La solitude des nombres premiers
Publié le 01 avril 2009 par Lorraine De Chezlo
de Paolo Giordano Roman - 230 pagesEditions Seuil - mars 2009Prix Strega 2008 Mattia, enfant surdoué, peine à être à l'aise au milieu des enfants de son âge, et à surmonter leurs moqueries vis-à-vis de sa petite soeur handicapée Michela. Alice, enfant solitaire que son père veut absolument pousser à la performance, se renferme. A l'école, elle devient tragiquement le souffre-douleur de Viola, la pimbêche sadique de la classe. Quelques années plus tard, scolarisés dans la même école, Mattia et Alice se rencontrent. Ils seront liés pour la vie, par un amour délicat, complexe, rendu difficile par leur isolement et cette impossibilité d'être normal avec leurs pairs...
C'est toujours fascinant de lire un roman dans lequel on se glisse dans la peau d'enfants. Par les faits qui semblent réalistes, par ses mots justes et sensibles, on vit ces épisodes cruels de l'enfance, de l'adolescence puis de l'âge adulte. Par la suite, le roman suit les deux personnages de Mattia et Alice au fil des années, au fil des décennies, et on évolue avec eux un peu comme dans une bulle aérienne...
Extrait :"Alice lui effleura le menton d'une main et attira délicatement sa tête vers elle. Mattia ne vit qu'une ombre se rapprocher de lui. D'instinct, il ferma les yeux, puis il sentit la bouche chaude d'Alice contre la sienne, les larmes sur ses joues, ou peut-être pas les siennes, et enfin ses mains, si légères, qui immobilisaient sa tête et rattrapaient ses pensées en les emprisonnant là, dans l'espace qu'il n'y avait plus entre eux."
Parce que malgré eux, il y a toujours entre eux un espace qui les sépare, un
obstacle immatériel, comme s'ils étaient deux nombres premiers, deux entités singulières mais qui ne se suivent pas directement dans l'ordre mathématique. Car Mattia est passionné de mathématiques, il en fera son métier et y trouvera des explications de son monde.La
fin du roman est vraiment très belle, poétique, avec un mystère qui contente le lecteur [oups !
pas tous apparemment]. On a la sensation de flotter en lisant les dernières lignes, et j'ai apprécié ça. Réussi ! Et dire que l'auteur
Paolo Giordano a l'âge de mon petit frère... Ca fait tout drôle...
___________________ [merci à Suzanne de ChezLesFilles]L'avis de Sylire, touchée - La vie est un roman