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Nunavut : La nation Inuit

Publié le 30 mars 2009 par Kanawata

C’est un nom indien que les Inuit réfutent. Le mot Inuit veut dire en inuktitut (language Inuit) " les hommes vrais ". Partis il y a 3500 ans de la lointaine Sibérie et de la Béringie, de petits groupes de chasseurs traversèrent le détroit de Béring et découvrirent de nouveaux espaces libérés par la fonte des glaciers.
Issus de cette première migration, les premiers Inuit appelés Pré Dorset arrivèrent sur ces terres. Cette période d’établissement est connue sous le nom de Dorset. Dans les années 750 ils virent arriver la migration thuléenne. Les Thulés chasseurs de baleines supplantèrent les Dorset. Ils s’enfoncèrent dans les terres vierges à la recherche de nouveaux horizons.
Leur territoire le Nunavik s’étend sur plus de 500.000 km2, soit une fois la France et n’est aujourd’hui peuplé que 6000 autochtones. Installés au bord des voies maritimes, ils s’entrouvrent à la civilisation dite moderne.
Ce sont les ancêtres des Inuit modernes qui introduisirent l’arc et la flèche, l’igloo, le kayak et le "qamutik" ( le traîneau à chien). Au fil des siècles ce peuple nomade a mis au point une technologie parfaitement adaptée à son environnement et a acquis un système de valeurs qui repose sur le respect de la vie humaine et de la nature ainsi que le partage des ressources dans le réseau familial.
L’influence des " qallunaat " ( les blancs) a commencé à se faire sentir lorsque les explorateurs entreprirent de trouver le passage du nord-ouest au cours du XVIIe et XVIIIe siécle ; Ils furent suivis des pêcheurs de baleines, des missionnaires et des marchands de fourrures qui ont marqué au XIXe siécle, le début d’une série de grands changements dans la vie des Inuit.
Les Inuit vivant aujourd’hui dans le Nunavik se sont établis dans 14 villages modernes le long des côtes de la baie d’Ungava et de la baie d’Hudson. Ils vivent dans des maisons préfabriquées et disposent de tout le confort moderne (télévision, téléphone, fax). Il est aussi possible de communiquer par internet avec 3 villages (Salluit, Kuujjuaq et Puvirnituq). Il est aussi facile de se déplacer grâce à toutes sortes de véhicules, tels que motoneige, canot à moteur, camion, tout-terrain etc).
Même s’ils sont maintenant sédentaires les Inuit maintiennent leurs activités traditionnelles : la pêche et la chasse. Le gibier est abondant ainsi que les poissons qui ne subissent aucune pression de la part de l’homme. Ces territoires sont éloignés de la civilisation et uniquement accessibles par hydravion.
Des milliers de lacs, la toundra, les rivières dont il est parfois difficile de voir les bords cachent une faune sauvage qui n’a pas peur de l’homme. Il est possible de s’approcher à moins d’un mètre d’un lièvre des neiges, d’un lagopède (perdrix) ; Les hardes de caribous dont le troupeau de la rivière George qui atteint 1.000.000 de têtes vous rappellent que vous êtes dans le Grand Nord. La toundra avec ses lichens qui mettent plus de 70 ans pour atteindre une taille normale, les quelques sapins dont le troncs de 15 cm de diamètre a mis plus de 20 ans pour se développer, vous donnent envie de vivre dans cet environnement... Mais prenez garde à l’hiver !
Ici les températures atteignent facilement – 50° quand ce n’est pas - 70° lorsque souffle le blizzard. Les lacs et les rivières sont alors pris sous 1,5 mètre de glace qui ne fondra qu’au mois de juin si le printemps arrive à l’heure prévu. C’est dans cette nature austère que les Inuit vivent depuis des millénaires. Il l’on dompté mais quelques fois la nature leur rappelle qu’il faut être humble devant elle. Combien d’Inuit ont trouvé la mort dans le blizzard, en mourant de faim lorsque la nourriture se faisait rare. C’est pour cette raison qu’il y a environ un siècle lorsqu’une fille naissait, elle ne faisait pas la joie de la famille. C’était une bouche supplémentaire à nourrir. Alors le père la trempait dans l’eau glacé d’un lac. La mort était instantanée. Par contre si un garçon naissait il était entouré de soins attentifs car c’est lui, plus tard, qui partira à la chasse ou à la pêche pour nourrir ses parents trop vieux.
Le sort des vieilles personnes n’étaient pas enviable. Sachant qu’elles étaient devenues des bouches inutiles, elles partaient un jour de l’igloo et se laisser mourir de faim et de froid dans l’immensité et la froidure de la toundra. Ces pratiques n’ont plus cours aujourd’hui.
Les Inuit du Nunavik ont adopté les outils et les techniques modernes du " sud ", tout en conservant leurs traditions, leur mode de vie, leur talent et leur ingéniosité qui sont sans cesse sollicités par une nature aussi éblouissante qu’exigeante. Si vous vous rendez dans le nord ; il n’y a pas de poteaux indicateurs vous indiquant votre chemin. Vous rencontrerez des " Inukshuk " ; ces hautes structures de pierres empilées ressemblent à des être humains.
Plusieurs interprétations expliquent ce à quoi servaient les inukshuk ; entre autres les Inuit les utilisaient pour faciliter la chasse aux caribous qui fuyaient ces " hommes " pour se retrouver dans des embûches d’où ils ne pouvaient plus se tirer. Les inuit qui voyagent par la voie des eaux ou a proximité des rives les utilisent comme points de repères : par exemple ils leur indiquent la route à suivre pour se trouver des lieux propices au campement et à l’approvisionnement en eau fraîche.
Comment vivaient les Inuit lors de leur arrivée sur cette terre balayée par le froid ? de façon générale, les hommes s’occupaient à chasser et à pêcher, tandis que les femmes s’affairaient aux tâches domestiques dont l’éducation des enfants et la fabrication de vêtements de peaux pour la famille. Leur habitat était constitué par les igloo au nord et par des huttes au sud pendant la saison estivale qui ne durait qu’un mois et demi. Plusieurs techniques de chasse ou de pêche requéraient la coopération collectives mais c’est principalement par le système de parenté que chacun se représentait par rapport d’appartenance à l’ensemble. Aujourd’hui encore ce système existe toujours, il a su, grâce à la transmission ancestrale, garder intacts les liens qui unissent chaque famille.
Cependant, le manque d’industries et d’activités pèsent sur la population l’alcool est devenue le fléau numéro un chez les jeunes. Pour pallier à ce fléau le gouvernement canadien a mis en place de nombreuses associations dont le but est le retour aux traditions tout en maintenant le cap sur le modernisme.
Certaines communautés ont créé des entreprises touristiques dont le but est de faire découvrir les us et coutumes de ce peuple. Nous ne saurons jamais décrire à sa juste valeur la chaleur et l’accueil que vous réservent les Inuit. C’est à vous de découvrir ce peuple fier et déterminé qui ne demande qu’à vous rencontrer pour vous faire partager son passé et son présent.

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