La nouvelle est tombÄĹ e, ce matin du 6 septembre 2007.
Le décès du ténor Luciano Pavarotti m’a touché, mais pas forcément pour les raisons que l’on imagine.
Ayant baigné dans l’univers de la musique classique depuis mon plus jeune âge, j’ai longtemps catalogué Pavarotti comme un chanteur d’opéra un peu trop populaire pour être honnête.
À l’âge où mes camarades s’extasiaient au sujet de U2, des Stranglers ou de The Cure, je prenais mon pied en écoutant en boucle la grande messe en Ut Mineur de Mozart et j’apprenais par cœur l’intégralité des concertos pour piano du même Wolfgang. Par la suite, j’ai appris à apprécier Ravel, Debussy, Fauré, et je me suis même initié aux arcanes de la musique contemporaine, sans pour autant, il faut l’avouer, en éprouver autant de plaisir…
Or, c’est là que se trouve la clef qui nous ramène vers Pavarotti.
Car on pourra dire ce que l’on voudra au sujet des tournées des trois ténors (Pavarotti, Carreras et Domingo) dans les années 90 : une démarche vulgarisatrice, un « best-of » des rares morceaux encore connus de ce que les profanes appelaient encore avec respect la « grande » musique, une opération people reposant davantage sur l’image de ce trio que sur la qualité artistique de leurs prestations… N’empêche : ces tournées attiraient beaucoup de monde et offraient un spectacle de qualité, surtout au regard des choses affligeantes qui nous sont désormais proposées par les fast-foods de la starisation éphémère.
Alors, même si je dois avouer m’être montré peu sensible aux tours de chant des « Pavarotti and friends » destinés à donner une pseudo-respectabilité lyrique à Elton John ou à Céline Dion, le temps est venu de faire amende honorable.
Reconnaissons-le : au-delà du phénomène commercial, Pavarotti possédait cette voix rare, combinée avec un charisme unique.
Alors, pourquoi fustiger à longueur d’années la vacuité intellectuelle des émissions de télévision si c’est pour défendre, en parallèle, l’exclusivité de la « vraie » culture ?
J’en arrive ainsi fort logiquement à évoquer l’excellente émission de Jean-François Zygel « La Boîte à Musique », diffusée tout cet été sur France 2 le vendredi soir, à un horaire – presque – acceptable, en tout cas bien avant minuit.
Sur le plateau, des personnalités médiatiques, pas forcément célèbres pour leurs accointances avec la musique classique, côtoient des musiciens reconnus, qui tombent le masque et acceptent de jouer avec nous, au sens propre.
Au fil des émissions, Jean-François Zygel nous accompagne avec sa pédagogie jouissive, nous livre les secrets de certains instruments et décompose pour nous la structure d’une sonate ou l’art d’un contrepoint.
Une habile manière de faire aimer la musique classique, comme le fit Luciano Pavarotti avec l’opéra. Adieu, maestro, vous nous manquerez !