une clope dans l’autre…
J’ai de bonnes raisons de penser aux voyages en ce moment (le blues du jeune travailleur ?) et comme parfois dans ce genre de moment apparaît ce sentiment. Cette amère impression que je n’ai jamais réussi à profiter des endroits où je fus comme j’aurais dû. Très désagréable sensation.
Pourquoi a-t-on toujours ce regard différent sur un lieu que l’on aborde pour la première fois ? Vous connaissez certainement ce biais de l’esprit : les premiers temps où l’on découvre un nouvel endroit, nous nous en créons une certaine vision mais, à force d’habitude, nous changeons complètement l’image que nous en avons. Un peu nostalgique d’avoir perdu cette idée première on commence à repenser, on s’agite, on se concentre pour retrouver ce regard perdu. Vaine tentative, au mieux nous ressortons un souvenir bien flou mais - assurément - notre mémoire est polluée par l’habitude. Ca y’est nous nous sommes approprié ce lieu.
Visiter, c’est donc garder ce regard vierge, celui qui enjolive, émerveille et tronque. Fondé sur ce petit concentré d’image et de sensation, il fait - instantanément - la beauté du parcours et - postérieurement - la frustration de l’esprit.
C’est un peu comme une carte postale, ces invitations au voyages qui créent des rêves que l’on ne retrouve jamais une fois en lieu et place. En fin de compte, ces artefacts du tourisme nous trompent allègrement en entretenant un mythe qui créé leurs propres succès.
Bref, voyageons ! Voyageons mais restons lucide. Et je vous en conjure, envoyez les cartes postales les plus affreuses que vous pourrez trouver, nous ne serons pas déçus, c’est tout le contraire.