Personne ne parle beaucoup de Dido ; et pourtant peu d'interprètes féminines auront révolutionné, à une petite échelle certes mais quand même, la pop atmosphérique que cette discrète jeune anglaise ! _Alors bien sûr, Dido vend des disques par camions, et donc ne voit pas la pérennisation de son projet artistique remis en cause ; mais il serait enfin temps que les critiques reconnaissent à cette interprète la place qui lui échoit désormais dans la si vaste scène mainstream pop ! _Tout commence comme un malentendu ! Lorsque, tout comme les garagistes de Red Cross, devenus Redd Kross après un procès de la Croix Rouge, la chanteuse se voit intenter un procès quant à l'utilisation d'un premier pseudo - la chanteuse se faisait appeler Dildo à l'origine ! - ce qui n'a pas l'heur de plaire aux ligues lesbiennes en vigueur - l'artiste britannique ayant toujours clamé haut et fort une hétérosexualité dérangeante. _Las, les problème d'image l'emporteront et Dildo, mortifiée, deviendra Dido ! C'est sans doute de cette douloureuse épreuve que la chanteuse puisera toute sa détermination à creuser son sillon !Mais revenons à la musique qui est la cause première de notre intérêt pour cette jeune femme. Son style, affranchi de toute influence marquée de ses contemprain(e)s oscille entre rock musclé, dub forcené et refrains limite hardcore. Une chose est sûre : on ne s'ennuie pas lorsqu'on écoute Dido, car on est aussitôt frappés par la virulence de son propos ("Don't Believe In Love", "Never Want To Say It's Love", "Burnin' Love", "Quiet Times") asséné de manière décidée et à grand renforts de basses fuzzées, et de percussions diverses, qui ne sont pas sans rappeler Basement 5 et les Upsetters !_Certains railleurs, sans doute gênés par l'argument commercial - en gros, ceux qui vendent des disques sont forcément des tocards - ont tendance à reprocher à Dido une prétendue langueur quand il faut lire dans l'oeuvre protéiforme de l'anglaise l'incarnation du tempo le plus trépidant !Alors, pourquoi Safe Trip Home plutôt que l'un de ses deux premiers longs formats ? Tout simplement parce que celui-ci est de loin le meilleur du lot, et qu'il permet de transcender le genre jusqu'alors anesthésié de la chanteuse ! Une écriture racée qui surmonte les tourments de l'adolescence - Dido a beaucoup souffert, cest une évidence ! - et son style peut parfois être réminiscent de celui d'un Suzanne Vega première période._Pour le reste, chacun y trouvera ce qu'il souhaite chercher dans ce disque sensible et saura faire fi des moralisateurs en tout genre qui pronent que le rock doit sonner crade et lo-fi pour avoir droit de cité !_En bref : le talent discret et souvent passé sous silence d'une artiste visionnaire et à la discographie émaillée de surprises : un chant énergique, une tessiture à nulle autre pareille, et des mélodies toujours émouvantes. A redécouvrir !_Le site officiel_"Quiet Times":