et la tolérance » et qu’elle s’était éloignée de ses fidèles en creusant un profond fossé entre « une institution fossilisée et tous ceux qui aspirent à une religion débarrassée de ses oripeaux institutionnels et qui sache leur parler d'Amour ».

Or, même si le nombre de personnes demandant à se faire débaptiser est marginal au regard du nombre catholiques recensés dans les livres de l’Eglise, il me semble que c’est l’arbre qui cache la forêt. Ce mouvement est symbolique d’une rupture entre l’Eglise et probablement un nombre important de ses fidèles qui n’ont plus envie de lui être si fidèle que ça !

Pour un militant qui utilise ce moyen pour protester avec force, combien y a-t-il de catholiques passifs qui s’éloignent en silence de l’Eglise ou du moins de ses représentants ?

Dans le premier billet, je commentais positivement le refus d’un prêtre de baptiser un enfant de 6 mois pour la raison que ses parents n’avaient aucune démarche d’enseignement religieux vis à vis de leurs enfants. J’en arrivais à remettre en cause le principe d’un baptême systématique et automatique de jeunes enfants, bien entendu incapables, de comprendre ce qui leur arrive et ce à quoi on les fait adhérer et je concluais avec le vœux pieux suivant : « J’apprécierais que l’Eglise Catholique, comme toutes les églises d’ailleurs, aient le courage de n’accueillir en leur sein que ceux qui font la démarche de le demander après avoir été formés ou du moins informés sur ce à quoi ils adhèrent. Plus de baptêmes (ou équivalent) à 6 mois mais à 18 ans, 25 ans 45 ans 95 ans ! »

Or, là également, ceux qui demandent à se faire « débaptiser » illustrent parfaitement l’inanité du baptême des enfants. Ils le font d’autant plus facilement que leur baptême précoce n’a pas résulté pour eux d’un engagement personnel, d’une adhésion volontaire à une religion, à sa doctrine et à ses principes !
D’ailleurs, sans uniquement considérer les militants de la « débaptêmisation », Je serais curieux de connaitre la proportion de catholiques qui confirmeraient leur baptême s’ils devaient le faire à 30 ans !

Pour en revenir et conclure sur le sujet précis de la « débaptisation » demandée par quelques uns, il me parait être que le petit morceau émergé de l’iceberg, et que ceux qui pour de bonnes ou mauvaises raisons (je ne juge pas), décident de reprendre leur « liberté » par rapport à une religion qui leur a été imposée ne sont pas foncièrement différent de ceux, nombreux, pour lesquels le baptême n’a pas la signification qu’il devrait avoir.

Même si cet acte d’apostasie est puni d’excommunication par l’Eglise, ce qui fait probablement une belle jambe à celui qui de toute façon ne s’y reconnait plus, il faut le prendre comme il est, c'est-à-dire comme un acte administratif symbolique. Il est probablement le fait de catholiques peu convaincus et il est de toute façons, fondamentalement inefficace puisque le sacrement du baptême est considéré comme définitif et « indélébile » par l’Eglise Catholique.

Tant que l’appartenance à une religion aura ce caractère systématique, l’apostasie n’aura que peu de signification surtout si elle est sans risque…au sein de l’Islam, les quatre écoles majeures de jurisprudence islamique considèrent qu'un apostat doit être exécuté, alors dans ces conditions ça a quand même beaucoup plus de gueule !