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Lettre ouverte à tous ceux dont le chien détruit... ou salit ou aboie... ou tout cela à la fois... ! NEW! "La violence qui me heurte le plus, vient justement de la non-représentation du monde des autres, du manque d'ouverture, de tolérance, de curiosité de l'autre"... Boris Cyrulnik Un comportementaliste est un spécialiste de l’étude des interactions Homme/Chien familier, de la relation qui les unit et des perturbations de cette relation. L'aide qu'il peut apporter: Le chien est intégré de manière tellement étroite à la famille, que ses membres en viennent parfois jusqu’à « oublier » que leur chien est…. un chien !! C’est à dire un animal social –comme nous- mais d’une espèce différente, qui vit en groupe, et comme nous, selon des règles (et ces règles coïncidant plus ou moins) Les rôles qui lui sont attribués comme « membre de la famille » ont beaucoup compliqués la vie d’un chien d’aujourd’hui. Il est l’ami de l’enfance, le confident de l’adolescence, celui qui console, rassure, remplace une présence, supportant les humeurs de chacun sans jamais juger… On lui demande de faire peur aux mal intentionnés, mais d’être gentil avec les amis, d’être dissuasif mais pas menaçant, de défendre mais de ne pas attaquer, de montrer les dents mais de ne pas mordre… Dans nombre de ces rôles et malgré ses immenses capacités d’adaptation, le chien est souvent placé dans des situations ambiguës, de double contrainte, incompréhensibles pour lui et génératrices d’anxiété. Attentes souvent contradictoires et rôles multiples amènent ainsi l’animal à produire des réponses (comportements) qui ne sont pas celles souhaitées par la famille, et d’incompréhensions du chien en incompréhensions des maîtres s’accroissent les tensions, jusqu’à la détérioration voire la rupture des relations. Une diffusion massive mais réductrice et simplificatrice des connaissances sur le chien, freine un public en demande de solutions, à aller vers un professionnel dont l’intervention devient alors pourtant indispensable. Vers qui se tourner ? devient sa question principale. On connaît le vétérinaire, l’éducateur canin, mais qui est donc le comportementaliste ? Quelle forme d’aide propose t-il d’apporter ? Dans quels cas peut-on solliciter son aide ? Une approche relationnelle : Lorsque des comportements indésirables du chien apparaissent, il est commun chez les propriétaires de vouloir agir sur l’animal même, pour tenter d’enrayer, contrer le comportement gênant ou d’en discipliner les manifestations, par une médicalisation ou un dressage par exemple. Si le dressage (de nos jours couramment appelé éducation canine) montre son utilité, avec un conditionnement de l’animal pour un bon rappel, la marche en laisse paisible, les ordres de base : « assis – coucher – pas bouger - par exemple, il montre vite ses limites dans la résolution des altérations du comportement. Comment dresserait-on un chien à ne pas détruire, gémir, aboyer, uriner ou déféquer… par exemple quand on s’absente de la maison? De même peut-on se contenter de médicaliser et/ou castrer un chien qui menace et mord humains ou congénères, en réduisant ainsi l’animal à un simple fonctionnement organique ? Les comportementalistes refusent d’observer le chien et ses désordres du comportement, comme s’il était un sujet isolé, autonome, imperméable et indépendant de son environnement et de ses relations à ses maîtres. Chaque chien est unique et s’est trouvé façonné par sa lignée, son vécu prénatal, sa naissance, son développement précoce durant le temps passé avec sa mère et sa fratrie, ajoutés de ses expériences dans son environnement d’adoption. Chaque famille aussi est unique, avec les individus qui la constituent, l’histoire, la sensibilité et les diverses attentes, parfois contradictoires, de chacun face au chien. C’est cette infinie diversité qui fait que la situation problématique d’une famille avec son animal, n’aura pourtant jamais exactement les mêmes raisons ni les mêmes solutions. Pour le comportementaliste ces solutions seront donc adaptées à chaque cas particulier, sans standardisation des attitudes et des protocoles, ni séance/type avec questionnaire/type. Avec ses comportements désordonnés, le chien n’est pas forcement « détraqué », malade ou méchant, et s’il se comporte de manière inexpliquée, il a d’abord besoin d’être compris. C’est à ce niveau qu’intervient le comportementaliste, en faisant considérer que les « troubles » de l’animal doivent être abordés comme des difficultés d’adaptation de l’individu à son milieu, et donc bien comme des troubles de la communication et de la relation. Pour n’importe quel comportement dérangeant et suivant les problèmes à résoudre, le comportementaliste rencontrera à domicile et ensemble tous les acteurs de la relation (maîtres et animal) ou recevra dans son cabinet avec ou sans le chien. Si d’autres approches ont déjà été abordées, parfois avec acharnement (je pense à des séances d’éducation poursuivies des mois durant ou/et des médicalisations successives elles aussi prolongées) il n’est pas raisonnable d’exiger du comportementaliste, une résolution éclair des problèmes rencontrés. Si de longues et vaines démarches ont pu mener au découragement, un minimum de constance est souhaitable, dans la poursuite du travail que propose le comportementaliste. Mieux connaître les codes sociaux du chien et les bonnes raisons de les observer dans l’établissement de quelques nouvelles règles de vie, demande à chacun (maîtres et chien) un temps d’adaptation. Cela dit, si clarté, constance et cohérence viennent à présider dans la relation avec le chien, l’atténuation voire l’extinction des conduites gênantes de celui-ci, ne tardent pas. Deux ou trois entretiens (rarement plus) sont nécessaires pour réorganiser une relation et rétablir une bonne communication avec l’animal, où anthropomorphisme et idées reçues ne régneront plus. Parlons « finances »: Certains comportements indésirables du chien, parfois supportés des mois durant, se révèlent bien plus onéreux en dépenses diverses, que les services du comportementaliste. (Ex : les destructions dans la maison, la voiture, le jardin… et les achats et réparations qui en ont découlés ; ou les conduites agressives, les malpropretés… et les recettes, matériel et substances qui ont été testées pour remédier….etc. etc.) Faire appel au comportementaliste pour mieux comprendre et être compris de son chien, est en conséquence une démarche plus économique qu’il n’y paraît, surtout et d’abord en ce qui concerne le désarroi de l’animal. Car c’est bien de détresse du chien qu’il s’agit, et de ses difficultés à trouver les comportements justes, en face de situations souvent incompréhensibles pour lui. Et pour la prévention : Insuffisamment consulté pour cela, le comportementaliste tient pourtant aussi un rôle important en terme de prévention : bon nombre de situations parfois bien envenimées dans la relation avec un chien, auraient pu en effet être évitées si son aide spécialisée avait été sollicitée en amont. Faire appel à son expertise lors de l'acquisition d'un chiot ou mieux encore avant même cette acquisition, serait souhaitable pour tous les futurs propriétaires, surtout quand il s’agit du choix d’un premier petit compagnon. Un ou deux entretiens permettent de s’informer du besoin d’accompagnement singularisé d’un très jeune animal, et de l’aider à développer ses compétences extraordinaires, mais limitées par son immaturité. Lors de l’adoption d’un chien adulte en refuge, le comportementaliste aide à construire rapidement une relation harmonieuse avec l’animal, en installant de bonnes habitudes et en évitant les maladresses à ne pas commettre avec ce nouveau venu, au passé immanquablement traumatique. En conclusion, quand on a besoin d’un comportementaliste, la difficulté reste de trouver celui (ou ceux) qui exerce (ent) sur la région où l’on habite. Danièle Mirat Comportementaliste