« [ceci] à l’époque était courageux vu le climat d’hystérie. On pensait l’affaire enterrée, mais le premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, a signifié ce week-end que la nomination du Danois serait mal perçue par les musulmans. [...] C’est en tout cas la première fois que la religion fait ainsi irruption au sein de l’organisation atlantique. Si la menace de veto se concrétise, il y a de quoi s’inquiéter. Mais la Turquie devrait réfléchir à deux fois avant d’agir, car elle donnerait des armes à ceux qui s’opposent à son adhésion à l’Union en montrant que, pour elle, la laïcité et la liberté d’expression sont devenues de vains mots. »
Le résultat de la nomination sera intéressant car il permettra de voir comment les pays occidentaux vont réagir : vont-ils tenir bon ou céder face à ce qui est peut-être considéré comme une provocation test (début de la présidence d’Obama) et un message de politique intérieure ? En effet le parti AKP du premier ministre Erdogan, parti “islamiste modéré” ou “islamo-conservateur”, vient de gagner les élections municipales avec un score moins important que ne l’espérait Erdogan… En tous cas la Turquie, seul pays musulman de l’OTAN et membre de l’OCI (Organisation de la Conférence Islamique), montre déjà par la nature de cette menace qu’elle s’éloigne de l’Occident et qu’elle se rapproche d’un pôle islamique.
Ceci pose la question de sa place dans l’OTAN. Comme le rappelle Criticus, la Turquie avait été intégrée en 1952 dans le cadre d’une stratégie anti-URSS, stratégie devenue obsolète depuis la chute du bloc soviétique. Cela réactive aussi le débat sur son adhésion à l’Union Européenne. Beaucoup d’arguments géographiques, historiques, religieux, culturels ont été évoqués pour dire que la Turquie avait vocation ou non à être européenne. Débat sans fin car finalement ce n’est pas tant l’histoire ou la religion qui éloignent la Turquie de l’Europe que ses choix idéologiques actuels. La Turquie est à la croisée des chemins. Et en creux l’Occident aussi.