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E 10 : attention au remède qui aggrave le mal ...

Publié le 01 avril 2009 par Cafatica

E 10 : attention au remède qui aggrave le mal ... A partir d'aujourd'hui, certaines stations essence se sont dotées d'une nouvelle pompe : le "E 10", un carburant comportant 10% d'éthanol. C'est un "biocarburant", ou plutôt un agrocarburant, car il n'a rien de "bio", cette appelation abusive tend à induire en erreur le consommateur. Et surtout, cela pourrait causer un mal plus grave encore que les carburants conventionnels, auxquel il ne pourra pas se substituer.
A l'échelle mondiale, les surfaces agricoles représentent 1,4 milliard d'hectares. Sur la base d'une tonne d'agrocarburants par hectare cultivé, et à supposer que cesse toute production alimentaire, nous pourrions donc produire théoriquement un maximum de 1,4 milliard de tonnes d'équivalent pétrole, alors que la consommation mondiale est aujourd'hui de ... 3,5 milliards de tonnes. Dans cette hypothèse évidemment impossible, car les besoins alimentaires ne sont pas compressibles, nous ne pourrions satisfaire que 40% de nos besoins en carburant. Ce simple calcul démontre que, contrairement à certaines promesses, les agrocarburants ne constitueront qu'un appoint marginal aux besoins énergétiques.
En France, l'objectif très ambitieux, avec l'E 10, d'incorporer 10% d'agrocarburants dans les carburants conventionnels suppose la mise en culture de 2 à 3 millions d'hectares, soit environ 20% des surfaces labourables. Une concurrence féroce entre production alimentaire et production énergétique verra le jour et et se traduira donc nécessairement par l'importation d'éthanol de canne à sucre brésilienne et d'huile de palme indonésienne ou malaisienne. Nous roulerons alors "plus propre"... grâce à la déforestation massive de l'Amazonie et des forêts tropicales asiatiques, toutes déjà en situation dramatique.

Contrairement aux filières européennes, les sous-produits de la canne à sucre servent de combustible aux unités de fermentation et de distillation, qui consomment une part importante de l'énergie produite. Outre les centaines de litres d'eau nécessaires à l'irrigation, il faut ainsi injecter pratiquement 1 litre de pétrole pour produire 1,3 litre d'équivalent pétrole sous forme d'éthanol de maïs, de blé ou de betterave, contre une production de 5 litres pour l'éthanol brésilien. En France comme aux Etats-Unis, les filières d'agrocarburants industriels ne constituent que des subventions déguisées aux céréaliers.
Le Brésil se dit prêt à mettre 14 millions d'hectares supplémentaires en cultures énergétiques (soit pratiquement la surface labourable française), et ces surfaces seront prélevées sur la forêt, avec toutes les conséquences prévisibles sur la biodiversité, l'érosion des sols et le régime des pluies.
Le second aspect important concerne les émissions de gaz à effet de serre. On entend souvent dire qu'elles seraient neutres parce que le carbone émis par la combustion des agrocarburants proviendrait de l'atmosphère, via la photosynthèse ; ceci serait vrai... si aucun tracteur ne labourait, si aucun engrais ni pesticides n'étaient répandus, si aucune machine ne récoltait ni ne transportait les récoltes vers les usines de transformation, et si ces usines fonctionnaient entièrement grâce aux énergies renouvelables. C'est évidemment loin d'être le cas, et par conséquent le bilan carbone est loin d'être neutre.
Lorsqu'ils sont issus de cultures tropicales, le bilan des agrocarburants est catastrophique : la déforestation par brûlis se traduit par le dégagement dans l'atmosphère du carbone organique des arbres ainsi que par la minéralisation de l'humus de l'ancienne forêt, entièrement détruite. D'après le Global Canopy Programme, la déforestation représente 25% des émissions totales de carbone et constitue l'une des principales sources de gaz à effet de serre.
(Source : Atlas de l'environnement)
Les agrocarburants sont présentés comme une solution "verte", mais avec la déforestation massive qu'ils nécessitent, ils pourraient au contraire bien faire disparaître de notre terre le vert de nos précieuses forêts. Et au final être bien pires encore que les énergies fossiles.

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   Déforestation....

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